Les hippopotames de Pablo Escobar bientôt exfiltrés hors de Colombie

par Matthieu DELACHARLERY avec l'AFP
Publié le 7 mars 2023 à 18h13

Source : Sujet TF1 Info

En Colombie, 70 hippopotames vont être transférés vers des sanctuaires au Mexique et en Inde.
Ces animaux sont les descendants des spécimens que Pablo Escobar avait fait importer illégalement d'Afrique.

Trente ans après sa disparition, Pablo Escobar continue de faire parler lui. Une fois n’est pas coutume, il ne s’agit pas de drogue mais d’une affaire d’hippopotames. À la fin des années 1980, le baron de la cocaïne a fait importer illégalement d’Afrique quatre de ces animaux pour son zoo privé qu’il avait fait construire dans sa luxueuse demeure de l’Hacienda Napoles. 

Après la mort du baron de la drogue, en 1993, les pachydermes ont été lâchés dans la nature par les autorités puis ont peuplé la région du Magdalena Medio, une savane chaude sillonnée de rivières, de marais et de marécages où la nourriture est abondante. Mais le petit troupeau a rapidement pris une autre ampleur, au point d'être un peu trop encombrant. Si bien que 70 d'entre eux vont bientôt être transférés vers des sanctuaires au Mexique et en Inde.

"Espèce invasive"

Aujourd’hui, plus de 130 pachydermes sont installés dans les rivières de la province d'Antioquia (nord-ouest du pays), bien au-delà de l'Hacienda Napoles. Comme l’explique la chaîne américaine CBS, ces animaux n’ayant aucun prédateur naturel dans le pays, ils se reproduisent de manière incontrôlée, en dépit des campagnes de stérilisation menées par les autorités. Et, si rien n’est fait, leur nombre pourrait être multiplié par trois d’ici à la fin de décennie. 

De plus, ils représentent une menace pour la biodiversité. Leurs excréments modifient la composition des rivières et pourraient avoir un impact sur l'habitat des lamantins et des capybaras. À cela s’ajoute aussi le danger que ces imposants mammifères représentent pour les habitants.

Colombie : les hippopotames d'Escobar menacent l'environnementSource : JT 20h WE

Le développement de la population d'hippopotames "est une situation complexe pour les habitants" de Magdalena Medio, dont certains ont été "menacés" par ces animaux, qui peuvent peser deux à trois tonnes, explique Anibal Gaviria, le gouverneur de la province d'Antioquia (nord-ouest du pays). En 2021, il y a même eu deux agressions contre des résidents. 

L'an dernier, après avoir tenté sans succès un programme de stérilisation, le gouvernement a donc déclaré les hippopotames "espèce invasive", ouvrant la porte à la chasse. Les experts et l'autorité environnementale locale (Cornare) avaient convenu qu'il s'agissait d'une solution "nécessaire" étant donné la menace pour la population et la faune locales.

Des "caisses très robustes" pour les transporter

Grâce à un plan d'envergure financé par le défenseur mexicain de l'environnement Ernesto Zazueta, soixante-dix d'entre eux vont pouvoir être sauvés. Ils vont être transférés vers des sanctuaires à l'étranger. "Nous avons défini comment les hippopotames doivent être capturés, comment ils doivent être gardés (...) et comment ils doivent être transportés de la zone de capture vers les aéroports du Mexique et de l'Inde", explique le gouverneur de la province d'Antioquia. 

Selon le plan établi, les hippopotames voyageront dans des "caisses très robustes" et ne se verront pas administrer de sédatifs pour des raisons sanitaires. 

Ernesto Zazueta, le président l'association des zoos, écloseries et aquariums du Mexique, a indiqué vendredi dernier qu'il allait entreprendre des démarches pour amener dix de ces hippopotames au sanctuaire d'Ostok, dans le nord du Mexique, et 60 autres dans un lieu similaire en Inde. 

L'Équateur, qui selon la presse a également proposé d'accueillir certains des individus, a en revanche démenti samedi avoir autorisé l'entrée des animaux. "Nous espérons que les permis requis par les institutions nationales pourront être approuvés au cours du premier semestre de cette année", indique pour sa part le gouverneur d'Antioquia, Anibal Gaviria.


Matthieu DELACHARLERY avec l'AFP

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