Taïwan : vif regain de tension entre la Chine et les États-Unis

Qui est Lu Shaye, membre actif des "loups combattants", ce clan décomplexé de la diplomatie chinoise ?

Publié le 23 avril 2023 à 18h41, mis à jour le 24 avril 2023 à 10h23
JT Perso
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Source : TF1 Info

L'ambassadeur chinois à Paris a provoqué une vive polémique vendredi sur LCI, qui a eu des répercussions dans plusieurs États post-soviétiques, dont il a nié la souveraineté.
La ligne décomplexée de Lu Shaye s'inscrit dans la stratégie dite des "loups combattants".
Zoom sur cette nouvelle garde de diplomates chinois.

Ses propos ont provoqué la "consternation" du Quai d'Orsay. Invité sur le plateau de LCI ce vendredi 21 avril, l'ambassadeur de Chine en France a enchaîné les provocations. Entre autres sorties, Lu Shaye a nié la souveraineté des pays issus de l'URSS, mis en cause l'appartenance de la Crimée à l'Ukraine et regretté que l'Occident "chicane" sur les frontières post-soviétiques. Des prises de position qui ont "consterné" la France et fait des vagues dans plusieurs pays de l'ex-Union soviétique, mais qui s'inscrivent en réalité pleinement dans la stratégie des "loups combattants", la nouvelle garde de la diplomatie chinoise. Cette "meute" de diplomates qui n'hésitent plus à sortir les crocs.

Les "loups combattants" contre "les loups féroces"

Cette étiquette est pleinement assumée par l'ambassadeur de Chine à Paris. Dans un entretien accordé au quotidien L'Opinion, il l'avait même revendiquée. "Je suis très honoré d'être qualifié de loup combattant, parce qu'il y a tant de hyènes folles qui attaquent la Chine", avait-il lancé en juin 2021. Une sortie qui résume à la perfection la doctrine de ce clan. 

Derrière ce surnom, une référence à un film d'action patriotique chinois qui avait fait fureur dans le pays, en 2015 et 2017. Il met en scène l'agent le plus redoutable des forces spéciales chinoises, interprété par la star des arts martiaux Wu Jing, qui multiplie les victoires contre de méchants Occidentaux. "Quiconque offense la Chine sera tué, quelle que soit la distance à laquelle se trouve la cible" prévenait le slogan du 2e opus de la saga, comme le rapporte la BBC.

Cette vision manichéenne du monde est devenue idéologie des "loups combattants". Car à leurs yeux, la voix de Pékin est restée trop longtemps "pas entendue, comme si un mur de désinformation avait été érigé devant nous", comme le regrettait Lu Shaye. Même discours du côté de Washington. Xin Gang, l'ambassadeur de Chine aux États-Unis et considéré comme le chef de la meute, affirmait en juillet 2021 avoir pour objectif de faire face aux "calomnies sans fondement" venues des "loups féroces" de l'étranger. Si l'image de l'empire du Milieu est aussi dégradée, c'est parce qu'Européens et Américains, notamment leurs médias, n'auraient jamais accepté le système politique chinois ni l'émergence économique du pays, arguait-il fin 2020.

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Face à ce qu'ils considèrent comme des "calomnies" et forts du statut retrouvé de grande puissance de leur pays, ces tireurs d'élite de la diplomatie veulent restaurer la grandeur de l'empire chinois défendue par Xi Jinping. Lancés à l'assaut idéologique du monde, ils n'hésitent plus à provoquer, manier les thèses complotistes ou même insulter leurs rivaux. La principale proie : le grand ennemi américain. Mais aussi leurs voisins, comme l'Inde ou le Japon, et l'Occident en général, perçu comme systématiquement hostile à Pékin. 

C'est ainsi que l'ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères, symbole de ce courant dur, avait accusé les États-Unis d'avoir provoqué l'épidémie de Covid-19. En réponse au surnom "virus chinois" accordé, il fut un temps, au coronavirus, Zhao Lijian avait émis l'hypothèse que des sportifs militaires américains avaient apporté le virus en participant fin 2019 aux Jeux mondiaux militaires organisés à Wuhan, épicentre de l'épidémie. Quant à celui qui est considéré comme l'inspirateur des "loups combattants", à savoir le journaliste Hu Xijin, il n'avait pas hésité à décrire la Grande-Bretagne comme "une chienne qui demande à recevoir des coups". Celui qui fut rédacteur en chef du Global Times - quotidien qui relaie les courants les plus nationalistes du pays -, jusqu'à sa retraite en décembre 2021, avait également comparé l'Australie à "un chewing-gum collé sous la semelle de la Chine" après que Canberra avait appelé à une enquête internationale sur l'origine du Covid-19. 

INTERVIEW - L'ambassadeur de Chine en France, l'invité de LCISource : TF1 Info

La partie de chasse du clan des loups devrait encore férocement se poursuivre :  si Pékin veut une meilleure image à l'international, "les nécessités de la politique intérieure et le besoin d'affirmer ses intérêts font qu'elle continuera à agir dans la direction opposée", comme l'expliquait fin 2021 Adam Ni, du Centre de politique chinoise à Canberra. Entre faire plaisir à la communauté internationale et s'impliquer pleinement dans la stratégie nationaliste du régime communiste, les loups féroces ont choisi leur camp. Et l'ambassadeur à Paris ne s'en cache pas. Dans la revue chinoise Guancha, il détaillait sa position guère diplomate : "Nous évaluons notre travail non pas en fonction de ce que les étrangers pensent de nous, mais plutôt en fonction de ce que pense le peuple de notre pays."


Felicia SIDERIS

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