Pêches post-Brexit : le capitaine du chalutier britannique dérouté sera jugé en août 2022

Publié le 29 octobre 2021 à 10h11
Pêches post-Brexit : le capitaine du chalutier britannique dérouté sera jugé en août 2022

TENSIONS - Un capitaine de chalutier britannique verbalisé au large du Havre mercredi pour avoir pêché des tonnes de coquilles Saint-Jacques sans licence de pêche risque 75.000 euros d'amende, alors que les relations entre le Royaume-Uni et la France s'enveniment.

Sa verbalisation avait cristallisé davantage encore les tensions entre la France et le Royaume-Uni au sujet de zones de pêche entre les deux pays. Le capitaine d'un chalutier britannique dérouté au Havre mercredi par les autorités françaises, suspecté d'avoir pêché plus de deux tonnes de coquilles Saint-Jacques sans licence, sera jugé le 11 août 2022, a annoncé le parquet vendredi. Paris est en effet en conflit avec Londres depuis plusieurs semaines au sujet de licences de pêche post-Brexit, estimant que les autorités britanniques n'en ont pas délivré suffisamment aux navires français. 

"Le capitaine du navire Cornelis Gert Jan s'est vu remettre par la gendarmerie maritime une convocation à comparaître à l'audience du tribunal correctionnel du Havre du 11 août 2022", a détaillé Cyrille Fournier, procureur adjoint du Havre, dans un communiqué de presse. Il sera jugé pour des "faits de pêche maritime non autorisée dans les eaux maritimes ou salées françaises par un navire tiers à l'Union européenne", a ajouté le magistrat. 

Le capitaine du chalutier plaide un "malentendu"

Accusé d'avoir pêché 2.160 kg de coquilles Saint-Jacques en zone économique exclusive française sans "autorisation requise pour pêcher en zone économique exclusive française", soit une licence valide, le capitaine du navire encourt une peine d'amende de 75.000 euros ainsi que des sanctions administratives, avait indiqué le parquet jeudi.

Le propriétaire du bateau avait estimé jeudi qu'il s'agissait d'un "malentendu" et dénoncé une manœuvre politique. Son chalutier était l'un des deux navires de pêche anglais verbalisés par la gendarmerie maritime française lors de contrôles mercredi en baie de Seine. Ces contrôles, habituels "pendant la saison de pêche à la coquille Saint-Jacques", mais qui s'inscrivent aussi "dans le cadre du durcissement des contrôles dans la Manche, dans le contexte des discussions sur les licences avec le Royaume-Uni et la Commission européenne", a précisé le ministère de la Mer dans un communiqué.

L'escalade se poursuit entre Londres et Paris

Paris avait annoncé mercredi l'entrée en vigueur mardi prochain de premières mesures de rétorsion contre les îles anglo-normandes et Londres si le nombre de licences accordées aux pêcheurs français reste insuffisant, provoquant la colère des autorités britanniques. Jeudi, l'heure semble toutefois à l'apaisement entre les deux voisins. Le ministre britannique de l'Environnement George Eustice a appelé au "calme" et à la "désescalade", un appel repris par Jean Castex, qui s'est dit "ouvert aux discussions", à condition toutefois que Londres "respecte ses engagements".

Mais l'escalade semble reprendre de plus belle ce vendredi : le gouvernement britannique a indiqué dans un communiqué qu'il allait convoquer l'ambassadrice de France, jugeant les actions envisagées par la France "injustifiées". La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a ainsi donné pour instruction à sa secrétaire d'État chargée de l'Europe, Wendy Morton, de "convoquer l'ambassadrice française" Catherine Colonna. 

"Nous répétons que le gouvernement a accordé 98% des demandes de licences de la part de navires de l'UE pour pêcher dans les eaux du Royaume-Uni", a cité à nouveau le porte-parole des autorités dans un communiqué, un chiffre contesté par la France qui avance plutôt un taux de 90%. Londres se penchera sur "tout élément de preuve pour ceux qui restent", a-t-il poursuivi.


La rédaction de TF1info (avec AFP)

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