TENSIONS - Le président iranien a annoncé mercredi 4 septembre la poursuite du désengagement de l'accord international de 2015 sur son programme nucléaire. Une nouvelle étape dans l'escalade qui a suivi le retrait américain de ce même accord.
Les mois se suivent et la perspective d'un consensus sur le nucléaire iranien semble s'éloigner. Mercredi 4 septembre, le président iranien Hassan Rohani a donné l'ordre de faire sauter toute limite à la recherche et au développement de son pays dans le domaine nucléaire. Les véritables mesures qui se cachent derrière cette déclaration imprécise doivent être dévoilées samedi 7 septembre par le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique.
Cette décision constitue la troisième étape du plan de réduction des engagements de l'Iran prévus par l'accord international sur son programme nucléaire, conclu à Vienne en 2015. Depuis le retrait des États-Unis, en mai 2018, de cet accord jugé insuffisamment contraignant par Donald Trump, et le rétablissement des sanctions américaines envers l'Iran, la république islamique fait pression sur les autres Etats encore parties à ce pacte (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie).
À l'origine de la crise : la sortie américaine de l'accord
L'accord de Vienne, ou "JCPOA" (Joint Comprehensive Plan of Action), engage toujours ces cinq pays ainsi que l'Iran. Il interdit pendant 15 ans à l'Iran de conduire diverses activités liées à un programme nucléaire militaire, et limite l'enrichissement de l'uranium dans le pays à 3,67%, en échange d'une levée partielle des sanctions internationales. Avant la signature de cet accord, les tensions duraient depuis des décennies sur la question du programme nucléaire iranien et Téhéran était parvenu à enrichir de l'uranium à 20%, ce qui est insuffisant pour produire des ogives nucléaires, qui nécessitent un taux de 90%.
L'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche s'est accompagnée d'une politique de "pression maximale" sur l'Iran. Et le bras armé de cette politique est le dollar. En effet, en vertu du principe "d'extraterritorialité" du droit américain, les États-Unis peuvent sanctionner toute entreprise qui effectue des transactions en dollars avec l'Iran, ou qui utilise des serveurs situés aux États-Unis.
Face aux sanctions américaines, les tentatives de contournement des européens
Le 8 mai 2018, les Etats-Unis rétablissent les sanctions économiques, se donnant ainsi la possibilité d'infliger d'énormes amendes aux entreprises étrangères qui commerceraient avec Téhéran. La mise en place progressive de ces sanctions entre 2018 et 2019 a provoqué un désengagement massif des entreprises étrangères dans le pays, tandis que la levée des exemptions qui permettaient à quelques pays (Japon, Chine, Inde, Corée du Sud, Taïwan, Italie, Grèce et Turquie) de continuer temporairement à acheter du pétrole iranien empêche désormais l'Iran d'écouler son or noir.
Pour contourner ce système de sanctions américaines, les européens tentent de mettre en place un nouvel instrument qui fonctionne sur un principe proche du troc, mais entre plusieurs pays. Intitulé Instex (pour "Instrument in Support of Trade Exchanges"), il s'agit d'une chambre de compensation qui permet à un pays achetant des marchandises à l'Iran de ne pas payer directement Téhéran, mais de payer un pays tiers auquel Téhéran a commandé d'autres marchandises. Sauf que la mise en place d'Instex doit s'accompagner de mesures contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, que Téhéran tarde à mettre en place, selon une source diplomatique française à Reuters.
Montées des tensions dans un détroit stratégique pour l'économie mondiale
En attendant un possible contournement des sanctions américaines, la tension monte régulièrement. Avant la dernière annonce d'Hassan Rohani, l'Iran avait déjà augmenté ses stocks d'uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l'accord de Vienne, et enrichit désormais ce minerai à 4,5%. Confronté à une grave crise économique, le régime iranien ne plie pas et durcit pour l'heure sa position, exigeant un retrait des sanctions américaines comme préalable à toute discussion.
En juin, l'escalade a failli virer à l'affrontement militaire direct entre États-Unis et Iran, après qu’un drone américain a été abattu par Téhéran, et que Donald Trump a annoncé avoir annulé "à la dernière minute" une frappe contre le pays. Depuis mai, le détroit d'Ormuz, qui longe la côte iranienne et par lequel transite 20% du pétrole mondial, est également le théâtre de tensions sans précédent depuis des années. Plusieurs navires étrangers - dont de nombreux pétroliers - ont subi des attaques, attribuées à l'Iran, ou des arraisonnements revendiqués par Téhéran. Stockholm a d'ailleurs annoncé mercredi la libération par l'Iran d'une partie de l'équipage du Stena Impero, pétrolier suédois battant pavillon britannique arraisonné en juillet.
Échec des tentatives d'apaisement des européens
Confronté à la poursuite du plan de désengagement iranien, Paris demande à Téhéran de "s'abstenir de toute action concrète non conforme à ses engagements", au nom des "efforts" engagés "en vue d'une désescalade". Londres qualifie pour sa part le plan iranien d'"inquiétant" et "particulièrement décevant à un moment où nous et nos partenaires européens et internationaux travaillons dur pour une désescalade".
Les récentes initiatives européennes pour calmer le jeu n'ont pas abouti jusqu'ici. La venue en France, en plein G7, du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif ne s'est pas soldée par une rencontre au sommet entre chefs d'États iranien et américain. Si Donald Trump a affirmé que "tout est possible", il exclut une levée des sanctions préalable, et a rejeté la proposition européenne d'ouvrir une ligne de crédit de 15 milliards de dollars (13,5 milliards d'euros) à l'Iran pour pousser le pays à respecter de nouveau l'accord de Vienne.
Enfin, Israël, plus que jamais allié des États-Unis, est le tenant de la ligne la plus dure envers l'Iran. "Ce n'est pas le moment de tenir des pourparlers avec l'Iran, c'est le moment d'accroître la pression", a estimé le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s'est toujours opposé à l'accord de Vienne. L'Iran compte en effet pour alliés le Hezbollah ainsi que des milices chiites, présents au Liban et en Syrie, tous deux voisins d'Israël. Depuis l'été, les échangent de tirs se multiplient entre les trois territoires.
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