REVERS - Le candidat du parti AKP, au pouvoir en Turquie, a perdu les élections municipales à Istanbul face à Ekrem Imamoglu, candidat de l'opposition. Une véritable défaite pour le président Recep Tayyip Erdogan, le scrutin reflétant les difficultés rencontrées par son parti.
Ekrem Imamoglu s'impose à Istanbul. Le candidat et opposant à Recep Tayyip Erdogan aux élections municipales à Istanbul a remporté le scrutin. Imamoglu a obtenu 54% des voix contre 45% pour l'ancien Premier ministre Binali Yildirim, candidat du parti AKP de Recep Tayyip Erdogan. Le candidat du parti social-démocrate CHP a obtenu près de 800.000 voix de plus que son rival, selon les résultats provisoires.
Un scrutin qui fait suite à une première élection qui s'est tenue en mars, mais qui avait été invalidée après des recours du parti islamo-conservateur du président, arguant d'"irrégularités massives". Imamoglu était déjà arrivé en tête, avec 13.000 voix d'avance. L'opposition avait dénoncé un "putsch contre les urnes", présentant le nouveau scrutin comme une "bataille pour la démocratie". Cette fois, Binali Yildirim a promptement concédé sa défaite. "Je le félicite et je lui souhaite bonne chance. J'espère qu'il servira bien Istanbul", a-t-il déclaré en début de soirée. Cette victoire a provoqué des scènes de liesse rarement vues ces dernières années à Istanbul, ville frappée par des attentats et la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.
Concerts d'avertisseurs, groupes de jeunes agitant des drapeaux dans les rues, danses traditionnelles improvisées au milieu des voitures : la ville semblait partie pour une nuit d'ivresse. "Je n'ai pas été aussi heureuse depuis des années !", s'est ainsi exclamée une Turque.
"Son pari s'est retourné contre lui"
S'exprimant dans la soirée, Imamoglu a estimé que sa victoire marquait "un nouveau début pour la Turquie" et invité Erdogan "à travailler en harmonie" pour "servir Istanbul". Le chef de l'Etat a félicité l'opposant au pouvoir, signalant qu'il acceptait le résultat. Pourtant il s'agit là d'un revers conséquent pour le Président turc, au pouvoir depuis 2014. "C'est une défaite colossale pour Yildirim, mais aussi pour Erdogan", estime Berk Esen, professeur associé à l'université Bilkent, à Ankara. "Son pari s'est retourné contre lui".
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Car bien plus qu'une élection municipale, le vote à Istanbul avait valeur de test pour la popularité de Erdogan et de son parti sur fond de graves difficultés économiques. En témoignent les propos que le président turc aime à répéter : "Qui remporte Istanbul remporte la Turquie."