Séisme en Turquie et en Syrie : plus de 40.000 morts

Séisme en Turquie et en Syrie : après plus de 100 heures, quelles chances de survie pour les rescapés ?

Publié le 10 février 2023 à 14h17, mis à jour le 10 février 2023 à 14h45
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Depuis le dramatique séisme survenu lundi en Turquie et en Syrie, la presse internationale se fait l'écho de sauvetages miraculeux.
Mais l'espoir de trouver encore des survivants devient de plus en mince au 5e jour.
À ce stade, si l'on en croit les experts, le taux de survie ne dépasse pas "6%".

L’espoir de retrouver encore des survivants s’amenuise d’heure en heure, cinq jours après le violent séisme qui a tué plus de 22.000 personnes dans l'une des pires catastrophes survenues dans la région depuis un siècle. Les équipes de secouristes redoublent d'efforts en Turquie et en Syrie, de part et d'autre de la frontière, alors que la fenêtre cruciale des 72 premières heures (au cours de laquelle 90% des rescapés sont secourus) a été franchie et qu’un froid glacial réduit les chances de survie des éventuels survivants.

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Dans la ville turque de Gaziantep, les températures ont chuté jeudi à -5°C tôt dans la matinée. "Les gens peuvent mourir d'hypothermie", explique à l’AFP Ilan Kelman, chercheur en catastrophes naturelles à l'University College of London (UCL). Et sans eau, même les rescapés qui parviennent à survivre au froid et à leurs blessures vont "commencer à mourir au bout de trois, quatre ou cinq jours". Des efforts qui ne sont pas vains pour tant. En témoignent les nombreux récits de sauvetage miraculeux relayés par la presse internationale depuis 24 heures.

Ainsi, plus de 76 heures après la catastrophe, un père et ses deux fils, qui se trouvaient prisonnier sous les gravats d’un immeuble de huit étages, ont pu être secourus à Gaziantep. À Antakya, dans le sud de la Turquie, une adolescente de 16 ans a été délivrée après de 80 heures. Dans la province d'Hatay, une fillette de 10 ans a été secourue après 90 heures passées sous les décombres, tandis qu’à Kahramanmaras, dans l'est de la Turquie, deux sœurs, âgées de 13 et 15 ans, ont pu être sauvées, près de 100 heures après la première secousse

Dans cette course contre à la montre, où chaque minute gagnée est précieuse, les secouristes utilisent du matériel d’écoute et des capteurs thermiques, qui leur permettent de déterminer à quelques centimètres près où la victime pourrait se trouver. Interrogé par l'agence Associated Press, le chercheur britannique Steven Godby, expert en risques naturels, estime que le taux de survie ne dépasse pas "22% après 72 heures et  6% au cinquième jour", contre "74% au cours des premières vingt heures"

C’est déjà arrivé que des personnes survivent pendant près de quinze jours

Patrick Coulombel, spécialiste des situations d’urgence

Interrogé ce vendredi 10 février sur LCI sur les chances que quelqu'un puisse survivre même après quatre jours, l’architecte Patrick Coulombel, spécialiste des situations d’urgence, se dit plutôt pessimiste lui aussi. "En théorie, oui. Dans la pratique, il faut espérer, souligne cet expert. C’est déjà arrivé que des personnes survivent pendant près de quinze jours mais ils avaient accès à de l'eau, de la nourriture, et n'avaient pas trop froid", poursuit-il. Mais en Turquie et en Syrie, "les habitants ont été surpris dans leur sommeil, ils étaient donc peu vêtus, alors que le temps est glacial. C'est le scénario du pire. À ces températures-là, il ne faut pas rêver", selon ce spécialiste.

Séisme en Turquie et Syrie : 5 jours plus tard, quelles chances de survie pour les rescapés ?Source : TF1 Info

De plus, la couverture nuageuse liée à ces conditions climatiques empêche également les satellites de fournir des images de qualité. "On manque d'images satellites des destructions" mais aussi "d'informations" à cause des "infrastructures cassées", déplore cet expert. Selon lui, des équipes de secours sont présentes seulement "sur 10% des 6500 bâtiments écroulés" dont l'effondrement a été confirmé. "Cela veut dire quand même qu'il y a plus de 600 équipes sur le terrain, c'est colossal", souligne l'architecte. 

Et le spécialiste de résumer : à ce stade, les chances de survie ne sont pas nulles "s'il y a de l'eau et que les gens ne sont pas blessés", mais "dans une bonne semaine, il n'y aura plus de survivants", assure-t-il. Les prochaines heures seront donc cruciales.


Matthieu DELACHARLERY

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