NOMS D'OISEAUX - Au cours de sa longue carrière politique, celui qui est donné ce samedi vainqueur de l'élection présidentielle américaine aura gagné un grand nombre de surnoms. Ses amis, ses adversaires, voire ses ennemis, s’en sont donné à cœur joie avec le prénom le plus propice qui soit : “Joe”.
Ce diminutif de Joseph est un accroche-tout : lui accoler un épithète est presque une nécessité, tant la cohorte des Joe est importante aux Etats-Unis. Chacun connaît plusieurs “Joe”, c’est un voisin de palier ou un collègue de bureau. L’expression courante “Average Joe”, comme le rappelle Sonia Dridi dans sa biographie de Joe Biden, correspond en français à “Monsieur Tout-le-monde”.
Du narquois “Joe le gaffeur” au consensuel “Oncle Joe”, de l’accusateur “Joe le tricheur” au célèbre “Sleepy Joe” dont Donald Trump l’avait affublé, petit tour d’horizon des avatars de Joseph Robinette Biden Junior. On pourra d'ailleurs se demander en le parcourant : lequel de ces “Joe” va gouverner l’Amérique ?
"ONCLE JOE"
FAMILIER - C’est le surnom le plus bienveillant de tous. Joe Biden est proche des gens, même ses adversaires ne le contestent pas. Le type sympa qui vous écoute et ne vous juge pas. Qu’il s’intéresse personnellement aux personnes qu’il rencontre, ou qu’il possède le talent d’en donner l’impression, Biden est connu pour être fidèle dans ses amitiés, y compris avec des anonymes ou des opposants politiques.
Mais un oncle, dans un portrait de famille, on le trouve un peu à l’arrière-plan ou au bord du cadre. C’est parfait pour un vice-président, pas pour la fonction suprême. D’ailleurs, comme le relevait le New York Times dans la dernière ligne droite de la campagne, Joe Biden s’efforce désormais de transformer cette image, pour que “l’oncle Joe” devienne le “père de la Nation”.
"AMTRAK JOE"
FERROVIAIRE - Amtrak, c’est l’équivalent américain de la SNCF. Ce surnom est sans doute le plus emblématique de Joe Biden, et le plus utilisé au cours de sa carrière. Le sénateur Joe Biden, durant ses six mandats consécutifs, a fait chaque jour en train l’aller-retour entre son fief de Wilmington et la capitale Washington.
It’s an illustration of how political campaigns in America have changed that a few hours after launching his Presidential campaign online, Joe Biden is not at a huge launch party but sitting quietly on a train to New York with just a handful of aides pic.twitter.com/yMHFWsKoA3 — Paul Danahar (@pdanahar) April 25, 2019
Pendant 36 ans, il a passé chaque jour 3h dans ce train, totalisant sur ce seul trajet plus de 3 millions de km. On pouvait le croiser, l’interpeller, se retrouver assis à côté de lui. Le train retardait même parfois son départ, pour qu’il ait le temps d’attraper.
Or, cette anecdote en apparence légère trouve son ancrage dans la pire tragédie qu’ait connue Joe Biden. En décembre 1972, tout juste élu pour son premier mandat, il se prépare à entrer au Sénat le mois suivant. Alors qu’il est à Washington, son épouse est restée dans le Delaware, et fait les courses en vue de Noël avec leurs trois enfants. Un semi-remorque hors de contrôle percute la voiture de la famille, tuant Neilia Biden et sa fille tout juste âgée d’un an. Ses deux jeunes fils sont gravement blessés, et Joe Biden restera plusieurs mois à leur chevet, effectuant même sa prestation de serment à l’hôpital.
De là provient l’habitude du sénateur Biden de rentrer chaque soir en famille, à laquelle il n’a jamais dérogé, avant d’être nommé à la vice-présidence en 2008. De là aussi son surnom d’Amtrak Joe.
"JOE LE GAFFEUR"
CAUSEUR - On peut le corréler à une variante : “Joe le Bavard”. Le second entraîne le premier : Joe Biden parle beaucoup, souvent, et longuement. C’est sa marque de fabrique. Et dans la profusion se glisse une bourde, ou un lapsus révélateur. Pour la presse américaine, c’est une “machine à gaffes” voire, pour un éditorialiste, “la Lamborghini de la gaffe”.
