La Casamance a honoré ce lundi la mémoire des près de 1.900 passagers du Joola.Il y a 20 ans jour pour jour, ce ferry avait sombré, devenant l'un des pires désastres maritimes civils de l'histoire.
Une cérémonie pour ne pas oublier. Une centaine de parents et d'officiels ont participé ce lundi à un temps de prière auprès d'une cinquantaine de tombes à la sortie de Ziguinchor, la capitale de la Casamance. C'est là, au sud du Sénégal, qu'était parti le ferry Le Joola le 26 septembre 2002 pour rallier Dakar. Son naufrage est depuis entré dans l'histoire, devenant l'un des pires naufrages maritimes.
Le bilan du drame continue d'hanter les familles des victimes : 1.863 morts et disparus selon un bilan officiel, plus de 2.000 selon les associations de victimes, de 12 nationalités différentes. Seules 65 personnes ont survécu. Parmi elles, Léandre Kindy Coly, un Sénégalais de 37 ans à l'époque, qui a raconté à l'AFP cette nuit d'horreur. Le vent s'est levé, puis la pluie a débuté. Le bateau a commencé à s'incliner. "Et tout a glissé. Les instruments, les musiciens, les gens. L'eau a commencé à rentrer, la lumière s'est éteinte. Il y avait des cris partout".
Combat contre l'oubli
Avarie des moteurs, mauvais temps ou surcharge... les causes précises de la catastrophe n'ont jamais été officiellement élucidées. Seule certitude : ce jour-là, le navire transportait officiellement 1.928 personnes alors que la capacité était limitée à 536 passagers. Comment expliquer un tel écart de chiffres ? En 2003, la justice sénégalaise a classé le dossier sans suite en concluant à la seule responsabilité du commandant de bord, disparu dans le naufrage.
Les espoirs de justice en France ont ensuite été douchés par un non-lieu définitif après des années de procédure. Malgré une enquête aboutie et l'existence de charges suffisantes contre sept responsables sénégalais, les juges ont constaté l'existence d'une "immunité de juridiction" qui leur permettait d'échapper à la compétence des tribunaux français. Deux décennies plus tard, les associations de victimes française et sénégalaises poursuivent leur combat contre l'oubli. Elles demandent le renflouement de l'épave, qui repose à une vingtaine de mètres de profondeur, avec de nombreux corps emprisonnés dans ses entrailles.
Autre souhait : l'érection d'un mémorial. A Ziguinchor, capitale de la Casamance d'où venait la plupart des victimes, le monument devait être prêt pour le 20ème anniversaire lundi, mais le chantier est loin d'être achevé. Les victimes françaises, elles, se battent depuis des années pour qu'une stèle soit érigée au cimetière du Père-Lachaise à Paris, un lieu de recueillement que les autorités leur refusent depuis des années.