L'Ukraine a vu sa natalité dégringoler depuis l'invasion russe.Un phénomène sur lequel s'est penché le "Wall Street Journal".La tendance inquiète, alors que s'ajoutent à ce constat des dizaines de milliers de morts et des exils par millions.
L'Ukraine n'en a pas fini de panser ses plaies. À la dureté des combats, aux exactions russes et aux nombreux autres drames humains qui surviennent dans le pays depuis l'invasion des forces de Vladimir Poutine, s'ajoute... une natalité en chute libre. C'est ce que révèle un récent article du Wall Street Journal, relayé et traduit par L'Opinion.
Si les chiffres sont difficiles à établir, étant donné que 20% du territoire de l'Ukraine est occupé, il ressort qu'au cours des six premiers mois de l'année 2023, le nombre de naissances a baissé de 28% par rapport à la même période avant la guerre. C'est simple : jamais, depuis l'indépendance du pays, en 1991, la baisse n'avait été si forte.
"Nous sommes face à un énorme danger", s'alarme chez nos confrères américains Oleksandr Gladun, démographe à l’institut d’études démographiques Ptoukha, basé à Kiev. Une tragédie d'autant plus inquiétante que l'Ukraine affichait déjà le taux de fécondité le plus bas d'Europe avant même l'invasion, le 24 février 2022, s'établissant aux alentours de 1,2 alors qu'il faut environ 2,1 naissances par femme pour assurer le maintien d’une population. À l'avenir, le chiffre pourrait même devenir le plus faible du monde, s'inquiètent les démographes.
Dans cet État aux 37 millions d'habitants avant l'invasion (dans les régions sous contrôle gouvernemental, à l'exception de la Crimée), le phénomène n'est pas nouveau. Il a débuté il y a plus de trois décennies avec l'indépendance, les troubles économiques et l'émigration de nombreux Ukrainiens.
L'incertitude et les couples séparés par la guerre
Les multiples agressions du puissant voisin russe n'ont fait qu'aggraver le problème. Ainsi, en 2014 déjà, l'annexion de la Crimée et la guerre du Donbass avaient fait chuter le nombre de naissances de 12%.
Plusieurs facteurs entrent en compte, dont l'incertitude liée au conflit, susceptible de pousser les couples à reporter des projets de naissance. À laquelle il faut ajouter l'exode de millions de femmes et d'enfants, alors que les hommes en âge de combattre, eux, ont été forcés par Kiev à rester sur le territoire.
Cette natalité désastreuse, dans un pays qui ignore de quoi sera fait son avenir, fait planer le doute sur sa capacité à se relever. Surtout au vu des dizaines de milliers de morts causés par la guerre, et à l'exil massif de la population : selon les Nations unies, plus de six millions de personnes sont parties trouver refuge hors des frontières d'Ukraine, un nombre que les démographes soupçonnent d'être plus important encore.