ENVIRONNEMENT - Alors que les Etats-Unis ont entériné mercredi leur sortie de l'Accord de Paris sur le climat, Joe Biden a promis qu'il ferait de sa réintégration l'un de ses premiers actes en cas d'élection. Une rupture très symbolique avec Donald Trump, qui en fait un marqueur de son mandat sur le plan international.
Il aura fallu près de quatre ans à Donald Trump pour en finir avec l'Accord de Paris. Joe Biden a promis de réintégrer ce pacte mondial sur le climat en seulement 77 jours. Alors que les Etats-Unis ont officiellement confirmé, mercredi 4 novembre, qu'ils quittaient l'accord signé en 2016 et visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le candidat démocrate a prévenu qu'en cas d'élection, l'une de ses premières décisions, en janvier, serait d'annuler la décision de Donald Trump.
Un choix très symbolique, tant Donald Trump avait fait du rejet de ce consensus international sur le réchauffement climatique l'un des principaux marqueurs de son engagement sur la scène internationale, ou plutôt de son désengagement. En juin 2017, il avait officialisé cette promesse de campagne en invoquant notamment, pour justifier le retrait des Etats-Unis, l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre, la préservation de l'emploi - il qualifiait l'Accord de "tueur d'emplois" - et l'indépendance énergétique de son pays. Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo avait également mené croisade contre ce qu'il désignait comme un "fardeau économique injuste" pour les Etats-Unis.
Mais l'accord signé par son prédécesseur Barack Obama prévoyait un délai de trois ans avant qu'un pays ne puisse le dénoncer, raison pour laquelle le processus aura couvert la quasi-totalité du mandat de Donald Trump. La notification de sortie n'a pu être faite qu'en novembre 2019, pour être rendue effective ce 4 novembre 2020.
Un marqueur de l'isolement américain
En rejetant l'Accord de Paris après son élection, Donald Trump avait suscité les critiques de nombreux cosignataires sur le plan international, mais également d'acteurs économiques et industriels de son pays. L'initiative avait ouvert la voie à une stratégie isolationniste qui s'est confirmée sous son mandat. En France, peu de temps après son élection, Emmanuel Macron avait lancé une initiative baptisée "Make our planet great again", en référence au slogan de campagne de Donald Trump, pour appeler la société civile à soutenir l'Accord de Paris, espérant encore stopper le processus de sortie des Etats-Unis.
Mais Donald Trump, faute de pouvoir légalement quitter l'accord dès 2017, avait multiplié les gestes politiques pour marquer le divorce. En août 2017, alors que les Etats-Unis étaient toujours liés par le texte, il avait adressé une notification aux Nations-Unies pour confirmer son désengagement. L'accord signé en 2016 "était vraiment injuste envers les Etats-Unis", répétait-il en janvier 2018, "il comportait des sanctions importantes contre nous. Nous sommes un pays riche en gaz, en charbon, en pétrole et il y avait de grandes sanctions contre leur exploitation".
En outre, financièrement, le retrait signifiait concrètement la suspension de la contribution américaine au "fonds vert" en direction des pays pauvres, ainsi qu'au budget du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Un maintien dans l'accord à bas bruit
Derrière les déclarations de Donald Trump, les Etats-Unis ont en réalité, sous son mandat, maintenu une présence permanente au sein des instances internationales. Dès août 2017, une note interne adressée aux diplomates américains justifiait cette stratégie par la nécessité de "protéger les intérêts des Etats-Unis", mais également de "s'assurer que l'argent des contribuables américains précédemment engagé est géré de manière appropriée". Plus largement, les Américains sont restés à la table des négociations relatives aux modalités d'application de l'accord sur le climat en tant que tel, comme s'ils en étaient toujours partie prenante.
Dans l'esprit des négociateurs internationaux également, le fait de poursuivre les discussions avec leurs homologues américains permettait d'anticiper la possibilité d'un changement politique à la tête des Etats-Unis, et donc de rendre ce retrait réversible. D'autant que plusieurs Etats ainsi que des villes américaines ont pris l'initiative de reprendre la main - notamment à travers le "We are still in" ou le "US Climate Mayors" - en s'assignant l'objectif de respecter l'Accord de Paris.
Autant dire qu'en cas de victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle, le chemin d'un retour dans l'Accord de Paris pourrait s'avérer plus facile à emprunter que celui de la sortie.
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