Pour le Qatar, "il ne faut pas mettre tous les islamistes dans le même panier"

Le Qatar s'est engagé auprès de la coalition pour combattre l'Etat islamique . Mais plusieurs sources vous accusent pourtant  de jouer un double-jeu et de financer les terroristes . Qu'en est-il ?
Nous ne finançons pas les extrêmistes. Le terrorisme est un fléau, qui ne connaît ni religion ni culture et qu'il faut combattre. Si nous nous sommes engagés auprès de la coalition, c'est parce que nous voulons aider le peuple syrien. Il y a 4 ans, nous avions prévenu les gouvernements occidentaux. Nous leur avons dit qu'il fallait dialoguer avec l'opposition syrienne car le régime de Bachar Al Assad allait continuer à tuer. Et forcément, dans ce genre d'atmosphère, des radicalismes apparaissent. Voilà le résultat. 

Est-ce que les frères musulmans ou le Hamas font aussi partie des organisations terroristes que vous entendez combattre ?
On ne peut pas mettre la même étiquette sur tous les groupes islamistes. Certains, comme les frères musulmans, croient en la démocratie. En Europe, vous avez bien les chrétiens démocrates ! Pourquoi n'aurions nous pas des politiques musulmans ? Au Qatar, nous militons pour un islam des lumières, pour un islam scientifique, qui accorde un rôle aux femmes. 

Et le Hamas ?
Le Hamas n'est pas un groupe terroriste mais un mouvement politique de résistance. Quand l'occupation israëlienne se terminera, il cessera son mouvement armé. Il n'est pas normal que le peuple palestinien soit sans cesse menacé, il faut qu'une économie se développe dans la bande de Gaza. Si le Qatar entretient des relations avec le Hamas, c'est pour une seule raison : la paix.

D'autres vous reprochent d'accueillir des terroristes sur votre territoire. Vous avez bien accueilli un bureau des talibans à Doha ...
Le Qatar est un pays ouvert, tout le monde peut y venir pour exprimer ses idées, pacifiquement. Nous voulons être un espace de dialogue, mais les criminels ne sont pas les bienvenus. Vous savez, nous pour jouer notre rôle de puissance dans le monde arabe, il faut discuter avec tout le monde. Nous avons par exemple joué un grand rôle dans la libération des casques bleus fidjiens  [45 Casques bleus fidjiens avaient été enlevés le 28 août par un groupe armé en Syrie. Ils ont été libérés 15 jours plus tard ndlr].

Le journal Libération a révélé hier que des commissions occultes auraient été versées lors de l'entrée du fond souverain qatari au capital de Veolia. Etiez-vous au courant ? 
S'il y a des zones d'ombre dans cette affaire, la justice de notre pays va lancer une enquête pour en connaître les détails. Vous savez, le Qatar investit en France, c'est vrai. Mais nous sommes un petit pays, qui s'occupe uniquement de faire des affaires. Et mieux vaut un petit pays qu'un gros pays avec un agenda politique. Nous n'avons aucun agenda politique en France. L'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis investissent d'ailleurs plus que nous en France.