Procès de Harvey Weinstein : les délibérations commencent

Publié le 18 février 2020 à 16h38
Harvey Weinstein arrivant au tribunal de Manhattan mardi 18 février.
Harvey Weinstein arrivant au tribunal de Manhattan mardi 18 février. - Source : DAVID DEE DELGADO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

JUSTICE – Le jury du tribunal pénal de Manhattan doit se réunir ce mardi 18 février pour délibérer sur la culpabilité du producteur Harvey Weinstein jugé pour des agressions sexuelles. Mais son sort reste incertain.

L’heure du verdict a sonné. Le jury du tribunal pénal de Manhattan doit se réunir mardi pour entamer ses délibérations après trois semaines et demi de procès Harvey Weinstein, dont le sort paraît plus que jamais incertain. Le producteur américain est-il coupable de viol et d'agression sexuelle, avec comportement prédateur comme circonstance aggravante ? C’est la question à laquelle devront répondre à l'unanimité les douze jurés de ce procès ultra médiatisé. 

S'il est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation, Harvey Weinstein (67 ans) encourt la prison à perpétuité compte tenu de la circonstance aggravante, comme le souligne l’AFP. Sa peine serait alors déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats. Cependant, en cas de désaccord persistant sur tout ou partie des cinq chefs d'accusations, le procès serait annulé et un autre procès vraisemblablement organisé, avec de nouveaux jurés. 

Accusé par plus de 80 femmes, seules six d'entre elles se présentant comme victimes ont témoigné au procès. Et deux ont au final été au centre des débats, le reste des faits allégués étant prescrits. Il s’agit de l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi, qui affirme avoir été agressée sexuellement dans l'appartement new-yorkais d'Harvey Weinstein en 2006 et de Jessica Mann, une aspirante actrice qui assure, elle, avoir été violée par l'ancien patron du studio Miramax, dans une chambre d'hôtel en 2013.

On ne vous demande pas d'aimer M. Weinstein. Ce n'est pas un concours de popularité.
Donna Rotunno

Tout au long du procès, Harvey Weinstein a été décrit avec constance comme un manipulateur  agressif et cynique, accro au sexe. Mais pour l'envoyer en prison, il faut la conviction qu'il a commis un acte criminel. "On ne vous demande pas d'aimer M. Weinstein. Ce n'est pas un concours de popularité", a exhorté l'une des avocates de la défense, Donna Rotunno, lors de sa plaidoirie, jeudi. "L'accusé n'a pas à prouver qu'il est innocent", a-t-elle poursuivi. "Peut-être est-il coupable, il est probablement coupable. Ce n'est pas suffisant."

Durant ce procès, le témoignage de Jessica Mann a été nettement fragilisé par la défense. La trentenaire a en effet admis avoir entretenu une relation avec Harvey Weinstein durant plusieurs années après les faits, marquée par des rapports sexuels sans opposition de sa part. La défense a également présenté au jury des correspondances entre Mimi Haleyi et Harvey Weinstein intervenues après l'agression sexuelle présumée, l'assistante de production usant d'un ton chaleureux et initiant d'elle-même le contact. Tout au long des débats, la défense a cherché à présenter les deux jeunes femmes comme opportunistes, décidées à tirer partie d'Harvey Weinstein pour s'ouvrir les portes d'Hollywood, quitte à consentir à des rapports sexuels.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast ont quant à elles souligné qu'en fait d'opportunités, les deux femmes n'avaient quasiment rien obtenu du magnat d'Hollywood. L'accusation a aussi rappelé qu'aucune d’entre elles n'avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu'elles n'avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès. "Ont-elles semblé heureuses d'être au prétoire?", a lancé vendredi Joan Illuzzi Orbon. "Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l'espoir de faire entendre leur voix."

Un verdict de culpabilité constituerait un tournant majeur pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d'affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations. Si le jury exonérait, au contraire, l'accusé, il fragiliserait le prolongement du mouvement devant les tribunaux. Même en cas d'acquittement, Harvey Weinstein aurait néanmoins encore à répondre d'autres inculpations pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncées début janvier.


Rania HOBALLAH

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