Répression de Tiananmen : 33 ans après, les commémorations censurées en Chine, interpellations à Hong Kong

C.G
Publié le 4 juin 2022 à 18h31
Cette photo montre des bougies électriques lors d'un entretien avec l'ancien membre du comité permanent de l'Alliance de Hong Kong, Chiu Yan-loy, à l'occasion du 33e anniversaire de la répression de la place Tiananmen en 1989, à Hong Kong, le 4 juin 2022.
Cette photo montre des bougies électriques lors d'un entretien avec l'ancien membre du comité permanent de l'Alliance de Hong Kong, Chiu Yan-loy, à l'occasion du 33e anniversaire de la répression de la place Tiananmen en 1989, à Hong Kong, le 4 juin 2022. - Source : DALE DE LA REY / AFP

La police était déployée en nombre aux abords du parc Victoria à Hong Kong, samedi 4 juin.
À l'occasion du 33e anniversaire de la répression de la place Tiananmen à Pékin (Chine), les commémorations étaient interdites.
Plusieurs personnes ont été interpellées.

La Chine cherche à "effacer les souvenirs" de la sanglante répression de Tiananmen. C'est ce qu'a dénoncé Antony Blinken le chef de la diplomatie américaine, samedi 4 juin.

À l'occasion du 33e anniversaire de la répression de la place Tiananmen à Pékin (Chine), les forces de l'ordre étaient déployées en nombre à Hong Kong pour éviter tout rassemblement public, obligeant ceux qui souhaitent commémorer cet événement sanglant à le faire discrètement.

Participer à une assemblée "non autorisée" est passible de cinq ans de prison

En Chine, participer à une " assemblée non autorisée" est passible de cinq ans de prison. Cette mesure restrictive concerne en particulier le parc Victoria, où une veillée aux chandelles rassemblait autrefois des dizaines de milliers de personnes le 4 juin. Une grande partie du parc a fermé ses portes dès la soirée du vendredi 3 juin et la police était massivement déployée, samedi 4 juin, aux alentours.

La police de Hong Kong a interpellé plusieurs personnes samedi pour des tentatives présumées de commémoration en public du 33e anniversaire de la répression du mouvement prodémocratie de la place Tiananmen à Pékin. Plusieurs journalistes ont vu au moins une demi-douzaine de personnes être emmenées par la police.

Dans la soirée, de nombreux passants dans les environs du parc Victoria ont allumé la lampe de leur téléphone portable, à défaut d'allumer des chandelles. La police leur a donné l'ordre, par haut-parleur, de les éteindre, en les prévenant qu'ils étaient en train de violer la loi.

Certaines personnes ont été contrôlées et fouillées pour avoir porté des vêtements noirs, pour tenir à la main des fleurs ou encore, dans un cas, un jouet en forme de tank. D'autres ont laissé des chandelles allumées dans des cabines téléphoniques ou ont distribué aux passants de petits autocollants figurant des bougies.

Antony Blinken a rendu hommage aux "courageux manifestants"

Sur Twitter, qui est bloqué en Chine, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rendu hommage aux "courageux manifestants" qui avaient "réclamé pacifiquement la démocratie sur la place Tiananmen" avant d'ajouter que "malgré la suppression des monuments commémoratifs et les tentatives d'effacer l'histoire, nous honorons leur mémoire en promouvant le respect des droits humains partout où ils sont menacés".

En réaction, un porte-parole du bureau du ministère chinois des Affaires étrangères de la ville a déclaré que celui-ci "rejetait fermement et condamnait fermement" ces déclarations.

Les autorités chinoises s'efforcent d'effacer Tiananmen de la mémoire collective

Pour rappel, le 4 juin 1989, le régime communiste avait envoyé des chars et des troupes pour réprimer les manifestants pacifiques qui, depuis des semaines, occupaient l'emblématique place du centre de Pékin pour réclamer un changement politique et la fin de la corruption systémique.

L'écrasement du mouvement par les autorités avait fait des centaines de morts, voire plus d'un millier selon certaines estimations. Depuis ce jour tragique, les autorités chinoises s'efforcent d'effacer Tiananmen de la mémoire collective.  Les manuels d'histoire n'en font pas mention et les discussions en ligne sur ce sujet sont systématiquement censurées.

Si en Chine évoquer les événements de 1989 a toujours été tabou, Hong Kong faisait partie des exceptions jusqu'en 2020. Mais Pékin a alors imposé à la région semi-autonome une loi draconienne sur la sécurité nationale pour étouffer toute dissidence, après les gigantesques manifestations prodémocratie de 2019.

Des veillées seront cependant organisées dans le monde entier. Le groupe de défense des droits Amnesty International a coordonné des manifestations à la bougie dans 20 villes pour "demander justice et être solidaire avec Hong Kong".


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