REPORTAGE - Port-au-Prince : l'exil, seul salut des Haïtiens face à la violence ?

par La rédaction de TF1info | Reportage : Michel Scott, Antoine Pocry
Publié le 15 avril 2023 à 18h55

Source : JT 20h WE

Le chaos règne en Haïti, où des quartiers de la capitale sont aux mains de gangs criminels.
Le quotidien des Haïtiens est devenu invivable, entre violence et misère.
TF1 a rencontré certains des innombrables candidats à l'exil, leur seule alternative.

Une foule immense se presse aux portes des locaux administratifs de Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Des milliers de personnes en détresse, parfois même en panique, qui se heurtent inlassablement aux policiers armés qui gardent les portes. "Je viens depuis un mois chaque jour, et c'est toujours comme ça !", se désespère une jeune femme dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Comme la plupart des Haïtiens massés ici, elle n'a qu'une destination en tête : "les États-Unis !".

Ils sont tous en quête d'un sauf-conduit qui leur permettrait de fuir cette terre en proie à la violence des gangs. Ici, on n'en n'octroie que quelques-uns, mais en quantité insuffisante pour satisfaire l'énorme demande. Depuis peu, de nouveaux visas sont accordés pour ceux qui veulent migrer vers les États-Unis. Si l'exil est de longue date un des seuls recours pour les Haïtiens qui veulent échapper à la série de malheurs qui frappent le pays, la foule qui se masse aux portes de l'administration prend cette fois les dimensions d'un exode.

Quitter le pays ou changer de quartier

Vu la situation chaotique dans laquelle est plongé le pays, tous veulent partir. L'atmosphère dans la capitale est celle d'une ville en guerre, aux mains des gangs criminels. Pour ceux qui n'ont pas les moyens de fuir à l'étranger, la seule alternative est de tenter de déménager dans des quartiers tout aussi pauvres, mais moins dangereux. 

Le fléau des enlèvements

Environ treize ans après le séisme qui a ravagé le pays, les habitants de Port-au-Prince font désormais face aux rackets, aux fusillades et aux enlèvements. Quelle que soit sa position sociale, chacun ici peut être kidnappé. Notre envoyé spécial a pu rencontrer un homme tout juste libéré, après un mois de captivité. Il lui raconte les tortures, enregistrées pour effrayer les familles et les inciter à payer les rançons.

Dans ce contexte presque impossible, de rares ONG continuent encore leur mission, comme MSF (Médecins sans frontières) qui maintient tant bien que mal des hôpitaux ouverts. Les soignants parlent de blessures de guerre. La moitié des lésions traitées ici sont des blessures par balles. 

Le drame d'Haïti, c'est qu'aucune autorité n'est plus en mesure de reprendre le contrôle du pays. Le seul État francophone des Caraïbes était déjà l'un des plus pauvres d'Amérique, et s'enfonce maintenant dans une violence sans fin. Pour beaucoup, le seul espoir réside dans une fuite migratoire bien incertaine.


La rédaction de TF1info | Reportage : Michel Scott, Antoine Pocry

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