DIPLOMATIE - Les déclarations de Trump détonnent souvent, comparées au langage habituellement policé des politiques, y compris lorsqu’il s’adresse à d’autres chefs d'Etat. La preuve avec cette lettre adressée au président turc à propos de l’offensive contre les Kurdes, dans laquelle Donald Trump invite Recep Tayyip Erdogan à ne pas "jouer au dur".
Le langage est fort peu diplomatique, mais la lettre est bien réelle. Le 9 octobre, Donald Trump a écrit à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan un courrier dévoilé ce mercredi, dont l’authenticité a été confirmée par l’AFP. Dans cette missive de quatre paragraphes, le président américain emploie des mots bien à lui. "Trouvons un bon accord", suggère d’abord l’ancien homme d’affaires. "Vous ne souhaitez pas être responsable du massacre de milliers de personnes, et je ne veux pas être responsable de la destruction de l'économie turque - ce que je ferais (si nécessaire)", poursuit le milliardaire.
"L'Histoire vous jugera d'un oeil favorable si vous agissez de façon juste et humaine. Elle vous considérera à jamais comme le diable si les choses se passent mal", met en garde le locataire de la Maison Blanche, sans autre précision. Mais le plus surréaliste est dans la conclusion : "Ne jouez pas au dur! Ne faites pas l'idiot!", écrit Donald Trump, avant de finir par "Je vous téléphonerai plus tard".
EXCLUSIVE: I have obtained a copy of @realDonaldTrump ’s letter to #Erdogan . @POTUS warns him to not “be a tough guy! Don’t be a fool!” Says he could destroy Turkey’s economy if #Syria is not resolved in a humane way. Details tonight at 8pm #TrishRegan #FoxBusiness pic.twitter.com/9BoSGlbRyt — Trish Regan (@trish_regan) October 16, 2019
Les Kurdes "ne sont pas des anges"
La lettre date du jour où le président turc a lancé ses troupes à l’assaut des Kurdes dans le Nord de la Syrie. Pour l’instant Ankara refuse un cessez-le-feu malgré cette missive. Mercredi, le vice-président américain Mike Pence et le chef de la diplomatie Mike Pompeo se sont envolés vers la Turquie pour rencontrer Erdogan.
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Donald Trump, de son côté, s’il réclame la paix, n’en défend pas moins sa décision de retirer les troupes américaines du sol syrien. A ceux qui soulignent que les Etats-Unis ont une responsabilité particulière envers les Kurdes, qui se sont battus à leur côté contre les djihadistes du groupe EI, le républicain a répondu ce 16 octobre que les Kurdes "ne sont pas des anges" et qu’ils "savent se battre". Il a par ailleurs ajouté, ce qui ne manquera pas de plaire à Erdogan, que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est "probablement" une plus grande "menace terroriste" que l’EI.
Outre-Atlantique, la lettre de Trump a Erdogan a suscité de nombreuses réactions, choquées pour la plupart. Certains qualifient la missive d'"effrayante", d'autres d'"embarrassante", quand d'autres y voient la preuve que le président américain est "mentalement instable".
Don't mock Donald Trump's letter to Turkey's President It's not funny. It's scary This is the person who is in charge of America's foreign policy — Edward Hardy (@EdwardTHardy) October 16, 2019
It is impossible to read the Trump letter to Erdogan and conclude anything other than that the President is mentally unstable. It is time to stop sidestepping that fact, as distressing as it is to admit. — Brian Fallon (@brianefallon) October 16, 2019
Trump Letter reveals the thought processes of a 3-year old expressed in language of a 9 year old — David Reiss, M.D. (@DMRDynamics) October 16, 2019
Au cours d'une réunion à la Maison Blanche avec des démocrates, Donald Trump n'en a pas moins, selon ces derniers, fait l'éloge de sa lettre.
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