ESPAGNE - Selon le gouvernement de Catalogne, le "oui" à l'indépendance l'a emporté à 90% lors du référendum d'autodétermination organisé dimanche. Sport, économie, politique... focus sur les conséquences de ce résultat historique.
La Catalogne sur le chemin de l’indépendance. Le parlement régional a adopté ce mercredi une loi permettant l’organisation, le 1er octobre prochain, d’un référendum. La question posée aux 7,5 millions d’habitants (16% de la population) sera simple : "Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous forme de république ?" L'issue du scrutin, elle, s'annonce plus serrée : un sondage commandé au début de l'été par le gouvernement régional indiquait que 49,4% des Catalans étaient contre la sécession, et 41,06% pour. Finalement, c'est le "oui" qui l'a emporté à 90% dimanche, selon le gouvernement catalan. LCI vous présente les enjeux d'un vote historique pour l'avenir de l'Espagne.
Comment en est-on arrivé là ?
Le détonateur de la crise a été, en 2010, l'annulation partielle par la Cour constitutionnelle du nouveau "Statut d'autonomie de la Catalogne", à la demande du parti du chef du gouvernement Mariano Rajoy. Le texte adopté en 2006 par le Parlement espagnol accordait des compétences élargies à cette région et la définissait comme étant une "nation" à l'intérieur de l'Etat espagnol. Après avoir remporté les élections régionales en septembre 2015, les séparatistes ont promis de chercher à conduire la Catalogne vers son indépendance.
Qu'en pense le pouvoir central ?
Le gouvernement n'a qu'un but : interdire l'organisation du scrutin. Pour une raison simple : il n'est pas légal, comme nous l'explique Bernard Bessière, Professeur des Universités au Centre Aixois d'Etudes Romanes et spécialiste de l'Espagne contemporaine : "Le pays va au clash car les Catalans s'assoient sur la Constitution, ils n'en ont que faire. Mariano Rajoy, lui, ne fait que dire la loi et la Constitution, qui prévoient que ce référendum ne peut pas se tenir." En conséquence, la Cour constitutionnelle d'Espagne, plus haute autorité du pays a menacé cette semaine tous ceux qui sont impliqués dans l'organisation du scrutin : des membres du gouvernement catalan, mais aussi les directeurs de la télévision et de la radio publiques régionales, ou encore le chef de la police catalane. Egalement visés par la Cour, les 948 maires de la région, qui ont été enjoints de "respecter la suspension de la consultation en les avertissant de leurs éventuelles responsabilités, y compris pénales". Enfin, des enquêtes sur d'éventuels préparatifs du référendum devraient être menées avec l'aide de la Garde Civile et de la police catalane, et les instruments destinés au vote devraient être saisis.
Pourquoi cela semble n'avoir guère d'effets ?
Car le parlement régional refuse de plier le genou. Celui-ci a en effet adopté en accéléré jeudi soir - par 71 voix sur 135 - une loi dite "de transition juridique, fondatrice de la République" catalane. Elle serait activée en cas de victoire du "oui" au référendum du 1er octobre. Selon les sécessionnistes, le texte servirait alors de "loi fondamentale" temporaire dans leur région, jusqu'à l'approbation d'une Constitution catalane ratifiée par référendum.
Quelles conséquences politiques pour la victoire du "oui" ?
La Catalogne indépendante, née d'une éventuelle victoire au référendum, exercera le contrôle de ses frontières terrestres, maritimes et aériennes comme des douanes, ont expliqué les indépendantistes en présentant un texte de loi destiné à encadrer ce processus. "La victoire du 'oui' entrainerait l'isolement total de la Catalogne, au sein de l'Espagne - puisqu'ils seraient en sécession - mais aussi vis-à-vis de l'Europe. L'existence d'une Catalogne en tant que telle n'est pas prévue", précise Bernard Bessière. Avant d'ajouter : "Pour rappel, la Constitution espagnole de 1978 avait été approuvée par Madrid à 88%. En Catalogne, il y avait eu 92% de oui… Ils ont été les premiers à l'adopter ; aujourd'hui, ils la violent."
Et les conséquences économiques ?
Elles seraient considérables, la Catalogne représentant 20% du PIB espagnol. Le tourisme, lui, crée 14% de la richesse de Barcelone et 65.000 emplois directs. Preuve de la confiance qui s'est emparée des indépendantistes, le gouvernement séparatiste a présenté au début du mois son nouveau Trésor public. Le président régional l'assure : il aura les capacités nécessaires pour prélever l'impôt dans un éventuel Etat indépendant. En outre, ils ont d'ores et déjà prévu la mise en place d'une administration fiscale, d'une sécurité sociale, d'une diplomatie propre... Une richesse qui ne serait cependant qu'une illusion, nous assure Bernard Bessière : "La Catalogne n'est pas si riche : elle est même la région la plus endettée d'Espagne. N'oublions pas qu'il y a trois ans, au cœur de la crise, le gouvernement est venu à son aide pour éviter une suspension de paiement. "
Et le sport dans tout cela ?
Les autorités sportives espagnoles ont souvent répété que le Barça et les clubs catalans seraient exclus des compétitions nationales en cas de sécession de la Catalogne. En 2015, le président de la Ligue de football professionnel (la Liga) Javier Tebas avait expliqué que la législation en vigueur ne permettait pas à des clubs issus d'Etats étrangers d'évoluer en Liga, exceptées les équipes de la principauté d'Andorre. Outre le FC Barcelone, club omnisports disposant d'équipes de football, de basket, de hand ou encore de futsal, plusieurs autres clubs catalans évoluent dans les compétitions espagnoles.
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