Le fléau des punaises de lit

Punaises de lit : ce que nous apprend l'exemple new-yorkais

Publié le 2 octobre 2023 à 17h12

Source : JT 20h WE

La ville de New York aux États-Unis a été pionnière dans la lutte contre les punaises de lit.
En 2010, la "Grosse pomme" avait en effet dû faire face à un retour en force de ce nuisible après des décennies d'absence.
Si elle n'est pas parvenue à en venir à bout, elle a appris à vivre avec en contenant la prolifération.

La guerre est déclarée. Le gouvernement a annoncé vendredi une réunion, qui aura lieu cette semaine, avec les opérateurs de transport pour "agir davantage" contre les punaises de lit et "protéger" les voyageurs. La mairie de Paris avait réclamé la veille au gouvernement "un plan d'action" contre le "fléau" de cette espèce parasite, en s'alarmant de sa "recrudescence importante". 

Il y a treize ans, la ville de New York aux États-Unis, pionnière dans la lutte contre le petit insecte suceur de sang, avait tiré la sonnette d'alarme dans un contexte similaire. Malgré des efforts considérables déployés pour en venir à bout, la bataille est toujours d'actualité mais la prolifération, elle, est maitrisée. 

Que s'est-il passé en 2010 ?

À titre de repère, le nombre de signalements de Cimex lectularius (bedbugs en anglais) à New York est passé de 537 en 2004 à plus de 24.000 en 2010, sans épargner ni les logements de célébrités tels que Bill et Hillary Clinton, ni les cinémas, ni les bureaux de grandes entreprises, ni même l'Empire State building ou encore les grandes enseignes ayant pignon sur rue. 

C'est ainsi qu'en septembre 2010, Niketown, la boutique phare de la marque de sport à New York avait notamment dû se résoudre à fermer ses portes pour la "sécurité" de ses clients. Avant Nike, l'enseigne de lingerie Victoria's Secret et Abercrombie & Fitch avaient dû faire face au nuisible. Souvent en première ligne des infestations, les hôtels n'avaient bien entendu pas échappé à cette "bedbugmania", y compris certains établissements de luxe comme le Waldorf Astoria. 

Quels moyens de lutte ont été déployés ?

Dans ce contexte, la conseillère municipale Christine Quinn avait lancé un avertissement en juillet depuis les marches de l'hôtel de Ville. "À toutes les punaises de lit à New York : mettez fin à vos jours. Vos jours sont finis, ils sont comptés, nous n'en pouvons plus, nous en avons assez !". 

En août, la ville annonçait la mise en place d'un plan d'action pour lutter contre le nuisible. Un budget d'un demi-million de dollars, soit près de 400.000 euros, avait alors été alloué pour entamer la première phase d'un programme dont la dernière étape reposait sur la création d'une équipe d'experts. Une loi a même été instaurée, obligeant les propriétaires à signaler toute infestation de punaises de lit dans les douze mois précédant une mise en vente ou une location, tout en assumant les frais de désinfection. La gestion des encombrants a aussi été renforcée, avec l'obligation d'emballer hermétiquement les matelas jetés dans la rue, sous peine d’une amende élevée. De même, les sociétés de lutte antiparasitaire se sont multipliées, le coût des traitements oscillant entre 800 et 3000 dollars.

De son côté, l'agence fédérale de protection de l'environnement avait publié des conseils aux particuliers. On y apprenait notamment que pour mieux repérer l'insecte, il fallait s'équiper d'une lampe torche et que l'utilisation d'un sèche-cheveux aidait à les déloger des lieux où elles se cachent. La dernière des recommandations consistait à faire appel à des spécialistes de la désinsectisation, habilités à utiliser des produits qu'on ne trouve pas en libre-service dans le commerce.

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Malgré les moyens déployés, New York n'en a pas fini avec les punaises de lit. La ville figure désormais à la deuxième place du podium des villes les plus infestées derrière Chicago, selon le dernier classement du contrôleur antiparasitaire Orkin. À titre de repère, elle était descendue à la douzième deux ans plus tôt.

Parmi les pistes d'explication avancées : la crise sanitaire du Covid-19 et plus particulièrement la reprise du tourisme et du trafic aérien qui s'en sont suivis, mais également l'engouement croissant à l'égard d'Airbnb. 


Audrey LE GUELLEC

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