Qui sont ces milices anti-fédérales qui haïssent l'Etat américain ?

TF1
Publié le 26 juin 2020 à 20h30

Source : TF1 Info

ENQUÊTE - Certaines d'entre elles sont devenues, selon les autorités américaines, la nouvelle menace extrémiste. Aux Etats-Unis, de nombreuses milices se sont crées au cours des dernières années. Nous sommes allés à la rencontre de membres de ces organisations armées pour lesquels l'Etat Fédéral est l'ennemi à abattre.

Elles sont discrètes, armées jusqu'aux dents, votent Trump de façon ultra-majoritaire et s'opposent à tout ce qu'elles estiment être imposé par l'Etat Fédéral. Aux Etats-Unis, on compte environ 200 milices, composées pour la plupart d'anciens Marines aux idées très ancrées à droite. Ces dernières semaines, elles ont multiplié les coups de force pour protester le confinement. Dans le Michigan, des dizaines d’hommes armés ont même envahi le capitole pour réclamer la réouverture du pays.  Qui sont ces groupes d'hommes armées qui se préparent au pire ? Comment fonctionnent-ils ? 

L'Etat fédéral comme ennemi

En Virginie, Chris Hill est le chef de la milice "Three Percenters". Cet ancien Marine réunit ses "troupes" une fois par mois pour un entraînement. Leur moteur ? La détestation de l'Etat Fédéral. Avec le sentiment de crouler sous les règles, dont celles édictées récemment en raison de la crise sanitaire du coronavirus, ils estiment payer trop d'impôts, que les armes à feux sont trop contrôlées et se disent prêts à attaquer la police ou les autorités pour rester libres. Chris Hill, qui se fait appeler "Général" a créé cette milice armée en 2008, lorsque Barack Obama est arrivé au pouvoir. 

Il a estimé qu'il devait se défendre lui-même. "Il peut y avoir une révolution un jour, une guerre civile, une rébellion… on ne peut pas compter sur la chance, si ça arrive, faut être prêts", dit-il. D'ailleurs, ils se préparent, au cas où ils viendraient à croiser des Antifas, avec qui les affrontements sont fréquents. Ce jour-là, les "Three Percenters",  dont le nom a pour origine la croyance que seulement trois pour cent des habitants ont combattu lors de la révolution américaine manifestent contre le contrôle des armes à feu, avec des munitions. Et lorsqu'on lui demande s'ils sont prêts à tirer en cas d'attaque, la réponse est sans équivoque : "Bien sûr on fait feu", dit-il. 

Dans une version plus modérée, Matt Marshall dirige la section des "Three Percenters", de l'Etat de Washington. Leur stratégie est différente de la version de Chris Hill. Ils veulent changer le système de l'intérieur, et se présentent à des élections. D'ailleurs, ils disent s'identifier, sur de nombreux points aux Gilets Jaunes français. "On soutient leurs combats, comme nous il essaient d'avoir moins de taxes, et d'être mieux représentés par les politiques", dit Scott. Mais toutes ces milices ne sont pas aussi modérées que le groupe dirigé par Scott et nombre d'entre elles ont été des inspirations pour certains terroristes américains. 

De l'attentat d'Oklahoma City au mouvement Boogaloo

Dans le passé, certains membres de ces milices ont tristement endeuillé les Etats-Unis. En 1995, le terroriste Timothy McVeigh a fait sauter une voiture remplie d'explosifs devant un bâtiment fédéral d'Oklahoma City faisant près de 170 morts. Il voulait lancer une révolte anti-gouvernementale. En 2014, dans le Nevada, c'est la révolte armée "Vous n'aurez pas nos terres", qui est devenue célèbre : une famille de fermiers, soutenus par des miliciens, a affronté la police, car l'Etat Fédéral leur demandait de payer des droits sur une terre qu'ils estimaient être la leur. Bilan : un milicien mort. "On ne voulait tuer personne, explique ce milicien, qui a participé au siège. Les autorités ont poussé au dérapage". "On se battait contre la corruption du gouvernement", estime Scott.

Plus récemment encore, un mouvement d'extrême droite dont les adeptes lourdement armés ont perturbé les récentes manifestations antiracistes aux Etats-Unis suite à la mort de George Floyd. Le mouvement "Boogaloo", un genre de musique cubain, est utilisé depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux en référence à une nouvelle guerre civile. Ce mouvement est devenu la nouvelle source d'inquiétude des autorités américaines. Il est organisé, rassemble des activistes anti-gouvernement et pro-armes à feu, des néo-nazis et des suprémacistes blancs. 

Ce qui les rassemble, c'est leur haine de la police et des autorités et leur propension à porter des fusils d'assaut et des tenues militaires sur des chemises hawaïennes. Ils communiquent par le biais des réseaux sociaux. Beaucoup d'entre eux disent avoir voté Trump aux dernières élections, notamment pour sa position sur les armes. Ces milices ont grossi leurs rangs ces dernières semaines avec des opposants au confinement et malgré leurs manifestations souvent violentes, le président des Etats-Unis n'a jamais condamné leurs actions. 


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