Ce week-end, des habitants de Shanghai sont descendus dans la rue pour contester le confinement draconien qui leur est imposé.Mais la répression chinoise s'est faite aussitôt sentir, tant physiquement que sur les réseaux sociaux.
Pour certains habitants de Shanghai, le confinement strict imposé par le gouvernement depuis près de deux semaines vire au supplice. Une dame âgée a notamment été filmée par ses voisins en train de pousser un cri retentissant, tandis qu'elle se faisait transporter de force hors de chez elle par les autorités sanitaires après avoir été testée positive au Covid-19. Plus tôt dans la semaine, ce sont des habitants d'un autre quartier de la ville, également filmés, qui s'époumonaient après avoir été trainés de force à l'extérieur de leur résidence, réquisitionnée pour être transformée en centre de quarantaine.
Les citadins ont alors tenté, pour la première fois ce samedi 16 avril, de résister à ces membres de la police, vêtus de combinaisons blanches anti-Covid, qui déambulent dans les rues. Si début avril, les habitants de Shanghai sifflaient et criaient à leurs fenêtres, ils sont désormais descendus battre le pavé pour contester, en dépit des restrictions sanitaires en vigueur. "C'est à la fois le cœur de l'économie chinoise qui est touchée, mais aussi la classe moyenne", explique Valérie Niquet, spécialiste de la Fondation pour la recherche stratégique, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Une classe moyenne "qui est la plus connectée vers l'extérieur, celle qui, sans doute, soutenait le régime pour sa stabilité. Mais qui réalise, tout d'un coup, quelles sont les conséquences dramatiques des prises de décision par Pékin."
La censure va probablement se renforcer dans les jours à venir
Alice Ekman, analyste de l'Asie à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne
Alors que les habitants de Shanghai, rationnés, se retrouvent sans vivres, et voient leurs vidéos de contestations supprimées des réseaux sociaux locaux, la situation commence à inquiéter le reste de la population chinoise, notamment les habitants de Pékin. Certains d'entre eux font déjà des stocks de nourriture de peur d'être confinés à leur tour et de se retrouver sans ressources. "Le risque pour le Parti communiste chinois (PCC), c'est l'effet domino de la contestation (partout à travers le pays)", confirme Alice Ekman, analyste de l'Asie à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (UE). "Face à ce désir d'expression, le PCC n'accordera pas de marge de manœuvre. La censure va probablement se renforcer dans les jours à venir". Les autorités ont déjà déployé des drones à Shanghai qui martèlent aux citoyens chinois de "maîtriser (leurs) envies de libertés sur Internet."
À seulement quelques mois du vingtième Congrès du Parti communiste chinois (PCC), où Xi Jinping joue sa réélection, le gouvernement persiste à mener sa politique "zéro covid". Pourtant, elle montre de plus en plus son inefficacité : ce samedi 16 avril, la capitale économique a enregistré 24.820 nouveaux cas positifs au Covid-19, dont 21.582 sont asymptomatiques.