Fuites sur les gazoducs Nord Stream : soupçons de sabotage, vastes bouillonnements en mer Baltique

A. Lo. avec AFP
Publié le 27 septembre 2022 à 11h00, mis à jour le 27 septembre 2022 à 16h42

Source : JT 20h WE

Les autorités danoises et suédoises ont indiqué que deux fuites de gaz avaient été repérées sur le tracé de Nord Stream 1, en mer Baltique.
Deux explosions sous-marines ont été enregistrées à proximité des sites.

De l'eau dans le gaz en Europe du Nord. Les autorités danoises et suédoises ont indiqué que deux fuites de gaz inexpliquées avaient été repérées sur le tracé du gazoduc Nord Stream 1, reliant la Russie à l'Allemagne, en mer Baltique. Cette annonce intervient au lendemain d'une alerte similaire dans le gazoduc parallèle Nord Stream 2. Ce mardi, la piste d'un accident est écartée au profit d'une attaque : deux explosions sous-marines "très probablement dûes à des détonations" ont été enregistrées à proximité des sites, a annoncé mardi un institut sismique suédois.

Une première "émission massive d'énergie" d'une magnitude de 1,9 a été enregistrée dans la nuit de dimanche à lundi à 02H03 locales (00H03 GMT) au sud-est de l'île danoise de Bornholm puis une autre de magnitude 2,3 à 19H04 (17H04 GMT) lundi soir au nord-est de l'île, a expliqué à l'AFP Peter Schmidt, du Réseau national sismique suédois. "Nous l'interprétons comme provenant avec la plus grande probabilité d'une forme de détonation", a-t-il dit.

L'armée danoise a, elle, diffusé des images impressionnantes de la zone, théâtre de vastes bouillonnements. "Le plus grand (bouillonnement) agite la surface sur un bon kilomètre de diamètre. Le plus petit fait un cercle d'environ 200 mètres" de diamètre, explique l'armée danoise dans un communiqué au sujet de ces fuites situées au large de l'île danoise de Bornholm. La Première ministre danoise, tout comme le porte-parole du Kremlin, ont déclaré ne pas "exclure" la piste du sabotage. 

Pour Kiev, l'origine de cette attaque ne fait guère de doute. "La fuite de gaz à grande échelle de Nord Stream 1 n'est rien de plus qu'une attaque terroriste planifiée par la Russie et un acte d'agression contre l'Union européenne", a affirmé sur Twitter le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak. A Washington, l'heure est à la prudence : "Nos partenaires européens mènent l'enquête. Nous sommes prêts à soutenir leurs efforts", a seulement déclaré mardi un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Plus opérationnels, mais encore remplis de gaz

"C'est inhabituel d'avoir trois fuites à distance les unes des autres. Par conséquent, il est difficile d'imaginer que c'est accidentel", a ainsi déclaré Mette Frederiksen aux médias danois en marge d'un déplacement en Pologne. De son côté, le Kremlin par l'intermédiaire de son porte-parole, Dmitri Perkov, s'est dit "extrêmement préoccupé" par ces fuites, estimant qu'il ne fallait exclure "aucune" hypothèse, y compris celle d'un sabotage. "Il est évident qu'il y a une sorte de panne (...), mais il est impossible d'exclure quoi que ce soit avant que les résultats ne soient disponibles", a poursuivi Dmitri Peskov, soulignant que le fonctionnement de Nord Stream 1 était une question de "sécurité énergétique du continent (européen) tout entier".

Tout comme la fuite constatée la veille sur Nord Stream 2, des mesures de sécurité ont été prises. La navigation dans un rayon de cinq milles nautiques (environ 9 kilomètres), ainsi que leur survol dans un rayon d'un kilomètre sont interdits. "Les incidents sur les deux pipelines n'ont aucune incidence sur l'approvisionnement du Danemark", a cependant précisé Dan Jørgensen.  

Selon la Suède et le Danemark, l'une des fuites de Nord Stream 1 se serait produite dans la zone économique exclusive du Danemark, et l'autre dans celle de la Suède. Objets de bras de fer géopolitiques au cœur de la guerre russe en Ukraine, les deux gazoducs exploités par un consortium dépendant du géant russe Gazprom ne sont pas opérationnels. Les livraisons par Nord Stream 1, gazoduc qui alimente l'Allemagne et d'autres pays européens, sont suspendues, officiellement pour des raisons techniques. Nord Stream 2 n'a quant à lui jamais livré de gaz, faute de permis. Tous deux sont néanmoins encore remplis d'hydrocarbure.


A. Lo. avec AFP

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