Remise en liberté, la dirigeante financière du groupe Huawei quitte le Canada pour la Chine

Publié le 25 septembre 2021 à 11h01
Huawei
Huawei - Source : DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

SAGA JUDICIAIRE - La dirigeante financière du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou, a été remise en liberté et est rentrée en Chine vendredi. Deux Canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, détenus en Chine depuis fin 2018, ont également été libérés dans la foulée.

C'est la fin d'une saga diplomatico-judiciaire de trois ans. La directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou, assignée à résidence au Canada depuis 2018, a été remise en liberté et a quitté le pays ce vendredi pour la Chine. Une juge canadienne a en effet clôturé la procédure d'extradition vers les États-Unis, quelques heures après un accord entre Washington et Huawei permettant à la directrice financière de rentrer en Chine. 

La fille du fondateur de Huawei avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l'aéroport de Vancouver à la demande de Washington, qui voulait la juger notamment pour "fraude bancaire"

Vers un abandon des poursuites ?

Le départ de Meng Wanzhou pour la Chine est la concrétisation d'un accord spectaculaire rendu public vendredi par un tribunal de New York entre le ministère de la Justice et le mastodonte chinois des télécoms. Lors d'une audience publique du tribunal fédéral de Brooklyn, le représentant du ministère de la Justice David Kessler avait proposé de "reporter" jusqu'au 1er décembre 2022 les "poursuites" engagées depuis fin 2018 contre Meng Wanzhou, notamment pour "complot" en vue de commettre une "fraude bancaire".

L'accord, entériné et qualifié de "sérieux" par le tribunal fédéral de Brooklyn prévoyait aussi que Washington recommande à Ottawa de faire "libérer" Mme Meng et abandonne de facto toute demande d'extradition.

La justice américaine accusait la numéro 2 du géant chinois des télécoms d'avoir menti à un cadre de la banque HSBC lors d'une rencontre à Hong Kong en 2013, à propos des liens entre le groupe chinois et une filiale nommée Skycom qui vendait des équipements à l'Iran, exposant l'établissement à des sanctions américaines. D'après le ministère de la Justice, Meng Wanzhou a reconnu qu'elle avait fait à l'époque "de fausses déclarations" et "dissimulé la vérité" au cadre de HSBC sur les "activités de Huawei en Iran".

Si l'accord en justice n'est pas contesté ou rompu d'ici le 1er décembre 2022, les poursuites seront définitivement abandonnées, selon Washington. Ce samedi, Huawei a réagi en affirmant que le groupe "continuera à se défendre contre ces allégations".  

Au cours des trois dernières années, ma vie a été bouleversée
Meng Wanzhou

"Au cours des trois dernières années, ma vie a été bouleversée. C'était une période perturbante en tant que mère, femme et cadre d'entreprise", a-t-elle regretté devant la presse. Surnommée la "princesse" de Huawei, la dirigeante de 49 ans a toujours nié les accusations et a plaidé "non coupable" vendredi.

Depuis son avion, elle a posté un message sur les réseaux sociaux chinois remerciant "le parti et le gouvernement". "C'est cette nuance de rouge brillant chinois qui [...] me conduit sur le long chemin du retour", a-t-elle écrit.

Deux Canadiens accusés d'espionnage libérés en Chine

Peu après, dans ce qui a été appelé la "diplomatie des otages", le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé la libération de deux ressortissants canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, détenus en Chine depuis fin 2018. Le premier, ex-diplomate et le second, homme d'affaires,  avaient été arrêtés pour espionnage, provoquant une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Pékin. Leur détention avait notamment été perçue par le Canada comme une mesure de représailles après l'arrestation de Meng Wanzhou à la demande des États-Unis.

"Ces deux hommes ont vécu pendant plus de 1.000 jours une épreuve épouvantable. Ils ont fait preuve de détermination, de grâce, de résilience à chaque étape et ils sont une inspiration pour nous tous", a-t-il ajouté. Ils sont attendus au Canada samedi.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rapidement salué la décision des autorités chinoises de libérer les deux Canadiens après leur détention "arbitraire".


La rédaction de TF1info

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