Présidentielle en Algérie : Ghediri, Nekkaz... qui reste-t-il désormais pour défier Bouteflika ?

Publié le 4 mars 2019 à 12h43, mis à jour le 4 mars 2019 à 14h44

Source : Sujet TF1 Info

OPPOSITION ? - Malgré la colère de la rue, Abdelaziz Bouteflika a maintenu sa candidature à la présidentielle et briguera un cinquième mandat. S'il est le huitième candidat à avoir officialisé sa candidature en déposant son dossier au Conseil constitutionnel, aucun de ses adversaires ne parait susceptible de menacer sa réélection.

Abdelaziz Bouteflika briguera bel et bien un cinquième mandat. Ce dimanche en fin d'après-midi, son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane, a officialisé la chose en déposant au Conseil constitutionnel  le dossier du président à Alger. M. Bouteflika est lui toujours hospitalisé en Suisse et aucune date de retour n'a pour le moment été annoncée. 

De nombreux Algériens ont pourtant fait part de leur colère face à cette décision. Des dizaines de milliers de personnes défilent quasi-quotidiennement dans les rues en scandant  "Non au 5ème mandat !", "Bouteflika, dégage!", ou encore "Algérie libre et démocratique !" Pour apaiser les tensions, le président a annoncé dans une lettre qu'il s'engageait à mettre en place "une élection présidentielle anticipée" à laquelle il ne sera pas candidat. En clair, il promet au peuple de ne pas terminer son mandat s'il est à nouveau élu et propose la rédaction d'une nouvelle constitution. 

Si Bouteflika doit partir, ce sera par les urnes, avait indiqué auparavant le Premier ministre algérien. "Chacun a le droit de défendre son candidat et d'être contre tout autre candidat, les urnes trancheront de manière pacifique et civilisée", a martelé Ahmed Ouyahia. Mais un autre candidat a-t-il vraiment des chances d'être élu ? Ce lundi, ils étaient 19 à lui faire face, selon Agence Presse Service.

Alis Benflis

C'était l'adversaire le plus crédible face à M. Bouteflika mais Ali Benflis a renoncé ce dimanche à se présenter à la présidentielle. "Ma place n'est plus dans une compétition électorale dont notre peuple (...) dénonce avec vigueur le caractère biaisé et faussé. Le peuple a pris la parole et je l'ai entendu", explique-t-il dans un communiqué. "L'élection présidentielle, dans les circonstances actuelles, n'a ni sens ni raison d'être", ajoute-t-il, "le peuple algérien s'est réapproprié la maîtrise de son destin" et "n'a pas dit son dernier mot".

Ali Benflis s'était déjà présenté à deux reprises à l'élection présidentielle, en 2004 - il avait alors obtenu 6,4% des voix - puis 10 ans plus tard, en 2014 - 12,3% des électeurs l'avaient choisi. A chaque fois, il était le 2ème homme derrière le président sortant. 

M. Benflis a été secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), ancien parti unique et formation du chef de l'État. De 2000 à 2003, il a également occupé le poste de Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika mais a rompu par la suite avec lui en refusant de soutenir son deuxième mandat.

Ali Ghediri

Général à la retraite, Ali Ghediri a débarqué sur la scène politique fin 2018 en promettant "le changement". "Le peuple algérien vient de faire montre de maturité et de prouver qu'il est apte à exercer ses droits démocratiques comme tous les peuples civilisés dans le monde, et à être au rendez-vous de l'histoire", a-t-il déclaré sur sa page Facebook. Il y a également affirmé avoir déposé son dossier de candidature ce dimanche.

S'il n'a ni parti, ni passé militant connu, cet ancien militaire soutient les protestions du peuple contre un cinquième mandat de M. Bouteflika. Il dénonce par ailleurs des irrégularités dans la constitution des dossiers de candidatures, notamment "le refus de légaliser des signatures, la saisie de centaines de formulaire remplis, différentes formes de harcèlement subis par nos partisans". 

Abdelaziz Belaïd

Après une entrée en politique au Front de libération Nationale (FNL, le parti du président), Abdelaziz Belaïd a créé en 2012 son propre parti, le Front Al-Moustakbel. À 55 ans, il se présente comme la nouvelle "alternative", et assure que son parti "dispose d’un programme et a déjà prouvé son aptitude à accomplir davantage de réalisations". Lors de la dernière présidentielle en 2014, M. Belaïd avait recueilli 3% des voix.

Coup de théâtre ce lundi, le candidat a retiré sa candidature.

Rachid Nekkaz

Rachid Nekkaz apparaît comme le plus obscur candidat. L'homme d'affaires tente depuis de nombreuses années de percer sur la scène politique mais pour le moment c'est surtout sur les réseaux sociaux qu'il s'est fait une notoriété.

 Il s'est déjà présenté à des mandats locaux en France, où il né et où il a été diplômé de philosophie à la Sorbonne. D'après nos confrères du Parisien, il avait même tenté de se présenter à la présidentielle française en 2007, sans succès. Certains se souviennent peut-être de ses sorties polémiques sur le voile : il propose de payer lui-même les amendes pour port de niqab.

Après un échec en France, Rachid Nekkaz a tenté sa chance en Algérie. En 2014, lors de la dernière élection présidentielle, il a indiqué avoir renoncé à sa nationalité française pour candidater. Mais une fois arrivé au Conseil constitutionnel pour porter sa candidature, il a expliqué aux médias que le camion qui devait rapporter les 60 000 parrainages nécessaires s'était évaporé. Un mystère qui l'aurait empêché de se présenter.

Cette année, Rachid Nekkaz a encore une fois cherché à faire le buzz. Il assure avoir tendu un piège au gouvernement en déposant le dossier de candidature d'un homonyme, son cousin. L'homme d'affaires ne répondait pas aux conditions d'éligibilité. "Il ne peut être élu puisqu'il est empêché par deux articles de la Constitution. D'abord parce que son épouse est étrangère, ensuite parce qu'il n'a pas vécu dix ans en continu en Algérie", expliquait le politologue Naoufel Brahimi El Mili sur France Info. Son cousin,  mécanicien de profession et résidant à Chlef, oui.

Ruse pour déjouer le système ou canular ? Le temps le dira, le Conseil constitutionnel doit statuer sous dix jours sur la validité des candidatures. "Il est populaire parmi les jeunes, mais il multiplie trop les coups de gueule pour faire le buzz", confiait il y a quelques temps une journaliste locale au Monde. "Je ne crois pas que ses fans vont transformer leurs 'like' en bulletins de vote."

Et des "petits" candidats

Dix-sept autres candidats ont déposé leurs dossiers, selon l'Agence Presse Service. Parmi eux, on compte Mahfoud Adoul, le président du Parti de la victoire nationale, Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme et président du Mouvement El-Bina, Ali Zeghdoud, le président du Rassemblement algérien,  Ali Fawzi Rebaine, président du parti Ahd 54, Omar Bouacha, président du Mouvement El Infitah, Ahmed Gouraya, président du Front des jeunes démocrates pour la citoyenneté (FJDC),  Aissa Belhadi, secrétaire général du Front de la bonne gouvernance (FBG) et le candidat indépendant Abdelhakim Hamadi.


La rédaction de TF1info

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