CATHOLICISME - L’Eglise catholique est ébranlée depuis 25 ans par plusieurs scandales de pédophilie, à l'image de celui qui a éclaté en Pennsylvanie en août. Si des décisions ont été adoptées, d'autres en revanche restent en suspens.
"Nous avons négligé et abandonné les petits". Dans une lettre ouverte adressée cette semaine au "Peuple de Dieu", le pape François s'est livré à un délicat exercice de contrition. Il faut dire que le Vatican croule sous les critiques, plusieurs affaires de pédophilie en son sein ayant éclaté ces dernières années et en particulier ces dernières semaines. Mais des mesures concrètes tardent à arriver, même si (quelques) décisions ont déjà été prises.
Dernière affaire en date ? Des sévices sexuels, couverts par l'église catholique en Pennsylvanie, perpétrés par plus de 300 "prêtres prédateurs" dont ont été victimes au moins mille enfants. L'église catholique chilienne est aussi en pleine tourmente : 158 personnes - évêques, prêtres ou laïcs liés à l'église - sont ou ont été visées par une enquête pour sévices sexuels infligés à des mineurs et à des adultes depuis les années 1960. A l'autre bout du globe, en Australie, le numéro trois du Vatican fait quant à lui face à des poursuites pour d'anciennes agressions sexuelles contre des enfants.
L'Europe n'est pas en reste : en Irlande, des allégations de sévices sexuels infligés depuis des décennies à 14.500 enfants ont mis en cause des institutions de l’Eglise. La France aussi est concernée : en 2016, l'affaire du père Bernard Preynat, soupçonné d'avoir abusé de quelque 70 scouts, a écorné l'image du cardinal Philippe Barbarin, l'archevêque de Lyon, visé par des plaintes pour non-dénonciation. Le 21 août, un prêtre de Valence a lancé sur internet une pétition réclamant sa démission.
Quelques mesures, beaucoup de paroles
Face à ces scandales qui hantent l'Eglise, le pape François était attendu sur des mesures concrètes au moment de sa prise de fonction il y a cinq ans. Le souverain pontife a ainsi mis en place en décembre 2014 une commission internationale d'experts, chargée de propositions de prévention. L'initiative s'est toutefois retournée contre lui avec la démission des deux seuls membres représentant les victimes.
A l'actif du pape, on retrouve par ailleurs l'introduction en 2016 dans le droit canon de la révocation d'évêques en cas de "négligence" dans des signalements de pédophilie. Des cours de sensibilisation sont aussi organisés au Vatican. Et le pape rencontre régulièrement des victimes. La parole est souvent prise : en 2010, le pape Benoît XVI avait reconnu la responsabilité de l'Eglise dans les abus commis en Irlande, via une lettre aux fidèles. Fin mai, François a écrit aux Chiliens, qui font face à un vaste scandale de pédophilie. Lundi, il a choisi de parler aux 1,3 milliard de catholiques de la planète des "atrocités" commises par l'Eglise, une démarche sans précédent.
Et la fin du célibat des prêtres ?
Problème : l'obligation de dénonciation à la justice civile par les hiérarchies n'est pas inscrite dans le droit de l'Eglise. En dehors des cas où la loi du pays l'impose, beaucoup d'épiscopats ne veulent pas en entendre parler. "François n'a proposé aucune mesure spécifique", a relevé le vaticaniste américain John Allen, notant qu'il ne prononce pas une seule fois le mot "évêque". "Il revient à François d'agir maintenant en législateur suprême", en modifiant le droit canon qui régit l'Eglise, a suggéré Marco Politi, un expert italien du Vatican.Dans ce domaine, il y a déjà "des exemples vertueux", dans les épiscopats des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou de l'Allemagne.
"Le pape pourrait obliger les conférences épiscopales à envoyer aux autorités judiciaires les signalements d'abus reçus", a précisé à l'AFP Emiliano Fittipaldi, auteur de plusieurs livres d'enquête critiques sur l'Eglise, considérant lui aussi que "les excuses ne suffisent plus". D'après le blog vaticaniste "Il Sismografo", le pape pourrait très prochainement faire publier un document de procédures très spécifiques à l'intention des évêques. Le Vatican ne confirme cependant pas cette information.
L'écrivaine franco-canadienne Nancy Huston a pour sa part demandé au souverain pontife de mettre fin au célibat des prêtres et de reconnaître l'importance de la sexualité dans l'équilibre des êtres humains, via une tribune parue cette semaine dans Le Monde. Le Vatican ne semble toutefois pas y être encore prêt, même si le pape François avait assuré en 2014 que le célibat des prêtres n'était "pas un dogme".
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