"L'éruption n'était pas prévisible" : le drame du volcan néo-zélandais passé au crible

par Allan DELAMOTTE
Publié le 10 décembre 2019 à 17h40, mis à jour le 11 décembre 2019 à 9h14

Source : Sujet TF1 Info

DÉCRYPTAGE - Sur l'île de White Island, en Nouvelle-Zélande, au moins 6 personnes ont trouvé la mort après l'éruption du volcan de l'île. Selon les spécialistes, cette éruption, de type "phréatique", était imprévisible malgré l'activité croissante du volcan.

Lundi 9 décembre, un terrible drame s’est joué sur l’île de White Island en Nouvelle-Zélande. Le volcan situé sur cette île est entré en éruption, prenant au piège de nombreux touristes. Au lendemain de la catastrophe, la police néo-zélandaise a ouvert une enquête visant à déterminer comment l’éruption a pu causer la mort d'au moins 6 personnes.

Interrogé par LCI.fr, Jacques-Marie Bardintzeff, professeur en volcanologie à l’université Paris-Saclay, est revenu sur ce phénomène meurtrier. Dans le cas précis du volcan de White Island, l’éruption était difficilement prévisible. "Cette éruption était phréatique, à savoir une expulsion violente d’une grande masse de vapeur d’eau du sous-sol sous la forme d’explosions. Ce genre d’éruption ne présente aucun signe avant-coureur, même 15 minutes avant. Ces derniers jours, le niveau de risque avait été relevé, mais cela restait un risque modéré à l’échelle du volcan."

Le volcan du White Island, une randonnée risquée

"Les personnes sur place ont soit été étouffées par l’épais panache blanc et noir de vapeur et de cendres qui a été émis par le volcan, soit brûlées ou encore 'mitraillées' par d’importants blocs de roche expulsés lors de l’éruption" ajoute-t-il concernant les circonstances de la mort des personnes présentes lors du drame.

"La visite du volcan de White Island, véritable bijou situé dans l’Océan Pacifique, est devenue depuis quelques années une randonnée classique. Les touristes le visitant devaient être prévenus des risques, des casques et des masques à gaz leur étant fournis le plus souvent", développe Jacques-Marie Bardintzeff. "Des précautions avaient également été prises avec la confection d’un abri, une sorte de conteneur, sur l’île. Néanmoins, le fait que le volcan soit situé sur une île augmente de fait les risques, l’évacuation étant plus difficile."

Par précaution, il aurait peut-être fallu interdire l’accès terrestre à l’île.
Patrick Allard, volcanologue et directeur de recherche au CNRS.

Dans le monde, on dénombre près de 1560 volcans actifs ou potentiellement actifs, souvent accessibles. "Que ce soit en Italie, en Islande ou encore en Indonésie, la visite de volcans est devenue une activité de tourisme en vogue, permettant de voir des paysages époustouflants. Néanmoins, le risque 0 n’existe pas. (…) Si le phénomène qui a touché la White Island est dramatique, il serait dommage d’interdire l’accès à tous les volcans", estime le professeur en volcanologie.

De son côté, le volcanologue Patrick Allard, directeur de recherche CNRS dans l'équipe Systèmes volcaniques de l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), préconise un accès limité pour les novices en volcanologie : "Ce nouveau drame soulève évidemment la question de l’accès aux volcans pour les novices. Il faudrait peut-être encadrer davantage nos échelles de risques. Dans ce cas précis, on savait que le volcan était en activité croissante depuis un mois. Par précaution, il aurait peut-être fallu interdire l’accès terrestre à l’île, se contentant seulement des visites en mer."


Allan DELAMOTTE

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