Séisme en Turquie et en Syrie : "après 72 heures, l'espoir décroît très vite", le contre-la-montre pour sauver des vies

Publié le 6 février 2023 à 19h11, mis à jour le 9 février 2023 à 8h43

Source : JT 20h Semaine

Un séisme suivi de répliques a frappé la Turquie et la Syrie ce lundi, causant plus de 3000 morts, selon un bilan encore provisoire.
Sur le terrain, les secours s'emploient pour tenter de sauver les survivants.
Les chances de survie des rescapés chutent rapidement et les premières heures sont décisives, après trois jours, les espoirs s'amenuisent, nous expliquent des spécialistes.

Le bilan s'aggrave heure après heure. Dans la nuit de dimanche à lundi, un séisme d'une magnitude de 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie et la Syrie voisine, ravageant des régions entières et faisant des milliers de victimes. Selon un bilan macabre, mis à jour ce jeudi matin, la catastrophe a fait plus de 16.000 morts. 

Sur le terrain, les secours sont à pied d'oeuvre pour sortir les victimes des débris. "Le séisme a eu lieu de nuit, avec potentiellement de nombreuses victimes qui dormaient dans les habitations", prévient le lieutenant-colonel Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), interrogé par TF1info. Et les premières heures sont cruciales : "Beaucoup de victimes peuvent être prisonnières des décombres. L'urgence est de les localiser."

Blessures, hémorragies... De faibles espoirs de survie après 24 heures

Certaines sont blessées. En l'absence de soins, chaque minute est comptée. "Pour les personnes polyfracturées et polytraumatisées, malheureusement, il est difficile d'espérer retrouver des survivants après maximum 24 heures", craint Matthieu Langlois, de la Société française de médecine de catastrophe (SFMC), auprès de TF1info. "Celles qui ont des membres écrasés peuvent avoir des hémorragies", précise Jean-Paul Bosland. "Dans leur cas, le chronomètre tourne vite."

En revanche, "la marge de survie" est plus importante pour les personnes ensevelies sous les débris, sans blessure. Plusieurs conditions doivent toutefois être remplies pour conserver des chances d'en sortir vivant. "Il faut que la personne n'ait pas de membre écrasé et ait accès à de l'eau pour s'hydrater", égrène le président de la FNSPF.

Car si les localiser est un premier obstacle - des chiens, des appareils électroniques, et des amplificateurs de sons sont notamment utilisés -, leur venir en aide sous les débris des immeubles se révèle parfois périlleux. "Accéder à la victime peut prendre du temps", souligne Matthieu Langlois. "Les secours peuvent créer des accès pour libérer de l'espace vital aux victimes et faire en sorte qu'elles respirent dans de meilleures conditions, avec moins de poussière. Cela leur permet d'être maintenues plus longtemps en vie."

"Après 72 heures, l'espoir décroît très vite"

Le temps avant d'être secouru se compte parfois en jours... voire en semaines. "Dans l'histoire du sauvetage-déblaiement, des personnes ont été sauvées après plusieurs jours de recherche", rappelle le médecin-réanimateur. En 1960, à Agadir (Maroc), un épicier coincé sous son comptoir avait ainsi pu s'en sortir après trois semaines, grâce à l'eau et à la nourriture dont il disposait. En 1985, une dizaine de nouveau-nés avaient également été sortis vivants des décombres d'une maternité, dont les derniers neuf jours après le tremblement de terre ayant frappé Mexico (Mexique).

Des miracles qui ne doivent pas entraver la réalité. "L'histoire montre qu'il faut toujours se battre", mais "à un moment, nous saurons que c'est trop tard", prévient Matthieu Langlois. "Il y a 48-72 heures avec beaucoup d'espoir. Après, cela décroît très vite." Encore plus si la situation n'est pas stabilisée. "Des répliques (du séisme) se poursuivent et continuent de déstabiliser les décombres", assure Jean-Paul Bosland. "Les effondrements secondaires représentent un danger pour les équipes de secours."

Pour l'heure, l'espoir de retrouver des survivants demeure. De nombreux pays, dont la France, envoient des hommes pour porter secours aux victimes et déblayer les débris. "En général, nous arrivons encore à retrouver des victimes sur une petite semaine", espère le président de la Fédération des Sapeurs-pompiers. "Mais après quatre ou cinq jours, cela deviendra plus compliqué."


Idèr NABILI

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