Rencontre Pérès-Abbas au Vatican : le pape dans "un souci d'égalité entre Palestiniens et Israéliens"

Publié le 8 juin 2014 à 11h18
Rencontre Pérès-Abbas au Vatican : le pape dans "un souci d'égalité entre Palestiniens et Israéliens"

INTERVIEW - Le pape François effectue dimanche un geste historique et inédit en recevant Shimon Peres et Mahmoud Abbas au Vatican. Metronews vous propose de redécouvrir l'interview de l'historien des religions Odon Vallet, réalisée fin mai, lorsque François avait lancé cette invitation lors de son voyage en Terre Sainte.

Le pape François a invité les deux chefs d'Etat palestinien et israélien à se réunir autour de lui au Vatican afin de prier pour la paix. A-t-il franchi un nouveau pas avec cette invitation lancée lors de son voyage en Terre-Sainte ?
Dans une certaine mesure seulement. Le Pape François est le premier pape à inviter à Rome les deux dirigeants israélien et palestinien, mais il a pris soin de se placer dans le sillage de ses prédécesseurs en Terre Sainte, Paul VI en 1964, Jean-Paul II en 2000 et Benoît XVI en 2009. Il a souligné que ce voyage était un pèlerinage au cours duquel le plan religieux devait prendre le dessus sur le plan  politique. Il n'a pas eu de prise de position extraordinaire, c'est impossible là-bas car tout est sensible. Finalement, ce voyage, ce n'est pas un pas en avant mais ce n'est pas non plus un pas en arrière. Et ce n'est déjà pas si mal.

Cette invitation a été acceptée par le président palestinien Mahmoud Abbas et saluée par le chef de l'Etat israélien Shimon Peres. Cela ne peut-il pas aider à débloquer le dossier israélo-palestinien?
Non, l'efficacité du Saint-Siège est forcément très limitée. Le pape va être très prudent parce qu'il doit tenir compte des sensibilités des uns et des autres. Il ne faut pas oublier par exemple qu'il y a treize confessions chrétiennes à Jérusalem. Avec son invitation à la paix et au dialogue, le pape s'efforce de respecter un souci d'égalité entre les Palestiniens et les Israéliens, tout en sachant que la situation n'a jamais été aussi tendue dans la région. De toute façon, ce n'est pas le rôle du pape de rentrer dans la polémique.

Le pape François avait prié devant le mur des Lamentations à Jérusalem. A-t-il voulu envoyer un signal fort?
Encore une fois, il est tenu à une extrême prudence. Il s'est attardé devant le mur, c'est suffisant pour contenter les Israéliens et ce n'est pas excessif pour les Palestiniens. Paul VI avait, il y a 50 ans, rencontré pour la première fois le patriarche orthodoxe, puis Jean-Paul II avait glissé un petit billet sur le mur des lamentations, enfin Benoît XVI avait fait un voyage plus étoffé d'une semaine entière, contre trois jours cette fois-ci pour le pape François.

L'image du pape est-elle sortie renforcée de ce voyage?
Pas vraiment, non seulement parce que par rapport à ses prédécesseurs, la couverture du voyage du pape François en Terre Sainte a été moindre mais aussi parce que l'état de grâce du souverain pontife, un an et deux mois après son élection, est en partie terminé. On ne sent plus la même passion, ni le même intérêt énorme pour ses prises de position qu'au début de son pontificat.


Laurence VALDÉS

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