Manœuvres militaires près de Taïwan : la Chine entame ses exercices et montre les muscles

Publié le 4 août 2022 à 22h53

Source : Le CLUB

La Chine a entamé ses manœuvres militaires à proximité de Taïwan.
En plus du déploiement de forces maritimes tout autour de l'île, au moins 11 missiles auraient été tirés.
Les pays voisins ont appelé à une désescalade, alors que la zone, sous tensions, semble prête à s'embraser au moindre incident.

La Chine avait promis des représailles. Moins de 24 heures après le départ de Nancy Pelosi de Taïwan, ce qui a été présenté comme les manœuvres militaires chinoises les plus importantes de l'histoire, ont débuté vers midi ce jeudi (soit 6h heure de Paris). Missiles, déploiement de forces maritimes, Pékin a fait étal de sa puissance militaire après la visite controversée de la présidente de la Chambre des représentants américains à Taipei. 

Que s'est-il passé ?

Sous couvert de ces exercices dans six zones maritimes autour de Taïwan, au moins 11 missiles chinois se sont écrasés dans la mer au nord, au sud et à l'est de l'île. Des manœuvres aussitôt condamnées par le ministère taïwanais de la Défense. "Tous les missiles ont atteint leur cible avec précision, testant les capacités de frappe de précision et de déni d'accès" à la zone, s'est félicité de son côté Shi Yi, porte-parole des forces militaires chinoises.

Parmi ces missiles, une série de cinq aurait survolé Taïwan, selon le ministère japonais de la Défense avant que quatre ne tombent dans la Zone Économique Exclusive (ZEE) du Japon. Qualifiant l'incident de "problème grave qui affecte notre sécurité nationale et celle de nos citoyens", le ministre de la Défense nippon, Nobuo Kishi, a précisé que "le Japon avait déposé une protestation auprès de la Chine par la voie diplomatique".

Selon des propos du gouvernement rapportés par le New York Times, le dernier missile a atterri à 80 km au nord-ouest de Yonaguni, une petite île située à l'extrémité sud du Japon et à quelques encablures de Taïwan, dans une zone en dehors de la ZEE nippone. En plus de ces missiles, vingt-deux avions de combat chinois sont brièvement entrés dans la zone de défense aérienne taïwanaise, a annoncé le ministre de la Défense de Taipei lors d'un briefing consacré aux manœuvres militaires chinoises. Ceux-ci auraient été traqués activement par le système de défense anti-aérien taïwanais.

Quels sont les risques ?

Ces manœuvres militaires, qui ont entraîné la violation de zones considérées comme taïwanaise ou japonaise, place toute la région sous tension. Car les événements pourraient rapidement dégénérer en cas d'incidents. Les exercices visent effectivement à simuler un "blocus" de Taïwan et incluent "l'assaut de cibles en mer, la frappe de cibles au sol et le contrôle de l'espace aérien", selon l'agence officielle Chine nouvelle.

Or, "si les forces taïwanaises viennent volontairement au contact de (l'armée chinoise) et viennent à tirer accidentellement un coup de feu, (l'armée chinoise) répliquera avec vigueur et ce sera à la partie taïwanaise d'en assumer toutes les conséquences", a prévenu une source militaire anonyme au sein de l'armée chinoise à l'AFP.

La tension est d'autant plus grande que l'armée chinoise n'a jamais fait de manœuvres aussi proches des côtes taïwanaises. Par ailleurs, certaines des zones d'exercices se positionnent sur des routes maritimes normalement très fréquentées, bloquant donc une partie du commerce maritime. Les tirs à proximité du Japon peuvent également être vus comme des provocations vis-à-vis des États-Unis, alors qu'une base militaire aérienne américaine est située sur l'île japonaise d'Okinawa, placée en pleine mer de Chine orientale.

Comment la situation va évoluer ?

La Maison Blanche a assuré que la situation était surveillée de près, notamment depuis son porte-avions USS Reagan, qui croise actuellement un peu plus au sud, en mer des Philippines. Washington a cependant annoncé avoir décidé de reporter un test de missile intercontinental prévu dans les prochains jours pour éviter une nouvelle escalade des tensions

Tous les pays de la région ont d'ailleurs appelé la Chine à la désescalade. Le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi a ainsi appelé à "l'arrêt immédiat" des manœuvres militaires chinoises, assurant qu'elles avaient "un impact grave sur la paix et la stabilité de la région."

De leur côté, les ministres des Affaires étrangères des dix pays membres de l'ASEAN, réunis en sommet, ont mis en garde contre "tout acte provocateur". La situation peut dégénérer et provoquer "un grave affrontement, des conflits ouverts entre les principales puissances et des conséquences imprévisibles", ont-ils prévenu dans un communiqué.

Ces avertissements ne semblent cependant pas avoir été entendus par l'armée chinoise qui a qualifié ces exercices de prélude à une démonstration de force plus importante afin de punir l'île de la visite de Nancy Pelosi qui, par sa venue, a remis en question les revendications de Pékin sur Taïwan. Les exercices, qui se rapprochent de plus en plus de l'île, ont été annoncés comme devant durer jusqu'à dimanche midi.


Aurélie LOEK

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