Soudan : une guérilla entre généraux embrase le pays

Que se passe-t-il au Soudan, où plus de 400 personnes ont été tuées en une semaine ?

par A.B. avec AFP
Publié le 17 avril 2023 à 9h27, mis à jour le 23 avril 2023 à 8h41
JT Perso
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Source : TF1 Info

Le pays d'Afrique de l'Est est frappé depuis samedi 15 avril par de violents combats.
En cause : la rivalité entre deux puissants généraux.
Le bilan encore très provisoire s'élève à plus de 420 morts et 3.700 blessés, selon l'Organisation mondiale de la Santé.

Le Soudan s'embrase de nouveau. Depuis samedi 15 avril, de violents affrontements touchent ce pays d'Afrique de l'Est, qui traverse une délicate transition depuis la chute, en 2019, du dictateur Omar el-Béchir. En une semaine, plus de 420 personnes ont été tués dans les combats qui touchent notamment la capitale, Khartoum, et qui opposent deux puissants généraux à la tête du pays. TF1info fait le point sur la situation.

Quelles sont les forces qui s'opposent ?

Le conflit couvait depuis des semaines au Soudan entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane - dirigeant de facto du pays - et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti". Les deux hommes - qui ont tous deux servi sous l'ancien dictateur Omar el-Béchir - avaient évincé ensemble les civils du pouvoir lors du putsch d'octobre 2021 avant de retourner leurs armes l'un contre l'autre. Depuis samedi, les combats à l'arme lourde n'ont pas cessé et se déroulent principalement dans la capitale Khartoum et au Darfour, dans l'ouest du pays. L'armée de l'air vise régulièrement - même en plein Khartoum - les QG des Forces de soutien rapide (FSR) d'Hemedti.

Il faut dire que ces ex-miliciens issus des Janjawud, des milices violentes actives dans la très meurtrière guerre du Darfour et devenus les supplétifs officiels de l'armée, sont au cœur du conflit entre les deux généraux. Leur délicate intégration au sein des forces armées régulières bloque tout processus de sortie de crise depuis des semaines. Si l'armée ne la refuse pas, elle veut malgré tout imposer ses conditions d'admission et limiter dans le temps leur incorporation. Le général Daglo, lui, réclame une inclusion large et, surtout, sa place au sein de l'état-major.

Les paramilitaires se disent ainsi inflexibles. Ils "ne s'arrêteront pas avant d'avoir pris le contrôle de l'ensemble des bases militaires", a menacé dimanche sur la chaîne al-Jazeera le commandant Hemedti. Le général Burhane, lui, a assuré par communiqué avoir été "surpris à neuf heures du matin" par une attaque de son QG par les FSR, que l'armée qualifie désormais de "milice soutenue par l'étranger". L'armée a même publié sur sa page Facebook un "avis de recherche" contre Hemedti. Le chef des paramilitaires a aussi qualifié son ancien allié de "criminel ayant détruit le pays".

Une crise qui couvait depuis deux ans ?

Depuis le coup d'État qui a renversé le dictateur Omar el-Béchir en 2019, le Soudan traverse une délicate transition. Alors que les putschistes s'étaient engagés à organiser des élections libres, la situation s'est compliquée en 2021 avec le coup de force d'Abdel Fattah al-Burhane et de Mohamed Hamdane Daglo. Depuis, les affrontements tribaux se sont multipliés et les relations entre les deux hommes forts du pays n'ont cessé de se tendre, Hemedti dénonçant, au fil du temps, le coup d'État. Récemment même, il s'est rangé du côté des civils - donc contre l'armée dans les négociations politiques - bloquant les discussions et donc toute solution de sortie de crise.

Les combats qui ont éclaté ces derniers jours semblent d'ailleurs avoir sonné le glas des négociations, l'armée ayant affirmé que tout retour à des discussions était "impossible avant la dissolution des FSR". Mais sur le terrain, la situation est confuse. L'armée a assuré que les forces d'Hemedti avaient été dissoutes, appelant les paramilitaires à se rendre, mais les FSR ont annoncé avoir pris l'aéroport et le palais présidentiel. Deux affirmations démenties par les forces d'Abdel Fattah al-Burhane. 

Reste que ces combats inquiètent, car selon les spécialistes, le niveau de violence atteint à Khartoum est une première. "C'est la première fois de l'histoire du Soudan depuis l'indépendance (en 1956) qu'il y a un tel niveau de violence dans le centre, à Khartoum", a assuré à l'AFP Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory à Khartoum. "Khartoum est le centre historique du pouvoir et a toujours été l'endroit le plus sûr du Soudan, pendant les guerres meurtrières contre des rebelles" lancées au Darfour et ailleurs dans les années 2000, poursuit la spécialiste.

Quel est le bilan humain ?

Les premières victimes de cette guerre de pouvoir sont les civils. Au moins 185 ont été tués entre samedi et mardi matin, selon le syndicat officiel des médecins, dont un grand nombre à Khartoum. L'organisation a toutefois précisé dans un communiqué que ce nombre n'inclut pas tous les morts, de nombreuses personnes n'ayant pu se rendre à l'hôpital en raison de difficultés de déplacement. Le dernier bilan fait également état de 1800 blessés. Les combattants tués, eux, se comptent par "dizaines", selon les médecins, alors qu'aucun des deux camps n'a annoncé de pertes. 

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Dimanche, trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués dans les combats au Darfour. Une situation qui a conduit le Programme à suspendre son aide dans le pays alors que plus du tiers des 45 millions de Soudanais ont besoin d'aide humanitaire, faisant ainsi redouter le pire dans un État parmi les plus pauvres au monde et où la faim n'a cessé de progresser. 

Quelle est la réaction de la communauté internationale ?

Du côté de la communauté internationale, l'inquiétude est grande et les appels au cessez-le-feu se multiplient. Dimanche, la Ligue arabe et l'Union africaine (UA) se sont réunies en urgence pour demander la fin des hostilités et le retour à une "solution politique". Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahama, a annoncé qu'il allait se rendre "immédiatement" dans le pays "pour engager les parties vers un cessez-le-feu". De son côté, le Tchad a décidé de fermer sa frontière avec le Soudan, alors que la séparation entre les deux pays s'étend sur plus de 1000 km, jouxtant notamment le Darfour.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à "un arrêt immédiat de la violence" alors que le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a exhorté les deux parties à "reprendre les négociations", tweetant dimanche que "les affrontements entre (l'armée soudanaise) et les FSR menacent la sécurité et la sûreté des civils soudanais". La France, elle, a réitéré dimanche "son appel à tout mettre en œuvre pour faire cesser les combats et prévenir toute escalade" et appelle au "plein respect de la protection due aux personnels humanitaires", dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. 


A.B. avec AFP

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