REPORTAGE - Guerre en Ukraine : quand des réfugiés doivent rentrer chez eux, près du front

par M.L | Reportage : Florence de Juvigny, Fabrice Amzel et Guillaume Aguerre
Publié le 16 avril 2023 à 18h49

Source : JT 13h WE

Depuis le début du conflit, les combats ont poussé plus de cinq millions de personnes à fuir leur maison, sans quitter l'Ukraine.
S'ils sont pris en charge, beaucoup de ces réfugiés intérieurs peinent à subvenir à leurs besoins loin de chez eux.
Faute de moyens, certains sont contraints de rentrer près du front, avec l'angoisse d'un quotidien sous les bombes.

Depuis un an déjà, la famille de Nathalie a trouvé refuge à 250 km de chez eux, du Donbass et de la guerre. "Je suis partie avec ce que j'avais sur moi, et les enfants", se souvient cette Ukrainienne dans le reportage du 13H de TF1 en tête d'article. Dans ce centre d'accueil de Dnipro, dans le centre-est du pays, tous les quatre cohabitent dans un appartement exigu de 20 m² à peine, où les affaires s'entassent. Mais ils n'ont en revanche aucun loyer à payer. 

La mère de famille ne gagne que l'équivalent de 180 euros par mois, tandis que son mari, technicien agricole, peine à trouver du travail en ville. "On traverse tous la même épreuve, aucun de nous n'a voulu se retrouver là", constate-t-elle. "C'est très compliqué pour moi... Je sais que je dois m'adapter, mais ça demande beaucoup d'efforts." 

Depuis le début du conflit, près de huit millions de personnes ont quitté l'Ukraine selon l'ONU, mais ils sont aussi 5,3 millions à avoir été déplacés par la guerre à l'intérieur du territoire. Parmi eux, près de deux millions se trouvent dans l'Est du pays, selon l'Organisation Internationale pour les Migrations

De retour dans la gueule du loup

Une part importante des dizaines de milliards de dollars de fonds d'aide internationale perçus par Kiev au fil des mois a permis d'assurer la prise en charge de ces déplacés internes, sans que cela suffise toujours à leur offrir des conditions de vie dignes. La ville de Dnipro compte un deuxième refuge, où "il y a tout le confort, tout comme à la maison", se réjouit une femme. Mais le quotidien y reste encore précaire : chaque adulte reçoit une aide de l'État, l'équivalent de 50 euros par mois, mais cela ne suffit pas à payer ne serait-ce que le chauffage, dont la facture grimpe en moyenne à 70 euros par mois. 

Certains prennent alors la décision de repartir, de reprendre le train en direction du front, pour revenir dans le Donbass, contraints de revivre sous les missiles quotidiens. C'est le cas d'Irina : après huit mois d'exil, elle est de retour chez elle, dans une commune encore éloignée du front, mais peut-être pas pour longtemps. Les combats s'en rapprochent dangereusement. "On n'avait pas le choix, tout simplement pas le choix", confie pourtant cette femme de 54 ans, qui s'exprime à visage caché, assise sur le banc d'un parc. Faute d'argent et de pouvoir trouver un emploi, elle se retrouve sans aucune alternative. 

Sa vie de réfugiée lui a coûté près de 2000 euros, l'obligeant à dilapider toutes ses économies. "Si j'avais eu assez d'argent, jamais je ne serais rentrée. Quand il y a des frappes et quand je vois la peur dans les yeux de mes enfants, je m'en veux terriblement", glisse-t-elle. D'autres habitants qui se retrouvent dans la même situation ont refusé de témoigner, par peur des représailles : si les Russes viennent un jour à prendre la ville, eux seront toujours là. 


M.L | Reportage : Florence de Juvigny, Fabrice Amzel et Guillaume Aguerre

Sur le
même thème

Tout
TF1 Info