PRISON - Près de 19 ans après son arrestation et son emprisonnement à Bali, Michaël Blanc va rentrer en France. Comme lui, plus de 1.200 Français sont détenus à l’étranger, souvent pour des affaires de trafic de drogue. Sept d’entre eux restent sous la menace d’une condamnation à mort.
Ils sont exactement 1.270 ressortissants français à croupir dans des prisons étrangères, selon les derniers chiffres du ministère des Affaires étrangères. Plus de 1.200 à connaître le même sort que connut Michaël Blanc durant de longues années en Indonésie. Arrêté à Bali en 1999 pour trafic de drogue, condamné à une lourde peine de prison, il va pouvoir rentrer en France prochainement, après des années de combat de sa mère notamment.
Avant lui, la France s’était émue du sort de Florence Cassez, condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de prison pour enlèvement alors qu’elle avait toujours clamé son innocence. Paris avait obtenu sa libération en janvier 2013 après sept ans de prison, la Cour suprême mexicaine jugeant que les conditions d’un procès équitable n’avaient pas été respectées. Gérard Debetz est lui toujours dans une prison indonésienne, condamné à la perpétuité. Ce Limougeaud a été arrêté en 2011 à l’aéroport de Jakarta après la découverte de 5,1 kg de métamphétamine dans ses valises dont il a toujours expliqué ne pas connaître l’origine. D’autres condamnés à perpétuité le sont pour des actes de terrorisme comme Zacarias Moussaoui (Etats-Unis) ou des liens avec Daech (Mélina Boughedir).
Selon le Quai d’Orsay, le chiffre serait "sous-évalué". Pour être décompté parmi les Français incarcérés à l’étranger, il faut avoir été recensé, signalé au consulat par un proche ou une autorité locale. Mais beaucoup de citoyens emprisonnés préfèrent ne pas se faire connaître. La majorité de ceux qui sont connus sont incarcérés dans l’Union européenne ou en Europe occidentale (46 %), en Afrique du Nord (15 %), en Asie-Océanie (11 %), en Amérique centrale et du Sud (7 %) et en Amérique du Nord (7 %). Et les motifs sont souvent les mêmes : "infractions aux législations sur les stupéfiants" (29 %, dont 60% des cas en Amérique latine et 50% en Afrique du Nord).
Des condamnations pour trafic de drogue bien souvent
Sur les 1.270 détenus français, sept ont été condamnés à la peine de mort, selon le Quai d’Orsay qui ne donne pas leurs noms. "Notre ministère agit pour permettre la commutation des peines de nos sept compatriotes", explique le ministère des Affaires étrangères qui a fait "une priorité diplomatique" d’éviter la première exécution d’un citoyen français depuis Jérôme Carrein en 1977. Et parmi eux :
Serge Atlaoui (Indonésie) : artisan soudeur, il a toujours clamé son innocence depuis son arrestation en 2005. Le Messin, qui disait s’être rendu en Indonésie pour effectuer un travail non déclaré, se trouvait alors dans un laboratoire clandestin de production d’ecstasy près de Jakarta. Lieu qu’il pensait être une usine d’acrylique dans laquelle il montait des machines. Il est accusé de possession de 138 kg de méthamphétamine, 290 kg de kétamine et 316 cylindres de substances appelées précurseurs de drogues. En 2007, il est d’abord condamné à la perpétuité avant de voir sa peine alourdie en appel. Son dernier recours a été rejeté par la Cour suprême en avril 2015. Il remet désormais son destin entre les mains du président indonésien Joko Widodo qui pourrait décider d’un moratoire sur les exécutions en Indonésie.
Michael Legrand (Etats-Unis) : c’est un cas à part. Né en Louisiane aux Etats-Unis de parents américains, il dispose de la nationalité française depuis son adoption en 2013 par un oncle français par alliance qui s’était un temps occupé de lui. Une décision prise alors qu’il n’a jamais mis les pieds dans l’Hexagone. C’est sur les conseils de son avocat qu’il en a fait la demande afin d’éviter une possible peine capitale pour le meurtre d’un de ses amis cubains qu’il a poignardé à 40 reprises pour le vol de ses 600 CD en 1999. Agé de près de 45 ans, il bénéficie désormais de l’aide du consulat de France qui peut saisir la Cour internationale de justice.
Le Franco-Algérien Stéphane Aït-Idir et le Franco-Marocain Redouane Hammadi ont été condamnés à mort en 1995 pour l’attaque d’un hôtel de Marrakech qui avait causé la mort de deux touristes espagnol en août 1994. Ils sont toujours incarcérés car le Maroc applique un moratoire sur la peine de mort depuis 1993. Les deux hommes multiplient les grèves de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention et obtenir leur transfert vers la France.
Une incertitude demeure sur le cas de Chan Thao Phoumy, Franco-laotien condamné à mort en 2010 en Chine pour production et trafic de drogue entre 1999 et 2003. On ne sait pas s’il a été exécuté ou non.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info