"Plus personne n'ose prendre l'avion" : la crise en Ukraine vue par ses ressortissants

par Léa COUPAU
Publié le 16 février 2022 à 18h57

Source : JT 20h Semaine

Depuis plusieurs semaines, Vladimir Poutine souffle le chaud et le froid concernant la frontière ukrainienne, faisant craindre un conflit armé aux portes de l'Europe.
À Paris comme à Strasbourg, les ressortissants ukrainiens multiplient les actions de soutien, entre prières et manifestations pour leurs proches.

Ensemble, ils ont décidé de prier tous les soirs à 21h pour "appeler à la paix". Des Ukrainiens aujourd'hui résidents en France, craignent pour leurs familles, restées au pays. Depuis plusieurs semaines maintenant, le territoire de l'Est est sous la pression des Russes dont le président, Vladimir Poutine, menace d'entamer une guerre ouverte. "Cette prière est un moyen de les soutenir", explique à TF1info le père Ihor Rantsya, dans la cathédrale Saint-Volodymyr-le-Grand, à Paris. 

"Les paroissiens sont déprimés, paniqués", témoigne l'homme d'Église, qui avait déjà vu les répercussions sur ses fidèles de l'annexion de la Crimée par la Russie, en 2014. "Pour nous, c'est une nouvelle étape dans le conflit. Certains jours, on pense à collecter des vêtements pour les réfugiés et l'armée ukrainienne", ajoute Ihor Rantsya. Une telle opération avait été organisée huit ans plus tôt. "Il faut être solidaire, nous n'avons pas le choix."

"Les hommes de ma famille sont prêts à prendre les armes"

À Strasbourg, Olga Vavrynchuk veut passer à la vitesse supérieure. Arrivée en France 20 ans plus tôt, elle espère accueillir une partie de sa famille, toujours à Kiev. "J'ai appelé ma mère, ma nièce et ma sœur. Je suis très inquiète. On craint de futurs bombardements sur la capitale", souffle-t-elle à TF1info, ne croyant pas à une désescalade russe. "On ne peut pas savoir ce qu'il se passe dans la tête de Vladimir Poutine. Mais une chose est certaine : les hommes de ma famille sont prêts à prendre les armes".

"Évidemment que les Ukrainiens vont défendre leur patrie", insiste Bohdan Bilohotsky. Aujourd'hui domicilié à Paris, il est en colère contre l'inaction occidentale et continue de prendre des nouvelles de ses proches à l'Est de l'Europe. Mais ne lui parlez pas de "crise ukrainienne". "C'est une crise russe, ce sont les troupes de Vladimir Poutine qui envahissent notre pays et non l'inverse !", tance-t-il. Comme d'autres pourtant, il se refuse à l'idée d'une guerre. "Ça me paraît irréaliste dans les faits", déclare-t-il en admettant toutefois ne pas "comprendre ce que veut" l'ancien agent du KGB.

Conflit entre l'Ukraine et la Russie : pas de panique chez les FrançaisSource : JT 13h WE

En Suisse, Anna Garmash se pose la même question. "Où est-ce que Poutine souhaite aller ? Même pour lui, la guerre ouverte n'est pas la meilleure solution. On ne comprend pas", lâche-t-elle à plus de 1700 km de l'Ukraine. Près de la frontière polonaise, certains de ses amis comptaient partir en vacances. En vain. "Plus personne n'ose prendre l'avion", déplore-t-elle auprès de TF1info. La jeune femme se rappelle du conflit au Donbass. "Je suis allée sur la zone de front et je me souviens des maisons arrachées. Aujourd'hui, on le sait, il y a toujours des morts dans ces territoires. C'est une guerre perpétuelle. Ce que l'on souhaite éviter, si possible, c'est la guerre de masse."

Anna, Olga, Ihor, Bohdan, tous espèrent une "solution diplomatique". En attendant, ils continueront les actions de soutien. En Alsace, Olga Vavrynchuk a d'ailleurs donné rendez-vous à tous les ressortissants Ukrainiens, ce week-end. "Il faut qu'on se fasse entendre", insiste-t-elle.


Léa COUPAU

Tout
TF1 Info