ÉCHEC – Après un mois de négociations, les pourparlers menées notamment par la chancelière allemande sont dans l’impasse depuis dimanche, après le retrait du parti libéral de Christian Lindner. Le président allemand a appelé lundi tous les partis du pays à trouver un compromis. Angela Merkel se dit quant à elle prête à de nouvelles élections, auxquelles elle serait candidate.
L’échec est cuisant pour Angela Merkel. Dimanche, les négociations menées par la chancelière allemande dans le but de former un nouveau gouvernement, après les élections législatives du 24 septembre dernier, n’ont pas abouti. Le parti libéral a décidé de se retirer après un mois de discussions. "Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner", a déclaré à la presse à Berlin le président des Libéraux du FDP, Christian Lindner, en estimant qu'il n'avait pas été possible de trouver une "base commune".
Conséquence : les discussions engagées ont été rompues. Le retrait des libéraux pourrait contraindre Angela Merkel à former un gouvernement minoritaire avec les écologistes, ou bien à convoquer de nouvelles élections. La grande coalition "Jamaïque" souhaitée par la chancelière aurait été une expérience politique inédite en Allemagne au niveau fédéral.
Le président allemand exhorte tous les partis au compromis
Jeudi déjà, date à laquelle les tractations devaient initialement prendre fin, aucun compromis n’avait été trouvé par les différents partis en négociation. L’échéance avait une nouvelle fois été repoussée ce week-end, ne laissant que peu d’espoir à une fin de tractation heureuse. Après l'annonce des libéraux dimanche, Angela Merkel a fait savoir qu'elle "déplorait" l'échec des négociations, et a promis devant la presse de "tout faire pour que ce pays soit bien dirigé pendant les semaines difficiles à venir".
Lundi, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a affirmé que tous les partis allemands ont la responsabilité d'essayer de former un gouvernement. Il a également annoncé qu'il allait consulter les dirigeants de tous les partis. Un appel au compromis qui correspond à la tradition constitutionnelle allemande, qui ne prévoit de nouvelles élections qu'en dernier recours.
Immigration et climat
Les différents partis n’ont donc pas réussi à s’entendre et à dépasser les divisions qui les opposaient sur plusieurs sujets. L’une des questions les plus problématiques restait sans conteste celle de la politique migratoire d’Angela Merkel et des suites de l’accueil de plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015. Les chrétiens-démocrates (CDU) d'Angela Merkel, leur allié bavarois CSU ainsi que les libéraux souhaitaient une politique plus restrictive en matière d’accueil, avec un plafonnement à 200.000 réfugiés autorisés dans le pays, et ce chaque année.
A l’inverse, les écologistes demandaient un cadre plus souple et une reprise l'an prochain des regroupements familiaux pour tous les réfugiés. Actuellement, seuls ceux qui obtiennent l'asile pour persécution religieuse en bénéficient. Cette possibilité a été gelée l'an dernier et jusqu'en mars 2018 pour les réfugiés accueillis en raison de guerres, comme les Syriens, car ceux-ci ne disposent que d'un statut temporaire d'un an, renouvelable en fonction de l'évolution de la situation dans leur pays d'origine. Une protection dite "subsidiaire". Mais aucun compromis n'a pas pu être trouvé.
Même échec sur la question du climat. Les différents partis autour de la table se sont disputés pour savoir comment le pays devra réduire ses émissions de C02 pour atteindre ses propres objectifs. Si tous les partis sont d’accord pour réduire la part d'électricité tirée du charbon, ils n’ont toutefois pas le même avis lorsqu’il s’agit de définir précisément la baisse de ces émissions. Les conservateurs et libéraux souhaitent une baisse de 3 gigawatts de la production, les écologistes demandent 10 gigawatts et réclament davantage d’incitations fiscales en faveur des véhicules propres.
La question européenne est également une source de tensions. Les libéraux rejettent l’idée d’un fonds de secours pour les pays frappés par une crise de la dette et celle d’un budget propre à la zone euro alloué à des projets communs, alors que le parti d’Angela Merkel s’est dit davantage ouvert à ces propositions tout en rejetant de son côté une mutualisation des dettes. Ces projets ont été notamment évoqués par Emmanuel Macron comme faisant partie de son "plan" pour relancer l’Europe. Pour les Verts, il ne faudrait pas rejeter "la main tendue" du président de la République.
Que va-t-il désormais se passer ?
Angela Merkel peut encore proposer une pause à son allié bavarois du CSU, aux Libéraux et aux Verts. Cette pause prendrait la forme d’une période de réflexion avant une nouvelle tentative pour former un gouvernement de coalition. La constitution ne fixant pas de délai après une élection. En théorie, la chancelière peut rester sans limite de temps à la tête de son gouvernement actuel de gestion des affaires courantes. Angela Merkel, qui joue sa carrière dans cette affaire, est réputée pour être une habituée des négociations marathon au niveau européen.
Elle pourrait également, toujours en théorie, se tourner vers les sociaux-démocrates du SPD et tenter de les convaincre d'accepter de poursuivre le gouvernement de "grande coalition" qu'ils dirigent ensemble depuis 2013. La chancelière pourrait peut-être, dans cette démarche, compter sur le soutien du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, un social-démocrate, qui a mis en garde dimanche contre de nouvelles élections. Problème : le SPD, laminé en septembre, avait déjà fait savoir qu’il refusait de répéter l’expérience d’une coalition avec le parti d’Angela Merkel.
Une autre option serait de former un gouvernement minoritaire, pour lequel la chancelière devra se faire élire par les députés. La loi allemande prévoit trois tours de scrutin dans ce cas. Si une majorité absolue n’a pas été trouvée à l’issue des deux premiers tours, alors la chancelière peut être désignée à la majorité relative lors du troisième. Mais Angela Merkel a toujours refusé d’avoir recours à cette option, qui conduit à souvent gouverner avec des majorités changeantes. L’Allemagne pourrait, en tout dernier recours, devoir organiser de nouvelles élections, ce qui n’est pas dans l’intérêt d’Angela Merkel. En cas d’une élection minoritaire de la chancelière, le président aurait la possibilité, dans un délai d’une semaine, de ne pas la nommer mais de convoquer en lieu et place des élections législatives dans les 60 jours qui suivent. Néanmoins, aucun des partis en négociation depuis un mois ne souhaite en arriver là. Selon plusieurs sondages récents, s’engager dans une telle voie permettrait à l’extrême droite de l’AfD d’enregistrer une nouvelle poussée.
Ce que préfère Merkel
Lundi après-midi, Angela Merkel a fait savoir qu'elle préférerait de nouvelles élections -auxquelles elle serait candidate- à un gouvernement minoritaire. Mais elle a évidemment ajouté que son objectif premier était de former un "gouvernement stable" avec la composition actuelle du Bundestag.
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