Le Premier ministre britannique Rishi Sunak est à Paris ce vendredi pour un sommet avec Emmanuel Macron.Une première depuis son arrivée à Downing Street.Immigration, Irlande du Nord... Rishi Sunak a enchainé les dossiers épineux depuis octobre dernier.
"Une nouvelle page". C'est ce que vont tenter d'écrire, selon l'Élysée, Emmanuel Macron et Rishi Sunak ce vendredi. Le Premier ministre britannique est de passage en France pour un sommet bilatéral, le premier depuis 2018 entre les deux pays. L'occasion pour le successeur de Liz Truss de soigner sa stature internationale, lui qui a croulé sous les dossiers depuis sa prise de pouvoir en octobre dernier. Des grèves au Brexit en passant par l'immigration illégale, Rishi Sunak a en effet eu fort à faire.
Des mouvements sociaux inédits sur fond d'inflation
Depuis des mois, le Royaume-Uni se débat avec une inflation-record et des mouvements sociaux. Au cœur des revendications ? Les salaires, l'inflation dépassant les 10% outre-Manche et poussant des plus en plus de Britanniques à se tourner vers les banques alimentaires. Inflexible, le gouvernement conservateur a longtemps refusé de s'impliquer dans les négociations, dénonçant des revendications selon lui irraisonnables. Résultat : du jamais-vu dans la rue. Cheminots, ambulanciers, infirmières, agents de la police aux frontières... Le Royaume-Uni a été secoué par des mouvements sans précédent depuis l'époque Thatcher dans les années 1980.
Un Brexit qui se passe moins bien que prévu
Trois ans après la signature du Brexit, l'heure est désormais au "Bregret" dans l'opinion. Selon un sondage Ipsos, 45% des Britanniques estiment que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) se passait moins bien que prévu - contre seulement 28% en juin 2021. Ils sont 9% à penser l'inverse. Rishi Sunak, pourtant Brexiter de la première heure, s'est contenté d'un communiqué pour souligner les "énormes progrès réalisés en exploitant les libertés offertes par le Brexit". Des libertés qui, pour l'heure, ne permettent pas au pays de sortir la tête de l'eau : selon les dernières prévisions du FMI, le Royaume-Uni va être en 2023 la seule économie majeure à subir une récession, avec une contraction de 0,6% de son économie. Même la Russie en guerre et sous sanctions est attendue en croissance.
Toujours des scandales au sommet du pouvoir
Rishi Sunak a promis "intégrité, professionnalisme et responsabilité" à son arrivée au pouvoir. Une volonté de se démarquer nettement de l'ère Boris Johnson et ses scandales à répétition. Les démêlés fiscaux de Nadhim Zahawi, président du parti conservateur avec un siège au conseil des ministres, ont malgré tout terni le début de son mandat. Voulant faire preuve de fermeté, Rishi Sunak l'a bien limogé mais l'affaire l'a aussi vu sa capacité de jugement questionnée, en raison de la nomination de deux ministres ensuite visés par des accusations de harcèlement moral - l'un a démissionné. S'y est ajouté le "seatbeltgate", qui a valu à Rishi Sunak une amende car il ne portait pas sa ceinture de sécurité dans une vidéo où il vantait avec entrain sa politique de rééquilibrage territorial.
Un contrôle de l'immigration sous le feu des critiques
Rishi Sunak a fait du contrôle de l'immigration une de ses priorités. Notamment à cause de la situation sur les côtes : l'an dernier, plus de 45.000 migrants sont arrivés par la Manche sur de petites embarcations, et plus de 3.000 depuis le début de l'année. Ces migrants, dont beaucoup demandent l'asile dans le pays, sont logés dans des hôtels aux frais de l'État, suscitant parfois des tensions localement, d'autant que le système d'asile peine à traiter cet afflux de demandes.
C'est pour reprendre la main sur ce dossier que Rishi Sunak a présenté le 7 mars un projet de loi, sur lequel il planche depuis son arrivée au gouvernement. Concrètement, il rend de fait inaccessible l'asile aux migrants arrivés illégalement, puisqu'il prévoit l'expulsion rapide des migrants arrivés sans autorisation. Il leur interdit de demander l'asile et, ultérieurement, de s'installer au Royaume-Uni ou de demander la nationalité britannique. Il facilite aussi la détention des migrants jusqu'à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr. Ce projet a soulevé une volée de bois vert de la part d'associations d'aide aux réfugiés, qui l'estiment contraire au droit international.
Enfin un accord pour l'Irlande du Nord
Après des mois de tensions, Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sont parvenus en février à amender le protocole nord-irlandais signé en 2020 dans le cadre du Brexit. Baptisé "cadre de Windsor", il entend notamment permettre des échanges commerciaux plus fluides, par comparaison avec l'ancien protocole nord-irlandais négocié en 2020 par Boris Johnson.
Ce protocole voulait éviter une frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix après des décennies de conflit, tout en protégeant le marché unique européen. Il posait toutefois des problèmes pratiques en imposant notamment des contrôles douaniers sur les produits arrivant en Irlande du Nord depuis la Grande-Bretagne. Avec le nouveau compromis, seules les marchandises vouées à être exportées en République d'Irlande, donc sur le marché unique européen, seront soumises à des contrôles. Selon les médias, Rishi Sunak a réalisé un tour de force en trouvant cet accord : dixit le Telegraph, il s'agit de la "meilleure journée" du Premier ministre depuis son arrivée à Downing Street.
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