DROIT A L'IMAGE - Après avoir participé à une séance photos dans son université en Afrique du Sud, une jeune femme a découvert avec surprise que son visage apparaissait dans plus de 50 publicités dans le monde entier. Et ce, sans jamais avoir touché un seul centime pour cela.
Quand elle n'accueille pas les migrants au Canada et en Uruguay, Shubnum Khan vend des tapis à New York, mène des randonnées au Cambodge ou cherche l'amour en France. Enfin pas elle exactement, mais... son image. Cette jeune femme sud-africaine de 33 ans a en effet eu la désagréable surprise de découvrir que son visage apparaissait dans plus d'une cinquantaine de publicités à travers le monde.
Le seul hic ? Elle n'a jamais donné explicitement son accord pour cela. Et par voie de conséquence n'a jamais reçu un seul centime pour l'utilisation de sa photo à des fins commerciales. Pour dénoncer cette mésaventure, elle a décidé de raconter son histoire sur Twitter. Avec plusieurs milliers de vues à la clé.
So today I'm going to tell you the story of How I Ended Up with my Face On a McDonald's Advert in China - A Cautionary Tale. Six or so years ago, a friend in Canada posted a pic on my FB wall to say she found an advert of me promoting immigration in a Canadian newspaper. pic.twitter.com/QJ0nWpYNmQ — Shubnum Khan (@ShubnumKhan) 28 juillet 2018
I've also looked for love online on a French dating website. This roughly translates to: 'I’m here, do not click too hard I’m fragile. Here I am looking prince charming of my dreams, who comes on his white horse to steal my heart...' pic.twitter.com/Qod17B3LSf — Shubnum Khan (@ShubnumKhan) 28 juillet 2018
Again, the face of positive immigration in Uruguay. (TBH I don't really mind the ads promoting immigration). pic.twitter.com/6JGr1cArhX — Shubnum Khan (@ShubnumKhan) 28 juillet 2018
Comme elle l'explique à la BBC, tout commence en 2012, lorsqu'une de ses amies poste sur son mur Facebook une photo tirée d'une publicité sur l'immigration. La jeune femme n'en croît pas ses yeux, car c'est d'elle qu'il s'agit : "J’étais choquée et… déboussolée. Je ne comprenais pas pourquoi mon visage était dans un journal à l’autre bout du monde".
C'est alors qu'un ami lui rappelle que deux ans plus tôt, ils avaient participé ensemble à une séance photos à l'université de Durban en Afrique du Sud pour le projet d'un photographe appelé "100 faces shoot" (la tournée des 100 visages, ndlr). "Je pensais qu'il s'agissait de photos pour son portfolio, un projet artistique", confie-t-elle à la BBC en reconnaissant avoir été naïve : "Nous n’avons pas lu les petits caractères. Je sais. J’ai été stupide".
Très vite, elle décide de contacter le photographe qui lui répond qu’il est trop tard. "Nous avions signé pour des photos qui étaient maintenant stockées dans une banque d’images en ligne", raconte-t-elle. Sans le savoir, la jeune femme avait cédé ses droits à l'image.
C'est un visage célèbre sans que personne ne me connaisse vraiment
Shubnum Khan
Shubnum est d'abord amusée de découvrir autant de versions d'elle. "C'est un visage célèbre sans que personne ne me connaisse vraiment", dit-elle à la BBC. Elle déchante rapidement lorsqu'elle s’aperçoit que de faux témoignages sont rajoutés avec des prénoms différents. Elle devient ainsi tour à tour "une jeune baby-sitter qui prendra soin de vos enfants, un professeur de soutien ou une jeune femme cherchant 'un prince charmant sur un beau cheval blanc'".
Also, I love my ethnicity varies according to whim. I'm Seng Bonny leading Cambodian tours, Phoebe Lopez from San Francisco, Kelsi from San Francisco, Chandra from California, Christine from LaTrobe Uni, Dina M etc. pic.twitter.com/p105obTnLH — Shubnum Khan (@ShubnumKhan) 28 juillet 2018
"C'était tellement malhonnête, je ne pensais pas que l'on pouvait utiliser des photos d'une banque d'images pour accompagner de faux témoignages et de faux noms." Le pire, c'est quand elle découvre sous le pseudonyme de Diane M. qu'elle aurait eu soi-disant "d'horribles tâches après sa grossesse" - photo retouchée à l'appui -, tout ça pour promouvoir une crème dermatologique !
And then suddenly all this facial work has you getting attention and you're Dina M, with a baby and post pregnancy melasma until Dermolyte comes to the rescue and gives you photoshopped finished skin. pic.twitter.com/uC0BXZfiwU — Shubnum Khan (@ShubnumKhan) 28 juillet 2018
N'en tenant plus, elle recontacte à nouveau le photographe lui demandant de retirer sa photo de cette banque d'images. "Je pensais qu'il allait dire non", se souvient-elle. "Mais il a fini par accepter de l'enlever de son site lorsque je me suis plainte qu'en tant qu'auteur, je pourrais être reconnu."
Une petite consolation car Shubnum continue de retrouver son visage sur les publicités qui avaient déjà acheté son image. Pas autant qu'avant, certes, mais la dernière fois qu'elle s'est vue sur une publicité, c'était il y a quelques mois, pour vendre des villas. Pour autant, la jeune femme ne blâme pas le photographe et n'envisage pas d'action en justice. Sa seule fierté : depuis que son histoire est devenue virale sur Twitter, de nombreuses personnes l'ont contactée pour lui dire que son récit les avait inspirés. "Ne vous inscrivez pas pour des séances photo gratuites, lisez ce que vous signez et ne croyez pas la plupart des choses que vous lisez sur internet", a-t-elle simplement conseillé.
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