Nucléaire iranien, tensions avec la Chine, climat, taxe Gafa... Ce qu'il faut retenir du G7 à Biarritz

par Mathilde ROCHE Mathilde Roche
Publié le 27 août 2019 à 0h09

Source : JT 13h Semaine

BILAN - Les dirigeants des pays du G7 ont clos lundi trois jours de discussions à Biarritz. A l'issue de ces réunions, beaucoup de déclarations et quelques mesures concrètes sur les sujets brûlants de l'actualité, de l'Amazonie en flammes au dossier iranien, en passant par la guerre commerciale sino-américaine.

Nucléaire iranien, guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, crise ukrainienne ou guerre en Libye... Du samedi 24 au lundi 26 août, les dirigeants des sept plus grandes puissances démocratiques du monde ont abordé de nombreux dossiers de l'actualité internationale. Quelques heures après le discours de clôture du G7 par Emmanuel Macron, LCI revient sur les déclarations, décisions et mesures plus ou moins concrètes prises sur chaque sujet lors de ce sommet.

Vers un déblocage du dossier iranien

La venue du ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, en marge du sommet à Biarritz, a mis l’Iran au premier plan de ce G7. Dimanche 25 août, une rencontre entre M. Zarif et son homologue français, Jean-Yves Le Drian, a permis de discuter du programme nucléaire iranien, très contesté à l’international. Autour de la table se trouvaient également Emmanuel Macron et des représentants de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les deux autres pays européens signataires de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Donald Trump n’a pas voulu assister à cette réunion, jugeant qu'il était "trop tôt", mais il a affirmé avoir "validé" la visite surprise malgré les tensions entre Washington et Téhéran. Si cette initiative d’Emmanuel Macron n'a pas permis d'avancée concrète sur le dossier iranien, c'est un joli coup diplomatique pour le président français, qui se place une nouvelle fois en médiateur entre les deux pays. Au lendemain de la rencontre, le président américain a en effet déclaré qu'il était "réaliste" d'envisager une rencontre avec le président iranien Hassan Rohani dans les prochaines semaines.

Lors de son discours de clôture du G7, le président français a remercié Donald Trump pour "sa volonté de trouver un accord". Satisfait de la coopération entre tous les pays présents sur le dossier, il s’est réjoui d’avoir pu "dégager ensemble deux objectifs", faire en sorte que l’Iran ne puisse jamais se doter de l’arme nucléaire et favoriser la paix et la stabilité dans la région. "Tout n'est pas réglé", a-t-il concédé, "mais on a su dire à sept ce que nous recherchions : unité, clarté, apaisement". Ce qui devrait permettre d’enclencher des discussions unifiées avec l’Iran. 

Lutte pour le climat et la biodiversité

Juste avant le G7, Emmanuel Macron avait annoncé la couleur avec un tweet très engagé sur le sort de l’Amazonie, en proie aux flammes depuis le début de l’été. "C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence", écrivait le président. En clôture du sommet à Biarritz, les pays présents ont annoncé débloquer une aide d'urgence de 20 millions de dollars (18 millions d'euros). Ces fonds permettront, entre autres, d’envoyer des Canadairs sur la forêt pour tenter de venir à bout des incendies. Emmanuel Macron a également annoncé le "soutien militaire français dès les prochaines heures dans la région".

 

Le second objectif est un plan de reforestation sur le long terme, qui sera présenté à l'assemblée générale de l'ONU fin septembre, a précisé l'Elysée. Plus tôt dans la journée, le Royaume-Uni avait de son côté annoncé une aide de 10 millions de livres (11 millions d'euros) pour reboiser l’Amazonie.  Avec l'Allemagne et la France, les trois pays se sont engagés à fournir 5 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) pour le "Fonds vert pour le climat". Un programme de l’ONU permettant de faire financer par des pays développés des programmes pour combattre les effets des changements climatiques dans les pays en développement.

Malgré ces importants déblocages de fonds, les ONG n’ont pas été convaincues par les annonces des dirigeants. "Les dirigeants réunis au sommet du G7 de Biarritz n'ont fait que répéter leurs ambitions en termes de protection de l'environnement alors qu'ils doivent détailler leurs actions face à l'urgence du changement climatique", a souligné Greenpeace lundi.

Avancée pour l'Ukraine, sur-place pour la Russie

La Russie a fait parler d’elle tout au long du sommet, auquel elle n’est plus conviée depuis 2014. Donald Trump a déclaré qu'il pourrait inviter Vladimir Poutine à réintégrer la table des dirigeants au prochain sommet, qui se déroulera en 2020 aux Etats-Unis. Il a précisé ne pas savoir si le président russe, qui "est un homme fier", accepterait l'invitation. Or, Emmanuel Macron a affirmé que du côté des pays européens, "la discussion n'a pas permis de dégager un consensus sur le retour de la Russie" au G7, anciennement G8. En cause : des événements comme l’affaire Skripal en Angleterre, ou encore la crise ukrainienne. Le président français a néanmoins souhaité que “les discussions se poursuivent avec la Russie”.

