Royaume-Uni : un ex-espion russe retrouvé inconscient sur un banc, probablement empoisonné

Publié le 6 mars 2018 à 9h15, mis à jour le 15 mars 2018 à 15h56
Cette vidéo n'est plus disponible

Source : Sujet JT LCI

ESPIONNAGE - Un ex-espion russe au service du renseignement britannique, arrêté en Russie puis libéré lors d'un échange en 2010, aurait été mystérieusement empoisonné, ont rapporté lundi les médias britanniques.

Un scenario digne d'un film d'espionnage. Un homme a été hospitalisé dimanche à Salisbury (sud de l'Angleterre), après avoir été exposé à une substance chimique. Son identité laisse à supposer qu'il ne s'agit pas d'un hasard, puisqu'il s'agit d'un ancien espion russe ayant travaillé pour le Royaume-Uni.

Selon la BBC, l'homme hospitalisé est Sergueï Skripa. Il aurait été intoxiqué au fentanyl, un puissant opiacé, selon le quotidien The Guardian. Un homme a été hospitalisé "dans un état critique", a indiqué pour sa part la police du Wiltshire, sans donner d'identité, de même qu'une femme d'une trentaine d'années qui se trouvait avec lui. Le couple a été retrouvé inconscient sur un banc, dans un centre commercial de Salisbury, une ville du sud de l'Angleterre.

Talks with a Spy : un ancien espion décide de livrer les secrets du monde du renseignementSource : La matinale
Cette vidéo n'est plus disponible

Dans l'immédiat, les autorités tentent de trouver l'origine d'un éventuel empoisonnement et s'il y a un risque sanitaire pour le public. Lundi, l'hôpital de Salisbury a conseillé au public de ne pas se rendre aux urgences de l'établissement "sauf cas d'urgence absolue". Une porte-parole des autorités sanitaires s'est toutefois voulu rassurant, affirmant qu'il n'y "avait apparemment pas de risque immédiat pour la santé du public". "Dans des situations comme celles-ci, nous experts scientifiques et les médecins collaborent" avec les services spécialisés pour, si besoin, informer la population, a-t-elle ajouté. Mais la police du Wiltshire a ensuite conseillé au public d'appeler les services d'urgence "si votre état de santé ou celui de quelqu'un d'autre se détériore rapidement".

Fournir au MI6 les noms des agents russes présents sur le territoire britannique

Sergueï Skripa n'est pas un inconnu des autorités anglaises. Il s'agit d'un ex-colonel du renseignement militaire russe. Accusé d'espionnage au profit du Royaume-Uni, il avait été condamné à 13 ans de prison en Russie en 2006, avant de retrouver la liberté en Angleterre grâce à un échange de prisonniers opéré en 2010 entre Moscou d'une part, Londres et Washington d'autre part. Selon la BBC, Sergueï Skripal avait été payé 100.000 dollars pour fournir au MI6, le renseignement britannique, les noms des agents russes présents sur le territoire britannique. Sergueï Skripal, avec trois autres agents russes, avait fait l'objet d'un échange en 2010 contre dix agents du Kremlin expulsés par Washington.

Cet empoisonnement supposé n'est pas sans rappeler d'autres cas similaires qui, par le passé, se sont déroulés au Royaume-Uni. Par exemple avec Alexandre Litvinenko : cet ancien agent du KGB avait fui la Russie pour Londres avec sa famille en octobre 2000. Alors qu'il enquêtait sur d'éventuels liens entre le Kremlin et des réseaux mafieux et qu'il collaborait également avec les services secrets britanniques, Litvinenko est mort en novembre 2006, empoisonné au polonium-210, une substance radioactive. Deux Russes – dont la culpabilité sera établie en 2017 - avaient pris un thé avec lui dans le centre de Londres, le 1er novembre 2006. Le soir même, l'ex-agent s'est senti mal, avant de mourir le 23 novembre après trois semaines d'agonie.

Une autre affaire de meurtre survenue à Londres sur fond de Guerre froide n'a, elle, jamais été résolue. Le 7 septembre 1978, l'écrivain dissident bulgare Guéorgui Markov avait été piqué par le parapluie qu'avait laissé tomber un homme alors qu'il remontait le Waterloo Bridge. Pris d'une forte fièvre le soir même, Guéorgui Markov était décédé quatre jours plus tard à l'hôpital sans avoir été interrogé par la police. Lors de l'autopsie, une capsule pleine d'un poison fort, le ricine, avait été découverte dans la jambe de la victime.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info