Juste avant de rentrer du sommet du G7 qui se tient au Japon, le chef de l'État fera une escale en Mongolie dimanche.Jamais un président français ne s'était rendu dans ce pays enclavé entre la Russie et la Chine.La France espère nouer des partenariats à la fois géopolitiques et commerciaux, profitant de la volonté d'ouverture du pays.
Ce sera une première pour un président français. Emmanuel Macron est attendu dimanche en Mongolie, après son passage au sommet du G7 au Japon. Dimanche, après sa conférence de presse finale depuis la ville japonaise d'Hiroshima, il s'envolera pour Oulan-Bator pour y dîner avec le président Ukhnaa Khurelsukh, a fait savoir mardi l'Élysée. Une visite brève, mais symptomatique des ambitions de partenariat de la France avec ce pays peu peuplé, enclavé entre la Chine et la Russie, et plus largement de l'intérêt croissant que lui portent les Occidentaux.
Ce déplacement "historique (...) visera à répondre à la volonté de la Mongolie de diversifier ses partenariats et de réduire ses dépendances envers ses voisins russe et chinois", a indiqué l'Élysée. Le chef de l'État va aussi visiter le musée Gengis Khan, grand conquérant mongol du XIIIe siècle, qui va prêter une partie de sa collection au musée d'histoire de Nantes pour une exposition prévue en octobre, l'occasion d'évoquer également une "coopération culturelle". Il repartira pour Paris en fin de soirée. "Le fait que la Mongolie soit sur le chemin du retour nous permet de faire cette première historique en lui donnant un sens tout particulier", a expliqué l'entourage du président à l'AFP.
Contrer l'influence des voisins russe et chinois
Des intérêts géopolitiques majeurs motivent cette visite. La présidence a ainsi évoqué un "enjeu très important" sur le "plan géostratégique", qui s'inscrit dans la volonté de Paris de "desserrer la contrainte qui s'exerce sur les voisins de la Russie et leur ouvrir le choix de leurs options".
La Mongolie est aux prises avec l'instabilité politique et la corruption depuis sa première Constitution démocratique en 1992, à sa sortie de l'orbite soviétique, et une majorité de ses 3,4 millions d'habitants subissent toujours de plein fouet la pauvreté. Mais c'est aussi un État "qui a un modèle de gouvernement qui est libéral, qui tient des élections, qui a connu des alternances, et qui par ailleurs cherche à diversifier ses partenariats pour être plus robuste et pouvoir traiter dans de meilleures conditions avec ses grands voisins russe et chinois", a tenu à souligner l'entourage d'Emmanuel Macron.
Actuellement, 86% des exportations de la Mongolie, toutes marchandises confondues, ont la Chine pour destination. Le charbon représente la moitié de ces achats chinois. Le pays "ne veut surtout pas brusquer ses puissants voisins, afin de conserver une marge de manœuvre et de profiter des échanges commerciaux", mais il "tâche dans le même temps d'entretenir des relations avec les pays développés et démocratiques, comme la France", a expliqué au Point Antoine Maire, chercheur associé à la Fondation pour la Recherche stratégique.
"Possibilités de coopération très importantes"
Paris estime ainsi qu'il existe des "possibilités de coopération très importantes", l'Élysée indiquant que "les échanges porteront en particulier sur les enjeux énergétiques". La Mongolie, "dépendante à 90% du charbon pour son électricité", a un "problème" de "décarbonation de son économie", a-t-il ajouté, laissant entendre qu'elle nécessite des investissements étrangers pour amorcer un changement. "C'est également l’un des pays avec le potentiel d’énergies renouvelables le plus élevé en Asie, qui présage d’importantes possibilités de coopération entre nos deux pays en la matière", a-t-il appuyé.
"La Mongolie a toute sa place en outre dans notre stratégie de diversification des approvisionnements européens afin de garantir notre souveraineté énergétique", a aussi indiqué le palais présidentiel. Les sous-sols mongols regorgent de richesses minières, notamment d'uranium, comme le rappelle Le Figaro. La multinationale française Orano, ex-Areva, a commencé ses explorations dans le pays dès 1997 et souhaite transformer son projet pilote en véritable mine d'uranium, une ambition que soutient l'Élysée, comme elle l'a indiqué aux Échos.
Paris lorgne aussi sur les importantes réserves mongoles de terres rares, ces minerais très prisés car utilisés dans la fabrication de nombreuses nouvelles technologies, en particulier dans le cadre de la transition énergétique, comme des batteries, des véhicules hybrides ou encore des rotors d'éoliennes. Mais "d’autres études sont nécessaires" sur le sujet, a ajouté la présidence auprès du quotidien économique.
Plus largement, "il s’agira de poursuivre le renforcement des relations entre la France et la Mongolie, aussi en matière de transition écologique, d’agriculture et agroalimentaire, et de sécurité civile", a précisé l'Élysée. La France n'est pas la seule à manifester son intérêt pour le pays asiatique. Les États-Unis tentent aussi depuis quelques années de s'en rapprocher, dans le cadre de leur stratégie visant à contrecarrer la montée en puissance de Pékin.
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