SCRUTIN - Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin : les Turcs élisent leur président ce dimanche. Un premier tour sous haute tension car le vainqueur se verra doté de pouvoirs renforcés après la révision constitutionnelle adoptée l'année dernière sous l'impulsion de Recep Tayyip Erdogan. L'actuel président, au pouvoir depuis 15 ans, compte bien rester à la tête de l'Etat. Mais il doit faire face à une opposition déterminée.
Pour la dernière ligne droite avant le scrutin, Recep Tayyip Erdogan, et son principal challenger Muharrem Ince - qui incarne les espoirs de l'opposition - ont battu ce samedi le rappel de leurs soutiens lors d'ultimes meetings à Istanbul à la veille de l'élection présidentielle en Turquie. L'actuel président a prononcé pas moins de cinq discours dans différents quartiers de la mégalopole et plus grande ville du pays. De son côté, le candidat du Parti républicain du peuple (social-démocrate) a opté pour un seul grand meeting auquel ont assisté des centaines de milliers de personnes dans le quartier de Maltepe.
Avec ce scrutin, l'opposition espère enfin déloger le chef de l'Etat, accusé de dérive autoritaire et au pouvoir depuis 15 ans, d'abord en tant que Premier ministre puis en tant que président depuis 2014. D'autant plus que l'enjeu de cette élection est crucial : le vainqueur bénéficiera de pouvoirs renforcés. Recep Tayyip Edrogan a en effet réussi à réviser la Constitution en avril 2017 pour élargir les pouvoirs du président . Moins d'un an après avoir échappé à une tentative de coup d'Etat mené par des militaires en juillet 2016, son projet de révision avait été adopté par référendum à 51,4% des voix.
Les chiens de garde d’Erdoğan sont tellement fous de rage face à la mobilisation de l’opposition à #Maltepe qu’ils parlent de défaite de Muharrem Ince, publient des photos d’une place vide puis estiment que les opposants étaient 280.000 et non 5 millions. Mauvais perdants. pic.twitter.com/mMZTlEFMgb — Bahar Kimyongur (@Kimyongur) 23 juin 2018
Un front anti-Erdogan qui annonce un scrutin serré
Si le président sortant semblait jusqu'alors indétrônable, il affiche cependant quelques faiblesses. Sa courte victoire au référendum constitutionnel montre tout d'abord "un vote solide de l'opposition qui peut être qualifié de vote anti-Erdogan", explique Asli Aydintasbas, experte au Conseil européen des relations internationales, à nos confrères de l'AFP.
Ensuite, pour consolider ce ras-le-bol et "ne pas laisser la concentration des pouvoirs à M. Erdogan et à l'AKP" (ndlr : son parti), l'opposition a opté pour l'union des forces, relève pour sa part Elise Massicard, chercheuse au CNRS et au CERI/Sciences Po. Si les différentes formations de l'opposition ont bien décidé de présenter leurs propres candidats à la présidentielle, la plupart se sont en effet accordées pour soutenir le candidat qui arriverait à un éventuel second tour face au chef d'Etat sortant, le 8 juillet. Une unité que n'avait pas prévue Erdogan.
Résultat : pour la première fois depuis de nombreuses années, l'opposition est parvenue à orienter le débat pendant la campagne. Cela a par exemple conduit Erdogan à promettre, après que d'autres candidats l'aient fait, la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch manqué.
La Turquie vote demain lors d'un double scrutin présidentiel et législatif considéré comme un défi électoral majeur pour le président Erdogan, au pouvoir depuis quinze ans https://t.co/Vxs8jCMw9S par @Stuart_JW #AFP pic.twitter.com/hz30heYOr6 — Agence France-Presse (@afpfr) 23 juin 2018
Le président avait pourtant mis toutes les chances de son côté en bousculant le calendrier politique et en annonçant en avril que la présidentielle et les législatives, prévues initialement le 3 novembre 2019, seraient avancées au 24 juin. Un changement de programme qui forçait à mener une campagne éclair et qui, selon les spécialistes, permettait d'esquiver l'entame d'une crise économique annoncée. La mainmise du gouvernement sur les médias lui assurait également une jolie promotion.
Cela n'a pas suffi : certains candidats et partis de l'opposition, absents des ondes et des Unes des journaux, ont rivalisé d'ingéniosité pour se faire entendre, notamment sur les réseaux sociaux. Selahattin Demirtas, candidat du parti prokurde HDP, a ainsi réussi à faire campagne depuis une cellule de prison, où il est en détention préventive depuis novembre 2016, accusé d'activités "terroristes". Grâce à un appel téléphonique autorisé avec son épouse, il a notamment tenu une sorte de "meeting", filmé et diffusé par le parti.
Le social-démocrate Muharrem Ince, 54 ans, salué comme un grand orateur, est quant à lui parvenu à mobiliser les foules. Ces deux derniers jours, des centaines de milliers de personnes se sont déplacées pour l'écouter à Izmir, à l'ouest du pays et à Ankara, la capitale. Les images ont fait le tour des réseaux sociaux.
#Turquie : #Izmir est LA grande ville kémaliste de gauche par excellence, où les habitants, majoritairement progressistes et occidentalisés, s'opposent à Erdogan. Résultat? Quand le candidat du CHP (kémaliste, social-démocrate) Müharrem Ince y fait un meeting, ça donne ça : pic.twitter.com/hB31gE0hnD — Antoine A. Greiner (@AntoineA_DG) 21 juin 2018
Quoi qu'il en soit, Erdogan reste malgré tout le favori de cette présidentielle. Mais selon de nombreux observateurs, il devrait cette fois avoir du mal à obtenir plus de 50% des voix pour l'emporter dès le premier tour et l'AKP pourrait perdre sa majorité au Parlement.
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