DIPLOMATIE - Téhéran, divisé entre un gouvernement modéré et un Parlement conservateur, a annoncé le début de son programme d'enrichissement d'uranium à 20%, nouvelle riposte à la politique de "pression maximale" promue par les États-Unis depuis le retrait de l'accord sur le nucléaire iranien.
Comme un pied de nez à la communauté internationale. Six ans après l'accord conclu à Vienne, l'Iran a annoncé ce mardi la reprise de l'enrichissement de l'uranium à hauteur de 20%, contre 4,5% jusqu'à présent, un seuil déjà supérieur à ce que prévoyait l'accord. Une décision qui constitue le plus spectaculaire désengagement du régime en matière nucléaire depuis le retrait unilatéral des États-Unis.
Le processus permettant de produire de l'uranium enrichi à 20% a débuté lundi, dans une usine souterraine de Fordo, à 180 km au sud de Téhéran. C'est là que les cascades de centrifugeuses, mises en route pour augmenter la teneur de l'uranium en isotope 235, sont rapidement montées en puissance, comme l'a confirmé le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi.
Une décision qui va à l'encontre des efforts diplomatiques
Le porte-parole a par ailleurs indiqué que l'OIEA mettait en œuvre une loi récente votée par le Parlement enjoignant le gouvernement à reprendre immédiatement la production d'uranium enrichi à hauteur de 20% de façon à en produire 120 kg par an. Le gouvernement du président Hassan Rohani, qui fait figure de modéré, s'était opposé à cette loi, votée par le Parlement à majorité conservatrice, mais avait dit qu'il n'aurait d'autre choix que de l'appliquer si elle devait entrer en vigueur. Ce qu'a ordonné le Conseil des gardiens de la Constitution, arbitre des litiges entre l'exécutif et le législatif.
Pour le gouvernement iranien, cette loi tombe au plus mal : elle va à l'encontre des efforts diplomatiques destinés à obtenir la levée des sanctions américaines contre l'Iran à la faveur de la prochaine arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden. Celui-ci avait en effet signalé son intention de revenir sur la politique de "pression maximale" contre l'Iran menée par Donald Trump. Ce dernier a retiré son pays de l'accord de Vienne en mai 2018, réimposant de lourdes sanctions contre la République islamique. En riposte, l'Iran s'est affranchi, à partir de mai 2019, de la plupart de ses engagements-clé pris à Vienne.
Un choix "regrettable", selon l'UE
Aussitôt après avoir confirmé l'enrichissement de son uranium à 20%, la République islamique a néanmoins précisé qu'elle était prête à faire volte-face : "Nos actions correctives ont été prises conformément à l'article 36 de l'accord, après des années de non-respect du pacte par ses participants. Nos mesures restent réversibles si toutes les parties à l'accord s'y conforment" à nouveau, a fait valoir lundi Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne. Une main tendue à la nouvelle administration qui s'apprête à prendre le pouvoir aux Etats-Unis ?
La reprise de ces activités survient en effet dans un contexte de tensions accrues entre Téhéran et Washington à environ deux semaines de la fin du mandat de Donald Trump. "L'enrichissement d'uranium à 20% par l'Iran à Fordo est une tentative claire d'accentuer sa campagne de chantage nucléaire, une tentative qui continuera d'échouer", a jugé lundi le département d'Etat. De son côté, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déclaré que l'UE va "redoubler d'efforts" pour préserver l'accord de 2015, tout en jugeant "regrettable" la décision de Téhéran.
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