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Origine du Covid-19 : soudain, la théorie du laboratoire de Wuhan refait surface

Publié le 1 mars 2023 à 18h49

Source : TF1 Info

La thèse d'un virus fuité du laboratoire de Wuhan revient dans l'actualité.
Longtemps écartée, car trop proche des positions complotistes, elle gagne de plus en plus en crédibilité face à de nouveaux éléments.
Récit de plus de trois ans de recherche, entre tâtonnements et spéculations.

Plus de trois ans se sont écoulés et des dizaines de vagues sont passées. Mais on ne dispose toujours pas de la réponse à une question cruciale : d'où vient le virus du Covid-19, apparu à Wuhan ? Le débat reprend de la vigueur avec la prise de parole du directeur du FBI. Ce mardi 28 février, Christopher Wray a révélé qu'un accident du laboratoire situé en Chine est "très probablement" à l'origine de la pandémie qui a frappé le monde. 

Une prise de parole dans laquelle les défenseurs de la théorie de la fuite d'un laboratoire devinent la preuve que "la vérité finit toujours par triompher". "Encore un sujet où les prétendus 'complotistes' avaient raison", a par exemple ironisé Florian Philippot. TF1info retrace la chronologie d'une théorie longtemps méprisée avant de devenir crédible. 

Il y a trois ans, une thèse indéfendable

Dès l'apparition du virus, l'origine animale apparaît comme la piste privilégiée, notamment défendue dans trois textes parus dans des revues scientifiques. Si les arguments en faveur de la thèse de la zoonose étaient nombreux à l'époque, plusieurs chercheurs faisaient en réalité preuve de beaucoup de précautions. Une position parfaitement résumée dans une correspondance publiée le 17 mars. Dans Nature, les auteurs soulignaient avec prudence que "bien que les preuves montrent que SARSCoV-2 n'est pas un virus délibérément manipulé, il est actuellement impossible de prouver ou de réfuter les autres théories de son origine". Une réserve rapidement oubliée, alors que le doute était bel et bien légitime

Comment expliquer une telle négligence ? Que ce soit dans le champ politique, médiatique ou scientifique, il régnait à l'époque une volonté claire de lutter contre les théories du complot sur l'origine du virus. Et notamment s'opposer aux thèses diffamatoires d'une molécule créée par l'institut Pasteur, d'une arme biologique ou encore celle d'un virus issu du VIH. En voulant contrer ces fausses informations, qui reposent toutes sur l'idée d'un virus manipulé par l'homme afin de créer une épidémie, la piste d'une fuite de laboratoire a peut-être été enterrée un peu trop rapidement par la même occasion.

D'autant qu'à l'époque, rien ne pouvait permettre de soutenir avec aplomb cette hypothèse. D'ailleurs, les défenseurs de cette thèse n'ont jamais avancé d'éléments factuels, préférant partager des spéculations, souvent accompagnées d'une rhétorique anti-chinoise ou d'un discours anti-élites. 

Les nouveaux éléments qui changent la donne

Depuis, de nouveaux éléments sont venus changer la donne. D'abord, les révélations du Times, le 4 juillet 2021, qui dévoile qu'un virus identique à 96% au Covid-19 avait été trouvé en 2012 dans une mine de Chine. Le virus en question, qui avait tué trois ouvriers, avait alors été collecté puis stocké pour être étudié à l'Institut de virologie de Wuhan. Toujours à l'été 2021, le Wall Street Journal va remettre une pièce dans la machine. Le quotidien assure que trois scientifiques de l'Institut au cœur des accusations seraient tombés malades au point d'être hospitalisés en novembre 2019. Des accusations que les autorités chinoises nient en bloc... tout en refusant l'accès à certaines données. Ce manque de transparence et les zones d'ombre autour du laboratoire de Wuhan poussent donc à envisager cette thèse longtemps écartée. D'autant plus que les efforts pour découvrir la source du virus dans la nature demeurent vains. Le fameux "chaînon manquant", qui aurait permis le passage du Covid-19 de la chauve-souris à l'homme, reste introuvable.

Si bien que désormais, le FBI fait de la fuite accidentelle l'origine "très probable" de l'épidémie. Deux jours avant, c'est le ministère de l'Énergie des États-Unis qui amenait de nouveaux éléments. Des informations des renseignements auraient fait basculer l'analyse du ministère chargé des laboratoires de biologie du côté de l'hypothèse de la fuite, selon des sources anonymes citées par la presse américaine. 

Attention cependant, cela ne signifie aucunement que les autorités sont parvenues à résoudre le mystère de l'origine du Covid-19. Tout d'abord, les journaux insistent sur le fait que cette nouvelle analyse est publiée "avec un faible niveau de confiance" par le ministère. Par ailleurs, ce département n'est qu'une des 18 agences américaines chargée du renseignement. En octobre 2021, quatre autres agences de renseignement et le Conseil national du renseignement avaient conclu l'inverse, avec un niveau de confiance "faible" là aussi. Enfin, il est très important de souligner qu'à aucun moment les agences américaines n'évoquent un virus créé par l'homme pour être lâché dans la nature, cette théorie toujours vivace parmi les "complotistes". Trois ans après, le mystère persiste donc. Et divise jusqu'au monde du renseignement américain. 

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Felicia SIDERIS

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