Espagne : le ministre de l'Intérieur victime du logiciel Pegasus, la cheffe du renseignement congédiée

Y.R.
Publié le 10 mai 2022 à 15h09

Source : JT 20h Semaine

Le scandale Pegasus n'en finit plus d'éclabousser les têtes de l'exécutif espagnol.
Après le Premier ministre et la ministre de la Défense, le ministre de l'Intérieur a aussi été mis sur écoute.
Paz Esteban, première femme à la tête des services de renseignement, a été congédiée mardi 10 mai.

Où s'arrêtera le scandale Pegasus en Espagne ? Le 2 mai, Madrid a révélé que les téléphones portables du Premier ministre, Pedro Sanchez, et de sa ministre de la Défense, Margarita Robles, ont été "aspirés" en 2021 par le logiciel d'espionnage israélien. Selon les révélations du quotidien El Pais, les pirates ont extrait "une énorme quantité d'informations". Le ministre de la Présidence, Félix Bolanos, a dénoncé "des faits d'une énorme gravité", soulignant que le gouvernement espagnol avait "la certitude absolue" qu'il s'agisse d'une "attaque externe", sans toutefois dire si elle émanait d'un pays étranger. 

Ces écoutes illégales ne seraient que le sommet de l'iceberg. Après analyse des téléphones de tous les ministres, l'exécutif ibérique a annoncé, mardi 10 mai, qu'une autre de ses têtes a été espionné l'an dernier. Il s'agit du ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. Rien n'a filtré, en revanche, sur le caractère sensible ou non des données "aspirées".

Qui est derrière ces affaires d'espionnage, qui ébranlent la démocratie espagnole ? Un pays est toute en haut sur la liste des suspects. Carle Maroc a bien acheté le logiciel créé par la société israélienne NSO, Paris ayant confirmé, en juillet 2021, une tentative d'intrusion sur le téléphone d'Emmanuel Macron venue de Rabat. Questionné par la presse sur cette éventuelle implication marocaine, le gouvernement espagnol a toutefois affirmé ne pas savoir qui pouvait en être à l'origine.

La patronne des services secrets renvoyée

En attendant de faire toute la lumière sur cette affaire qui a déclenché une grave crise entre le gouvernement minoritaire et les indépendantistes catalans, dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020, l'exécutif ibérique a tranché dans le vif. Coupable désignée de ce scandale d'espionnage, la patronne des services de renseignement espagnols, Paz Esteban, a été destituée, mardi. "Le gouvernement a décidé aujourd'hui de procéder à un changement à la direction du CNI", le Centre national du renseignement, a annoncé la ministre de la Défense, Margarita Robles, ministre de tutelle des services de renseignement.

Première femme nommée, en 2020, à la tête des renseignements, Paz Esteban, âgée de 64 ans et qui travaillait depuis près de 40 ans au CNI, va être remplacée par Esperanza Casteleiro Llamazares, numéro deux de Margarita Robles à la Défense.

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Ce n'est pas la première fois que les services secrets espagnols se trouvent au centre d'un scandale d'écoutes illégales. En 1995, le scandale du Centre supérieur d'information de la Défense (Cesid) avait coûté leurs postes à leur chef, Emilio Alonso Manglano, au vice-président du gouvernement socialiste de l'époque, Narcis Serra, et au ministre de la Défense, Julian Garcia Vargas. Entre 1984 et 1994, le "contre-espionnage" militaire espagnol aurait enregistré des conversations téléphoniques de personnalités de toutes sortes, chefs d'entreprise, hommes politiques, ministres, journalistes, ainsi que le roi Juan Carlos.


Y.R.

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