Nigeria : le difficile retour des ex-captives de Boko Haram dans leur communauté

Publié le 19 février 2016 à 18h54
Nigeria : le difficile retour des ex-captives de Boko Haram dans leur communauté

NIGERIA - Souffrances psychologiques, rejet de l'enfant né durant la captivité... Selon un rapport de l'ONG Alert et de l'Unicef, les jeunes filles qui étaient détenues par la secte Boko Haram sont mises au ban de leur communauté après leur libération.

En 2014, l’enlèvement de 300 jeunes filles au village de Chibok avait suscité une mobilisation internationale. Grâce à la campagne "Bring back our girls", le monde s’était emparé du sort de celles qui, du jour au lendemain, étaient devenues les esclaves de Boko Haram. Deux ans plus tard, la secte perd du terrain et l’armée parvient à récupérer certaines d’entre elles. Sauf que cette libération se révèle plus difficile que prévue.

Selon un rapport publié cette semaine par l’ONG Alert et l'Unicef, la réintégration dans leur communauté des jeunes filles récemment libérées dans le nord du pays s’avère houleuse. C’est en tout cas ce qui ressort des témoignages recueillis dans plusieurs camps de réfugiés, situés dans l’Etat de Borno. La plupart d’entre elles ont été violées durant leur captivité. Elles deviennent ainsi "difficiles à marier", selon le père de l’une d’entre elles, dont le témoignage a été recueilli par l’ONG. Même lorsque cela n’a pas été le cas, le doute s’est parfois installé au sein de leurs familles, qui redoutent par ailleurs que les "fiancées de Boko Haram" ne se soient radicalisées.

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"Est-ce que l’enfant va se comporter comme Boko Haram ?"

Un sort encore plus compliqué semble réservé à celles qui sont enceintes, voire qui ont eu un enfant durant leur captivité. Un enfant redouté par la famille de la jeune femme, car il pourrait avoir hérité des "mauvaises dispositions du père". "Quand je pense à l’enfant à naître, je suis très mal à l’aise parce que je me pose toujours la même question : est-ce que l’enfant va se comporter comme Boko Haram ?", s’est interrogé une mère.

Néanmoins, le "retour à la vie" de ces jeunes femmes n’est pas forcément chaotique. Notamment pour celles dont le mari fait preuve de compréhension : certains considèrent en effet que leur épouse n’est qu’une victime et que l’enfant né dans les geôles de Boko Haram doit être accepté. Le rôle des chefs religieux des villages est lui aussi indéniable, car certains s’appuient sur le Coran pour affirmer qu’un homme peut accepter l’enfant que sa femme a eu avec un autre homme. "Les craintes de la population doivent être apaisées et les besoins des survivants, mères et enfants, doivent être pris en charge sinon leur mal-être viendra s’ajouter à une situation de conflit déjà intense", s'est inquiété Kimairis Toogood, de l'ONG Alert.

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Thomas GUIEN

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