Sur la crise ukrainienne justement, Emmanuel Macron a annoncé qu'un sommet “en format Normandie” - soit réunissant l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne et la France - serait au programme en septembre pour tenter de ramener la paix dans le pays. Les quatre dirigeants concernés se rejoindront, avec le soutien des pays du G7, “dans les prochaines semaines, afin d'obtenir des résultats concrets". Emmanuel Macron a précisé qu'une date serait fixée rapidement avec Angela Merkel, Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour cette rencontre qui se tiendra en France.

Un accord sur les Gafa

"Vous savez qu'il y avait des tensions sur cette fameuse taxe numérique française", a commencé Emmanuel Macron pour revenir sur le délicat sujet des Gafa (Google Amazon Facebook et Apple). "Nous avons acté que les pays du G7 veulent être plus efficaces sur la propriété intellectuelle. Nous décidons de travailler ensemble pour régler le problème, c'est un grand changement", a affirmé le président français. Après avoir rappelé les problèmes d'une "fiscalité internationale qui a des trous, qui date d'une autre époque et qui permet l'optimisation fiscale", il a assuré que les sept grandes puissances allaient "travailler ensemble pour un accord en 2020."

En l'état actuel des négociations, c'est avec les Etats-Unis qu'un compromis a été trouvé sur la taxation des géants du numérique. Une fois que la fiscalité multilatérale entrera en vigueur, la France "supprimera" sa taxe et tout ce qui aura été versé en excédent par rapport à la solution internationale viendra en déduction pour les entreprises, a précisé le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Cet accord est censé écarter la menace de représailles américaines sur le vin français, mais repose sur la capacité de tous les pays du G7 de s'entendre en 2020.

La guerre commerciale Chine - Etats-Unis sur sa fin ?

Sur la "guerre commerciale" sino-américaine, Donald Trump pense que "la Chine est sincère dans sa volonté de trouver un accord" mais aussi qu’elle "n'a pas le choix" et doit en signer un. De son côté, le principal négociateur chinois, Liu He, a assuré que Pékin était prêt à "résoudre calmement le problème par des consultations et la coopération". Aussi, après une escalade de sanctions réciproques via les droits de douane, les deux Etats vont reprendre le chemin de la négociation. "Nous avons des négociations qui n'ont jamais été aussi significatives", a notamment confirmé le président américain en ce dernier jour du G7.

"On voit que les choses bougent. Mon souhait, c'est qu'un accord soit trouvé. Ni les Etats-Unis ni la Chine ne sont naïfs, nous devons veiller à ce que cet accord réduise l'incertitude pour ces deux pays, mais aussi pour l'économie mondiale", a commenté pour sa part Emmanuel Macron. Des déclarations de bonne augure pour le commerce international, que le président a complétées par une annonce plus globale. "Nous avons décidé d'accélérer, pour changer et moderniser les règles du commerce international afin que tout le monde puisse échanger de manière équilibrée. C'est à nous, à nos ministres, de faire ce travail", a expliqué le chef d'Etat au nom des pays du G7.

Déclarations sur Hong Kong et la Corée du Nord

La situation à Hong Kong, après plus de deux mois de manifestations en faveur de réformes démocratiques dans cette ex-colonie britannique, a rapidement été évoquée pour ponctuer ce sommet. Dans leur communiqué officiel, les pays du G7 ont appelé au respect du statut d'autonomie de Hong Kong en "réaffirmant l'existence et l'importance de la déclaration sino-britannique de 1984". Ils appellent également à "éviter les violences". Une référence aux durs affrontements entre les manifestants et la police, documentés ces dernières semaines.

Quant à la Corée du Nord, Emmanuel Macron a rappelé l'attachement des pays du G7 à une solution qui inclue la "dénucléarisation complète et assurée de la péninsule" mais aussi "le plein respect des droits de l'Homme". 

L’Afrique au centre des débats sur les inégalités

Sur la Libye, "tous les États présents ont décidé de soutenir une trêve et un cessez-le-feu durable, mais aussi de suivre la feuille de route présentée par les Nations unies et l’Union africaine", a avancé Emmanuel Macron dans son compte-rendu final. "Nous appelons de nos vœux une conférence internationale bien préparée associant toutes les parties prenantes et tous les acteurs régionaux concernés par ce conflit", ont soutenu les pays dans leur déclaration commune. Estimant que "seule une solution politique permettra d'assurer la stabilité de la Libye", les participants du G7 “élargi” comprenant cinq dirigeants Africains, ont dit espérer que cette réunion inter-libyenne et internationale se tiendrait dans les meilleurs délais.

L’Afrique était plus généralement au cœur des discussions de ce sommet, dont le thème était les inégalités. Emmanuel Macron a rappelé l’engagement de la France et des autres pays présents dans des initiatives concrètes pour aider les femmes sur le continent, notamment par le biais d’un versement de 251 millions de dollars à l’initiative AFAWA (Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique). Ce système de prêt vise à débloquer l’accès au financement pour les entrepreneuses et leur permettre de s’émanciper. Ce fond devrait aussi permettre aux Africaines d’avoir accès au droit foncier et lutter ainsi contre une des principales inégalités sur ces territoires.


Mathilde ROCHE Mathilde Roche

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