Irlande du Nord : vers une victoire des nationalistes du Sinn Fein

par Lena ADAMI
Publié le 7 mai 2022 à 19h03
A gauche,  Michelle O'Neill, leader du Sinn Fein en Irlande du Nord depuis 2017, aux cotés de la dirigeante du parti, Mary Lou MacDonald à l'annonce des résultats.
A gauche, Michelle O'Neill, leader du Sinn Fein en Irlande du Nord depuis 2017, aux cotés de la dirigeante du parti, Mary Lou MacDonald à l'annonce des résultats. - Source : Paul Faith/AFP

Les nationalistes du Sinn Fein étaient en bonne position pour remporter les élections parlementaires locale face aux unionistes du DUP, samedi.
Une première en 100 ans d'histoire.
La province britannique entre dans "une nouvelle ère", clame la vice-présidente du parti.

L'Irlande du Nord s'apprête à vivre un tournant historique. Pour la première fois dans l'histoire de cette nation intégrée au Royaume-Uni, le Sinn Fein, un parti favorable à la réunification de l'Irlande, était sur le point de remporter les élections parlementaires locales, selon des résultats partiels. Une révolution pour la province britannique, dominée depuis sa création en 1921 par les protestants, majoritairement unionistes et fidèles au lien avec Londres.

Sur les 90 députés désignés pour siéger à l'assemblée de Stormont, le Parlement nord-irlandais, les nationalistes du Sinn Fein s'apprêtent à recueillir une majorité, talonnés par le parti unioniste (DUP). 

À l'exception des sujets régaliens restant du domaine de Westminster, les députés ont notamment la responsabilité de la santé, de la justice, et de l'éducation sur le territoire nord-irlandais.

"C'est aujourd'hui un moment très important de changement", "une nouvelle ère" a d'ores et déjà salué la dirigeante du parti en Irlande du Nord, Michelle O'Neill, depuis son centre de dépouillement. "J'offrirai un leadership qui est inclusif, qui célèbre la diversité, qui garantit les droits et l'égalité pour ceux qui ont été exclus, discriminés ou ignorés dans le passé", a-t-elle promis.

Grâce à cette victoire, Michelle O'Neill succèderait ainsi à Arlene Foster (DUP) et deviendrait la nouvelle Première ministre nord-irlandaise, autrement dit la cheffe du gouvernement local. Jeffrey Donaldson, le chef du DUP, devrait quant à lui se contenter du poste de Premier ministre adjoint (préalablement occupé par Michelle O'Neill) en vertu d’un système de partage des pouvoirs hérité du traité de paix du Vendredi saint (1998) obligeant unionistes et nationalistes à gouverner ensemble.

Une coalition qui s'annonce difficile

Toutefois, les pourparlers pour la formation d'un gouvernement s'annoncent difficiles et le risque de paralysie plane, les unionistes refusant de rejoindre un gouvernement tant que resteront en place les contrôles douaniers post-Brexit, qui menacent selon eux l'intégrité du Royaume-Uni. Selon Jeffrey Donaldson, un tel protocole porte "atteinte à l'économie" de la province et à sa "stabilité politique".

De son côté, Michelle O'Neill a appelé à un "débat sain" sur l'avenir de l'Irlande du Nord, estimant que le nouvel exécutif devait s'attaquer en priorité à l'envolée du coût de la vie, après une campagne durant laquelle elle a insisté sur les questions sociales et sociétales plutôt que constitutionnelles. 

Boris Johnson affaibli

D'autres élections locales se sont tenues jeudi ailleurs au Royaume-Uni. Des résultats difficiles pour le parti conservateur du Premier ministre, Boris Johnson, qui a perdu des centaines de sièges et une dizaine de conseils au profit des travaillistes et des libéraux-démocrates, miné par le partygate et l'inflation.

Bien que déterminé à rester au pouvoir, le dirigeant britannique est fragilisé par ces mauvais résultats et des députés de son camp, inquiets pour les législatives de 2024, commencent à s'interroger sur l'opportunité de continuer à le soutenir. Mardi, il s'exprimera lors du traditionnel discours du trône où le gouvernement dévoilera ses priorités au Parlement.


Lena ADAMI

Tout
TF1 Info