L'Azerbaïdjan a lancé mardi une offensive militaire au Nagorny Karabakh, cette enclave à majorité arménienne.Au moins 26 personnes ont été tuées coté arménien.Bakou réclame la reddition de son adversaire dans cette région disputée depuis des décennies.
Le Nagorny Karabakh, théâtre d'une nouvelle guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ? Une "opération militaire" a été lancée ce mardi par Bakou, qui demande la reddition de son adversaire arménien. Artilleries, aviation, drones… en quelques heures, les combats ont déjà fait plusieurs morts. Le point sur la situation.
Pourquoi de nouveaux combats ?
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé mardi matin le lancement d'"opérations antiterroristes" pour mettre hors d'état de nuire "les positions des forces armées arméniennes". À l'origine de cette incursion ? La mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l'explosion de mines sur le site d'un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny Karabakh sous contrôle de l'Azerbaïdjan.
Le Nagorny Karabakh est l'une des régions les plus minées d'ex-URSS, et les explosions tuent régulièrement. Mais les services de sécurité azerbaïdjanais pensent qu'un groupe de "saboteurs" des séparatistes arméniens a posé ces mines, commettant un acte de "terrorisme".
Parallèlement, Bakou a accusé l'armée arménienne d'avoir blessé deux militaires azerbaïdjanais lors de tirs de mortier et d'armes légères dans le nord-est du Karabakh, et d'avoir tiré dans la nuit avec des armes légères vers des positions de l'Azerbaïdjan dans le district de Gadabay, à la frontière entre les deux pays. L'Azerbaïdjan accuse aussi les séparatistes arméniens d'avoir visé via des interférences radioélectriques le système GPS d'un avion de ligne azerbaïdjanais.
Quel est le bilan ?
L'opération a fait à ce stade 25 morts côté séparatiste arménien, dont deux civils, ont annoncé mardi soir les autorités sécessionnistes de l'enclave. De son côté, l'Azerbaïdjan a annoncé la mort d'un civil, tué "par des éclats d'obus à la suite d'une attaque des forces armées arméniennes".
Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des "tirs intensifs", qui visent aussi des infrastructures civiles. Les affrontements ont lieu "sur toute la ligne de contact" de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l'"artillerie", à des roquettes, à des drones d'attaque, à des avions, ont-ils raconté. 60 positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé dans la soirée Bakou.
Que réclament les deux camps ?
La présidence azerbaïdjanaise a appelé en début de soirée les forces séparatistes arméniennes du Karabakh à rendre les armes, condition sine qua non pour le début de négociations. Elle a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers "avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh", une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l'ouest de Bakou. Avant cela, les autorités du Karabakh avaient demandé, elles, un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
Pourquoi la situation est également tendue en Arménie ?
Des échauffourées ont éclaté mardi soir à Erevan entre des policiers protégeant le siège du gouvernement arménien et des manifestants. Ces derniers appellent à la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, lui reprochant de ne pas défendre le Nagorny Karabakh. Des critiques de longue date : l'opposition arménienne tente depuis trois ans d'obtenir le départ du dirigeant arménien, l'accusant d'être responsable de la défaite militaire lors de la guerre de l'automne 2020.
Pourquoi le conflit éclate à nouveau ?
Les tensions vont croissantes depuis des mois autour du Nagorny Karabakh, un territoire sécessionniste d'Azerbaïdjan à majorité arménienne. Ce dernier a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou, dont la dernière avait duré six semaines.
Les tensions avaient cependant diminué d'un cran lundi avec l'arrivée d'aide humanitaire dans l'enclave, soumise depuis des mois à un blocus azerbaïdjanais. Erevan accuse Bakou de provoquer une crise humanitaire à des fins d'épuration ethnique en bloquant le corridor de Latchine, seule route reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie.
Le précédent conflit, en 2020, avait débouché sur une déroute militaire arménienne, Erevan ayant dû céder à Bakou des territoires dans et autour du Nagorny Karabakh. Un cessez-le-feu, négocié par la Russie, avait été signé, sans jamais parvenir à un accord de paix.
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