Pendant la campagne des primaires, on l’aura entendu louer les beautés du Vermont… alors qu’il se trouvait dans le New Hampshire. Lors d’un meeting en 2008, il avait appelé avec enthousiasme un dirigeant démocrate local à se lever pour être applaudi par la foule… oubliant que l’homme était dans une chaise roulante.
Mais ses “gaffes” peuvent aussi trahir des mécanismes de pensée plus douteux pour un Démocrate. Ainsi quand il déclare que “les enfants pauvres sont tout aussi brillants et talentueux que les enfants blancs”, il y a une bonne volonté manifeste, en même temps qu’une représentation qu’on peut questionner.
C'est un putain de bon accord!
Joe Biden, alors vice président des Etats-Unis
Celui qui se méfiait le plus des gaffes de Joe Biden, c’est Barack Obama, qui l’a pourtant choisi comme vice-président pour chacun de ses deux mandats. Pour lui, Joe Biden est une grenade dégoupillée, qui peut sauter à tout moment. Et il a eu plusieurs occasions de le vérifier. Comme adversaire, d’abord, quand Joe Biden l’avait salué comme “le premier Afro-américain populaire, qui est intelligent, s’exprime bien et propre sur lui”.
Puis comme vice-président. Lors de la présentation du système d’assurance médicale, connue maintenant comme “l’Obamacare”, Joe Biden introduit (très longuement) le président, avant de lui glisser à l’oreille, oubliant les micros : “c’est un putain de bon accord !”. Obama mit 24h à comprendre que cette nouvelle gaffe avait en fait été le parfait lancement pour cette révolution sociale.
Les gaffes de Joe Biden sont si innombrables et si variées qu’elles sont devenues un genre à part : les “bidenismes”, dont les réseaux sociaux sont particulièrement friands. Joe Biden n’a pas d’autre choix que l’auto-dérision, comme il a pu le prouver récemment dans le show de Stephen Colbert.
"JOE LE TRICHEUR"
PLAGIAIRE - Littéralement, “Cheating Joe”. Ce sobriquet est moins sympathique, et généralement utilisé par les partisans républicains les plus virulents. Il fait référence à des accusations de plagiat qui le poursuivent depuis la campagne présidentielle de 1988. Joe Biden avait copié un discours du leader travailliste britannique Neil Kinnock. Cette “citation”... sans mention de la source avait plombé la candidature de Biden. Une affaire de plagiat à la fac de droit était alors ressortie, que ses adversaires ne manquent pas de lui rappeler désormais à intervalles réguliers.
"JOE CLASSE-MOYENNE"
ELECTORAL - Comment ne pas se féliciter d’un tel surnom lorsque l’on fait campagne pour la présidence américaine ? “Je sais qu’on m’appelle Middle-class Joe”, lance-t-il lors d’un meeting en 2018… En fait, comme l’écrit sa biographe Sonia Dridi, personne n’a jamais appelé Joe Biden comme ça, c’est un surnom qu’il s’est auto-attribué.
Dans la litanie des surnoms subis, Joe Biden a donc tenté d’en glisser un de son crû. Ca n’a pas vraiment pris, mais c’était bien tenté. Dans la même veine, il avait fait peindre sur son bus de campagne en 2007 la phrase “Joe is right”. Il avait relevé lors des débats que les autres candidats démocrates, peu agressifs envers lui, répondaient souvent “Joe a raison”... et il en avait fait un slogan.
"JOE L'ENDORMI"
DORMEUR - "Sleepy Joe", c'est le coup bas. Le surnom trouvé par Donald Trump, dès le début des primaires. Il a dû toutefois en tester une bonne dizaine avant que celui-ci ne s’impose en frappant les esprits. Associée aux moments erratiques qu’offre parfois Joe Biden en public, l’image accroche et ne s’efface pas. Biden avait tenté de timides représailles avec le gentillet “President Tweety”, pour railler l’usage que Trump fait de Twitter, mais ça n’a pas pris et il n’a guère insisté.
Donald Trump s’était inquiété très tôt de la candidature de Joe Biden, dont beaucoup pensaient qu’il ne quitterait plus sa retraite après la vice-présidence. L’affaire ukrainienne, qui a valu à Donald Trump un procès en destitution, n’est rien d’autre qu’une tentative de couler la campagne de “Sleepy Joe”.
Donald Trump trahissait ainsi une vraie crainte de l’affronter dans le face-à-face final. Sur ce point au moins, les électeurs américains lui ont finalement donné raison.
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