Séisme à Haïti : pourquoi la terre tremble très souvent dans ce pays

CQ
Publié le 14 août 2021 à 22h48, mis à jour le 15 août 2021 à 16h56

Source : TF1 Info

CATASTROPHE - L’île des Caraïbes, touché par un tremblement de terre ce samedi, présente un risque sismique élevé du fait de sa localisation. Dix séismes d’une magnitude égale ou supérieure à 7 ont été recensés par les scientifiques au 21e siècle.

Un mois après l’assassinat de leur président Jovenel Moïse, à son domicile dans la nuit du 7 juillet, les Haïtiens vivent un nouveau drame. Ce samedi 14 août à 8h30 heure locale, un puissant séisme d’une magnitude de 7,2 a secoué tout le pays. Avec un épicentre localisé dans le département de Nippes, au sud-ouest de l’île, le tremblement de terre a directement touché les villes des Cayes et de Jérémie, moins peuplées que la capitale, Port-au-Prince. Plus de 700 personnes sont mortes dans la secousse, qui a été suivie de plusieurs répliques, selon un bilan provisoire de la direction de la protection civile. 

Une catastrophe naturelle qui en rappelle une autre, survenue onze ans plus tôt et considérée comme la plus meurtrière de l’histoire du pays. Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 faisait trembler la terre à 25 km de Port-au-Prince, tuant plus de 230.000 personnes et détruisant près de 1,5 million d’habitations. Un second séisme de magnitude 6,1 s’était déclenché sept jours plus tard, à 59 km de la capitale. Suite à cela, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avait pondu un rapport visant à comprendre les circonstances du drame. Pourtant, celui-ci était prévisible. Deux ans plus tôt, des scientifiques avaient alerté de la présence de la faille d’Enriquillo, "susceptible de produire un séisme de magnitude 7.2 et la faille septentrionale un séisme de magnitude 7.5",  selon un rapport publié en 2010 dans la revue La Lettre du Collège de France.

C’est que, étant située en bordure de la plaque tectonique nord-américaine  et sur une ligne importante de quatre failles de la plaque des Caraïbes, l’île présente un risque sismique élevé. De plus, "la plaque Amérique du Nord se déplace vers l’ouest à 20 mm/an" et "la faille septentrionale au nord et la faille Enriquillo au sud, failles qui se partagent le mouvement décrochant, environ 10 mm/an sur chacune", augmentant ainsi la menace de séismes, soulignent les chercheurs du Collège de France.

Un séisme en moyenne tous les 50 ans

Les deux plus grandes villes du pays, Port-au-Prince et Cap Haïtien, se trouvent directement sur ces failles. Cap-Haïtien a d’ailleurs été complètement détruite par deux tremblements de terre survenus le 18 octobre 1751 et le 3 juin 1770. À Port-au-Prince, "une seule des maisons de maçonnerie ne fut pas renversée" par le séisme de 1751, a relaté l’historien Moreau de Saint-Méry dans son ouvrage Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’Île Saint Domingue, publié en 1797. "Les spécialistes ont identifié dix événements qui auraient atteint ou dépassé la magnitude 7 depuis le XVIe siècle, soit en moyenne un tous les 50 ans", rappelaient en 2010 les chercheurs Xavier Le Pichon, Claude Rangin, Tiphaine Zitter et Agnès Crespy, dans la revue La Lettre du Collège de France. 

Selon les chercheurs du Collège de France, les séismes se produisant en Haïti ont "une triple cause" : "la faille septentrionale au nord et nord-est de l’île, la faille Enriquillo au sud-ouest et les chaînes montagneuses dans la partie centrale". Et de conclure que "la sismicité historique, bien qu’assez mal localisée confirme qu’elle est liée à ces trois causes". Les sismologues ayant étudié la secousse de 2010 avaient rapidement anticipé le risque à venir de répliques toutes aussi importantes, sans pouvoir donner d’échéance à cette époque.


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