PORTRAIT – Ksenia Sobtchak, une ancienne starlette devenue l’une des figures médiatiques de l’opposition libérale à Vladimir Poutine, participe ce dimanche à l'élection présidentielle en Russie. Qui est cette jeune femme de 35 ans ? Pourquoi se présente-t-elle ? Comment son initiative est-elle perçue ? Éléments de réponse.
"Le cirque pour le peuple est garanti, bien que les gens préféreraient avoir du pain." Sans cacher son scepticisme, c’est tout en ironie que le journal russe Moskovski Komsomolets avait choisi de réagir à l’annonce, en octobre dernier, de la candidature de Ksenia Sobtchak, 35 ans, à la présidentielle de mars 2018. Il faut dire que, à l’instar du quotidien populaire, nombre de médias du pays des Tsars s’interrogent sur le bien-fondé de cette initiative, jugée comme un moyen de créer une illusion de compétition et de suspense dans un scrutin a priori joué d’avance. Et beaucoup s’accordent pour dire que le projet de la jeune femme, créditée de 1% des intentions de vote dans les derniers sondages, n’aurait jamais pu être tenté sans l’accord du Kremlin.
Ancienne starlette de téléréalité reconvertie dans le journalisme, celle qui est devenue ces dernières années l’une des figures médiatiques de l’opposition libérale à Vladimir Poutine réfute ces allégations. "Comme tout citoyen de Russie, j'ai le droit de me présenter à la présidentielle", dit-elle dans une vidéo postée sur son site de campagne. "J'ai décidé d'utiliser ce droit, ne serait-ce que parce que je suis contre tous ceux qui utilisent ce droit d'habitude." Ksenia Sobtchak entend représenter le vote dit "contre tous", une option – ressemblant à notre vote blanc – auparavant existante, supprimée depuis 2006 pour les élections fédérales.
Une incarnation de la jeunesse dorée
Mais si elle déclare aujourd’hui vouloir incarner le semblant de ras-le-bol du peuple russe envers ses élites et son président, la trentenaire n’a pas toujours eu la fibre contestataire. Fille du premier maire post-soviétique de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, qui fut l’un des mentors politiques de l’actuel homme fort de Russie, Ksenia Sobtchak a longtemps baigné dans les hautes sphères de la société, symbolisant même pour certains "la jeunesse dorée" de l'ère Poutine. Parfois surnommée la "Paris Hilton russe" pour ses frasques télévisuelles en tout genre, elle n’a d’ailleurs jamais tu ses liens personnels avec Vladimir Poutine.
De quoi être surpris par son apparent revirement de l’hiver 2011-2012. Accompagnée de son petit ami de l'époque, l'homme politique activiste anti-Poutine, Ilia Iachine, elle rejoint les rangs des manifestations monstres provoquées par les fraudes aux législatives ayant accompagné le retour de Vladimir Poutine au Kremlin. Elle se lance alors dans l’interview politique, d’abord sur MTV-Russie, puis sur la chaîne indépendante – très critique du pouvoir – Dojd, où elle a notamment reçu la figure de proue de l’opposition, Alexeï Navalny, avec qui une certaine proximité, aujourd’hui révolue, avait fini par s’installer.
C'est le plan du Kremlin
Alexeï Navalny, en septembre 2017, à propos d'une éventuelle candidature de Ksenia Sobtchak
L’opposant numéro un de Russie, déclaré inéligible jusqu'en 2028 en raison d'une condamnation de justice, avait, dès septembre, critiqué les rumeurs d'une candidature de Ksenia Sobtchak : "Sa campagne sera certainement financée par un oligarque ou l'administration présidentielle. Pourquoi ? Parce qu'ils ont besoin d'une caricature d'un candidat libéral. (...) C'est le plan du Kremlin." Une lecture de la situation que partage la journaliste d'opposition Zoïa Svetova, qui regrette que la jeune femme "donne une légitimité aux élections" en étant "la Navalny du Kremlin". Une sorte de faire-valoir qui offrirait (elle doit recueillir 300.000 signatures d’électeurs pour voir sa candidature validée) à Vladimir Poutine un scrutin d’apparence démocratique.
"C'est une tentative de construire une candidate libérale et séduisante de manière artificielle", a expliqué à l'AFP le politologue Konstantin Kalatchev pour qui, à l’inverse, l’entrée dans la course de Ksenia Sobtchak pourrait se révéler un "bon cadeau pour Navalny" en lui permettant , d’avance, de condamner une élection à laquelle il ne pourra pas participer de toute façon. "On le sait, Navalny va appeler à boycotter les élections", poursuit le politologue. "La participation de Sobtchak, qui transforme les élections en cirque et en farce, sera une autre raison pour laquelle beaucoup de gens ne vont pas aller voter".
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