Face aux menaces d'invasion russe en Ukraine, l'Union européenne dispose d'un nombre limité de leviers pour agir.Côté européen, il est souvent évoqué la possibilité de sanctions économiques à l'encontre de Moscou.Si la Russie dépend assez largement de l'UE pour ses importations et exportations, l'inverse est tout aussi vrai et rend donc risquées de telles mesures.
Que faire pour dissuader ou sanctionner la Russie en cas de guerre en Ukraine ? Cette question se pose en Europe, l'UE ne disposant pas d'une myriade d'options pour tenter d'infléchir la politique de Vladimir Poutine. Si la possibilité de mettre en place des sanctions économiques est évoquée et semble envisageable, celles-ci ne seraient pas indolores pour les deux camps. Dans des domaines bien distincts, on observe en effet une forme d'interdépendance entre Europe et Russie.
Les hydrocarbures, principales richesses russes
Des sanctions économiques peuvent se révéler de diverses natures. Une réduction des importations en provenance du pays visé, qui réduit de fait ses recettes et les débouchés de ses produits, ou bien un coup de frein aux exportations vers le pays visé, le privant de bien et denrées qui lui seraient précieux. Dans la situation actuelle, avant d'envisager de telles mesures à l'encontre de la Russie, il convient de s'interroger sur les forces et les faiblesses de l'UE par rapport à son belliqueux partenaire.
Créé par une branche du prestigieux MIT, l'Observatoire de la complexité économique (OEC) a mis au point un site Internet permettant de visualiser les données du commerce mondial, se basant sur les chiffres fournis par les États aux divisions économiques des Nations unies. Est ainsi représentée de manière synthétique la part des différents produits dans les exportations et importations russes, ainsi que les pays avec lesquels le pays commerce le plus.
"Les exportations russes sont principalement constituées d’hydrocarbures et de produits pétroliers raffinés", résument les douanes françaises, soulignant que ces produits représentaient 62,1% du total des exportations en 2019. Cela correspond tout à fait aux éléments mis en avant par l'OEC, qui illustre la place centrale du gaz ou du pétrole dans l'économie russe. Un sous-sol riche qui permet également de soutenir le reste des exportations, puisque Moscou produit des minerais en grandes quantités. Les sommes générées par les ventes d'or et de platinium dépassent par exemple celles tirées de l'export de blé.
L'UE est-elle centrale pour les exportations russes ? En 2019, année de référence puisque n'étant pas affectée par la crise sanitaire, environ 40% des produits exportés l'étaient vers un membre de 27. La France n'est qu'un partenaire économique mineur pour la Russie (à peine plus de 1% de ses exportations), mais les Pays-Bas constituent un allié de poids. 10,3% des exportations russes se font vers ce pays, non loin de la Chine qui est son premier partenaire économique (14,3% des exportations).
L'Allemagne en position de force
En ce qui concerne les importations, la Russie dépend pour près de 45% de l'UE. Des partenaires européens qui lui permettent d'assurer une bonne partie de ses approvisionnements et parmi desquels l'Allemagne joue un rôle central. Berlin pèse en effet pour 12,6% des importations, derrière à nouveau la Chine (19,8%), mais devant l'Italie (3,7%), la Pologne (3,2%), les Pays-Bas (2,8%) ou la France (2,7%).
Les douanes notaient que les importations russes étaient "composées essentiellement de matériels de transport et d’équipements industriels (47,6%), de produits pharmaceutiques et chimiques (18,3%), de produits agroalimentaires (12,8%) et de produits métalliques (7,9%)". Ordinateurs, frigos, composants moteurs... L'ensemble des chiffres est accessible au grand public et permet de constater les domaines dans lesquels le pays compte sur l'extérieur pour subvenir à ses besoins.
La décomposition des importations russes pour chaque pays révèle que Moscou compte sur la France avant tout pour les médicaments, les produits de beauté, mais aussi les turbines à gaz ou les pesticides. Sans oublier les pièces automobiles et les aéronefs, avions et hélicoptères représentant près de 10% des volumes d'échanges français vers la Russie. L'Allemagne, pour sa part, se distingue avec une place importante de l'automobile dans ses exportations vers la Russie. Notons tout de même qu'avec 238 milliards de dollars d'importations et 407 milliards d'exportations en 2019, le pays est l'un de ceux qui présente à l'échelle mondiale l'une des balances commerciales les plus excédentaires.
D'un point de vue global, si la Russie reste très liée à l'UE pour ses importations et ses exportations, elle dispose surtout d'un moyen de pression majoritaire : ses hydrocarbures. La spécialisation de son économie, très largement tournée vers ce domaine à l'international, constitue un levier central dans des négociations. En témoignent les chiffres de la dépendance au gaz russe chez divers pays européens. 49% du gaz transitant vers l'Allemagne provient de Russie, un chiffre encore plus élevé qu'en Italie (46%). En France, le gaz russe représente près d'un quart (24%) de celui importé depuis l'étranger.
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