Annexions, mobilisation... Poutine choisit l'escalade

REPORTAGE - Ukraine : Donetsk, une ville à l'heure de la "mobilisation générale" des séparatistes pro-russes

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Liseron Boudoul et Gilles Parrot
Publié le 20 février 2022 à 20h00, mis à jour le 21 février 2022 à 10h00
JT Perso

Source : JT 20h WE

Au terme d'un week-end qui aura vu la ligne de front se réveiller au Donbass mais aussi la valse des entretiens diplomatiques reprendre plus que jamais, difficile de savoir l'Ukraine est au seuil de la guerre.
Mais sur le terrain, les séparatistes soutenus par Moscou se préparent dans l'Est du pays, notamment à Donetsk.

Dans la nuit, des tirs à l’arme lourde ont résonné jusqu’au cœur de Donetsk, l’une des deux "Républiques" du Donbass partiellement contrôlées par des séparatistes prorusses, à l’Est de l’Ukraine. Ce dimanche matin, les envoyés spéciaux du 20H de TF1 ont pu constater que les rues et les rideaux des enseignes fermés, comme le montre le reportage en tête d’article. Aucune activité, sauf à l’école de la commune, transformée en centre de recrutement de civils qui veulent apporter leur soutien à la "mobilisation générale", proclamée samedi par les dirigeants des sécessionnistes ralliés à Moscou.

Ces annonces interviennent au moment où les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont signalé avoir constaté une "augmentation spectaculaire" des violations du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, avec un record de 1500 violations en 24 heures samedi. Des attaques dont les deux camps s’accusent mutuellement. Une trêve est pourtant censée être en vigueur sur ce front, où séparatistes prorusses et forces ukrainiennes s'affrontent depuis 2014. Mais elle est fragilisée par un regain de tensions entre l’Ukraine et la Russie, qui a massé quelque 150.000 de soldats à la frontière du pays et est déjà prête, selon les États-Unis, à envahir le pays.

"Je suis prêt à mourir pour défendre ma famille"

Parmi les nouvelles recrues qui ont répondu à l’appel des rebelles, Sergueï, un jeune homme qui n'a pas peur d'aller combattre les forces ukrainiennes, assure-t-il. "Je suis prêt à mourir pour défendre ma famille, parce que je ne veux pas qu’elle soit menacée", confie le volontaire. Parmi tous ces hommes qui souhaitent défendre leur Donbass pro-russe, quelques anciens combattants, comme Ivan, qui a conservé son livret militaire "du temps de l’Union Soviétique". "Maintenant je suis prêt à me battre, ils vont me donner une arme", lance-t-il d’un air déterminé.

Tous ceux qui s’engagent sont acheminés par bus sur leurs unités d’affectation et certains d’entre eux vont rejoindre le front dans les heures qui viennent. Un front qui n’est jamais loin, comme le rappellent les tirs fréquents. Près de l’aéroport de Donetsk, les envoyés spéciaux de TF1 doivent s’équiper rapidement après avoir été surpris par une salve, et s’écarter de leur voiture qui pourrait être prise pour cible, tandis que les tirs d’obus s’enchaînent. Ils proviennent des positions ukrainiennes, à cinq kilomètres de là.   

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Profitant d'une accalmie, les journalistes sont de retour dans un quartier au Nord de Donetsk, à Poutilovka, mais des tirs y résonnent encore. Natalia, une épicière, est à bout de forces. "Les politiciens de Kiev ne sont jamais venus nous voir ici. Que Dieu mette fin à tout ça !", lance-t-elle, la voix chevrotante. "J’ai tout le temps peur pour mes enfants, j’en ai trois, et le plus petit a deux ans." Certains habitants ont même commencé un exode, et se sont réfugiés par milliers en Russie.

Les présidents français Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine ont convenu de leur côté ce dimanche de tout faire pour aboutir rapidement à un cessez-le-feu dans l'est ukrainien, et ont assuré privilégier la voie diplomatique pour régler cette crise, a annoncé l'Élysée. Mais alors que le front s’enflamme autour de Donetsk, les habitants, eux, se sentent de plus en plus seuls et ne croient déjà plus à la paix.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Liseron Boudoul et Gilles Parrot

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