Ligue arabe : le spectaculaire retour de Bachar al-Assad, ex-paria, sur la scène internationale

par F.R
Publié le 19 mai 2023 à 16h19, mis à jour le 19 mai 2023 à 17h22

Source : Sujet TF1 Info

Le président syrien a profité du séisme qui a ravagé une partie de la Turquie et de son pays pour renouer des relations avec les pays arabes.
Présent ce vendredi au sommet de la Ligue arabe pour la première fois depuis 2010, Bachar al-Assad espère que les riches pays du Golfe l'aident à reconstruire la Syrie, dévastée par un séisme en février dernier.

Le 6 février dernier, un puissant séisme de magnitude 7,8 a dévasté des pans entiers de la Turquie et de la Syrie, tuant plus de 50.000 personnes. Au milieu des décombres, un homme a su tirer parti du chaos : le président syrien, Bachar al-Assad. La tragédie a entraîné un élan de soutien des dirigeants arabes, et Bachar al-Assad a même obtenu la levée, pour six mois, des sanctions imposées par l'Union européenne et les États-Unis.  

Une première étape vers une normalisation des relations avec la Syrie, dont le point d'orgue est symbolisé par la présence, ce vendredi 19 mai, du président syrien au sommet de la Ligue arabe, à Jeddah, en Arabie Saoudite. La Ligue arabe avait exclu le régime syrien fin 2011 pour sa répression brutale d'un soulèvement populaire, qui a dégénéré en guerre dévastatrice, avant de le réintégrer le 7 mai dernier.

Rapprochement avec Riyad

Si des pays comme l'Algérie, l'Irak ou le Liban étaient restés alliés de la Syrie, d'autres ont renoué progressivement, comme la Jordanie ou les Émirats arabes unis, qui avaient rétabli leurs liens en 2018 et qui ont notamment été très actifs pour réintégrer Damas dans l'organisation. 

L'Arabie saoudite, qui a été le principal obstacle à la reprise des relations diplomatiques de Bachar al-Assad avec le reste du monde arabe, est même devenu, après le séisme du 6 février, l'un des partisans les plus zélés pour une réintégration de la Syrie parmi les pays arabes : le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, s'est rendu à Ryad et son homologue saoudien, Fayçal ben Farhane, a visité à son tour Damas. Les deux pays ont ensuite annoncé le retour de leurs représentations diplomatiques l'un chez l'autre, après 11 ans de rupture.

Séisme en Turquie et en Syrie : Bachar al-Assad auprès des victimes à AlepSource : TF1 Info

La Ligue arabe a récemment souligné la nécessité de jouer un "rôle de premier plan" afin de parvenir à un règlement en Syrie, où la guerre a fait environ un demi-million de morts, ainsi que des millions de réfugiés et déplacés. Et la Syrie mise, de son côté, sur une pleine normalisation avec les pays arabes, notamment les riches monarchies du Golfe, pour financer la coûteuse reconstruction du pays. 

Ce sommet intervient dans un contexte de détente régionale, marqué par le rapprochement ces derniers mois entre le royaume saoudien et son grand rival régional, l'Iran. Il devrait aussi se pencher sur les conflits au Soudan et au Yémen pour lesquels l'Arabie saoudite déploie des efforts diplomatiques afin de tenter de trouver une issue.

Nous sommes heureux d’accueillir le président Bachar al-Assad à ce sommet
Mohammed ben Salmane

Reste à savoir si la réintégration de Damas au sein de la Ligue arabe contribuera à faire avancer une résolution du conflit en Syrie, et permettra aux dirigeants arabes d'obtenir des concessions de Bachar al-Assad sur des questions comme le retour des réfugiés syriens. À l'ouverture de la réunion, Mohammed ben Salmane a ainsi assuré que les pays présents étaient "heureux d’accueillir le président Bachar al-Assad à ce sommet", espérant que la réintégration de la Syrie ramènera "la stabilité " dans le pays ravagé par la guerre.

"Le retour d'Assad au sein de la Ligue arabe est une mesure symbolique marquant le début du processus devant mettre fin à son isolement régional", a souligné, auprès de l'AFP, l'analyste Anna Jacobs du cercle de réflexion International Crisis Group. Il sera important d’observer "s'il sera accompagné d'une normalisation économique, en particulier de la part des États arabes du Golfe."

Des pays restent toutefois très réticents à se rapprocher de Damas, comme le Qatar, qui s'est vivement opposé au président Assad depuis le début de la guerre en Syrie. L'émir du Qatar, cheikh Tamin ben Hamad, est toutefois présent à la réunion. 

"Nous continuons à penser que nous ne normaliserons pas nos relations avec le régime d'Assad et nous ne soutenons pas nos alliés et partenaires qui le font", avait de son côté déclaré le porte-parole adjoint du département d'État américain, Vedant Patel.


F.R

Tout
TF1 Info