Mali : Emmanuel Macron refuse le retrait "sans délai" exigé par la junte

Publié le 18 février 2022 à 16h32

Source : TF1 Info

La junte malienne a accusé, vendredi, la France de "violation flagrante" de leurs accords, après l'annonce, jeudi, du retrait de ses troupes déployées dans le pays.
Le Mali demande au gouvernement français de "retirer sans délai" ses soldats.
Une exigence rejetée par Emmanuel Macron.

Malgré l'annonce, jeudi, d'un retrait échelonné sur les prochains mois des forces françaises au Mali, les tensions restent vives entre le gouvernement du pays et la France. La junte au pouvoir à Bamako a demandé, vendredi 18 février, à Emmanuel Macron de "retirer sans délai" les soldats français, une demande à laquelle le président a opposé une fin de non-recevoir.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement installé par les militaires, le colonel Abdoulaye Maïga, a qualifié l'annonce du désengagement français de "violation flagrante" des accords entre les deux pays. "Au regard de ces manquements répétés (aux) accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes", a exigé le colonel Maïga.

"Le gouvernement rappelle que, par rapport aux résultats attendus, les résultats obtenus et annoncés officiellement par les autorités françaises n'ont pas été satisfaisants", qu'il s'agisse de l'opération Serval en 2013 ou de Barkhane, qui lui a succédé, poursuit le communiqué lu vendredi midi.

Emmanuel Macron refuse de "transiger" sur la sécurité des soldats

Le président français, Emmanuel Macron, a rejeté de son côté la demande et a mis en garde contre toute atteinte à leur sécurité. "Nous avons annoncé la réarticulation du dispositif et il s'appliquera en bon ordre afin d'assurer la sécurité de la mission des Nations unies et de toutes les forces déployées au Mali. Je ne transigerai pas une seconde sur leur sécurité", a averti le chef de l'État lors d'une conférence de presse à l'issue du 6e sommet entre l'UE et l'Union africaine à Bruxelles. Le dispositif français va se repositionner au Niger, a-t-il précisé.

La demande de retrait immédiat de la part des colonels arrivés au pouvoir par la force en août 2020 est un nouveau défi à l'ancien partenaire français, après des mois d'escalade des tensions. Quelque 2400 militaires français sont déployés au Mali, sur un total de 4600 au Sahel. Le désengagement de ces hommes, le démantèlement de leurs bases, ainsi que l'évacuation des matériels, dont des centaines de véhicules blindés, représentait déjà en soi un chantier colossal et dangereux.

Le président français avait indiqué jeudi que la fermeture des trois bases de Gao, Ménaka et Gossi, s'étalerait sur quatre à six mois. La junte n'a cessé de compliquer les opérations de la France, mais aussi de ses partenaires et des forces étrangères au Mali depuis des semaines, poussant vers la sortie le contingent danois du groupement de forces spéciales européennes Takuba, initié par la France, ou bien instaurant des demandes d'autorisation préalables de vol, au nom de la souveraineté nationale. 

La France et ses partenaires européens invoquent, de leur côté, de "multiples obstructions des autorités" maliennes. Paris et ses partenaires souhaitent toutefois "rester engagés dans la région" sahélienne et "étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest", où les djihadistes menacent de se disséminer, selon une déclaration conjointe signée par 25 pays européens, africains et le Canada.


La rédaction de TF1info (avec AFP)

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